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La mort d’Yvonne Baby, grande dame du « Monde » et de la culture

Prix Interallié pour son premier roman, en 1967, elle avait créé le service Culture du quotidien, en 1971, devenant la première femme à diriger un service du journal.

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Publié le 04 août 2022 à 11h59, modifié le 04 août 2022 à 23h55

Temps de Lecture 7 min.

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Yvonne Baby, en juillet 2004.

Quand il débarque au Monde, à 7 h 30 pétantes le 14 mars 1985, pour photographier une journée dans la vie du journal qu’il lit depuis toujours, Henri Cartier-Bresson a une question : « Yvonne est-elle là ? » Nous le menons dans le bureau du directeur, André Fontaine, qui va piloter la rituelle conférence de rédaction. Autour de lui, uniquement des hommes, une bonne dizaine, en costume-cravate. Et puis, une femme, une seule, Yvonne Baby, la cheffe du service Culture. Cartier-Bresson la capte au centre de son image. Elle magnétise une assemblée grise avec son visage d’une élégance folle, des cheveux d’argent retenus en chignon et la jupe courte au-dessus des genoux. Yvonne Baby, figure de notre journal, grande dame du journalisme culturel, passionnée de cinéma et de littérature, militante d’un art en majesté reléguant les paillettes à la marge, est morte dans son sommeil mercredi 3 août chez elle, à Paris. Elle avait 90 ans.

Yvonne Baby est au cœur de deux bouleversements dans l’histoire du Monde. En 1971, le nouveau directeur Jacques Fauvet, successeur du fondateur Hubert Beuve-Méry, décide de réunir les journalistes couvrant les arts et ceux couvrant les spectacles en un « service culturel », créé pour l’occasion et placé au même niveau d’importance que les services Etranger, Politique ou Economie. Pour diriger ce nouveau service, il choisit Yvonne Baby. Jamais une femme n’avait dirigé un service. C’est d’autant plus exemplaire qu’à cette époque, la rédaction du Monde n’est féminisée qu’à 11 %.

L’histoire de la nomination d’Yvonne Baby est racontée par Ariane Chemin, dans un article du Monde du 23 juillet 2014, intitulé « Le jour où… “Le Monde” nomme une femme chef de service ». Pour elle, ce fut double peine : les sarcasmes en interne contre un service culturel méprisé (est-ce vraiment du journalisme ?) croisent ceux visant Yvonne Baby (une femme peut-elle vraiment diriger un service ?).

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Yvonne Baby a deux enfants et, pour certains au Monde, c’est rédhibitoire : comment fera-t-elle pour arriver à 7 heures le matin au journal, demande son confrère Bertrand Poirot-Delpech ? Le fait qu’elle soit belle et surnommée dans Paris « les Plus Belles Jambes de Paris », aggrave son cas. Gilles Jacob, ancien patron du Festival de Cannes, se souvient d’une nuit entière passée à discuter avec Yvonne Baby dans un train entre Paris et Annecy, dans les années 1960. « Vous n’imaginez pas son charisme. Son intelligence culturelle. Son sens des mots. Elle avait une telle classe… Et puis son visage allongé, ses dents d’Anglaise et ses cheveux blanchis dessinaient un Modigliani. On ne pouvait que l’aimer. »

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