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L’architecte Gottfried Böhm, artisan de la reconstruction de l’Allemagne, est mort

Premier lauréat allemand du prestigieux prix Pritzker en 1986, il laisse une œuvre singulière, principalement des églises, influencée par le mouvement moderne comme par le romantisme. Il s’est éteint le 9 juin, à l’âge de 101 ans.

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Publié le 15 juin 2021 à 12h53, modifié le 17 juin 2021 à 13h02

Temps de Lecture 3 min.

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L’architecte allemand Gottfried Böhm, en 2003.

L’architecte allemand Gottfried Böhm est mort le 9 juin chez lui, à Cologne (Rhénanie-du-Nord-Westphalie). Il avait 101 ans. Activement engagé dans la reconstruction de son pays après la seconde guerre mondiale, il laisse une œuvre singulière influencée par le mouvement moderne autant que par l’architecture vernaculaire et le romantisme, qui lui valut de devenir, en 1986, le premier lauréat allemand du prestigieux prix Pritzker d’architecture. On se souviendra de lui en particulier pour ses églises sculpturales aux volumétries audacieuses – une quarantaine pour la seule Rhénanie, et d’autres ailleurs, jusqu’au Brésil et à Taïwan –, pour ses agrégats de formes géométriques et de textures sophistiquées, et pour l’idée qu’il avait de l’architecture comme d’une expérience au service des usages.

Gottfried Böhm est né le 23 janvier 1920 dans la ville d’Offenbach-sur-le-Main, non loin de Francfort. Fils et petit fils d’architecte – pionnier du béton, son père, Dominikus Böhm, était lui aussi connu pour ses églises –, il aura lui-même trois fils architectes sur les quatre que lui donna sa femme, Elisabeth Haggenmueller.

En 1939, alors qu’il vient d’avoir son baccalauréat, Gottfried Böhm est enrôlé dans la Wehrmacht, envoyé sur le front russe. Une expérience dont il parlait peu, mais dont il évoque brièvement un épisode dans le documentaire Die Böhms : Architektur einer Familie (« Les Böhm : Architecture d’une famille »), de Maurizius Staerkle-Drux (2014), un massacre dans les Hautes Tatras (entre la Slovaquie et la Pologne) où sa « tâche », disait-il, « était de tirer ».

Une fascination pour les ruines

Blessé en 1942, il rentre en Allemagne, s’inscrit à l’Ecole supérieure des techniques de Munich, en sort diplômé en 1946 et parfait ensuite sa formation au sein de l’agence familiale. Il a aussi étudié la sculpture, aux Beaux-Arts, formation qui s’avérera déterminante dans la tournure expressionniste (bien qu’il se défiât du terme) que prendra son œuvre au cours des années à venir. Investi dans le programme de reconstruction de Cologne, il développe une fascination pour les ruines et cherche des voies pour les intégrer aux formes et aux matériaux modernes. La chapelle de la Madone des ruines (1949), premier bâtiment dont il peut être considéré comme l’auteur, aura ainsi été construite avec les vestiges d’une église médiévale détruite lors d’un bombardement allié en 1943.

En 1951, Gottfried Böhm part aux Etats-Unis où il fait la connaissance de Ludwig Mies van der Rohe et de Walter Gropius. Après six mois passés à travailler à New York pour l’architecte et le frère franciscain Cajetan Baumann, il revient au bercail et devient l’associé de son père, dont il prendra la succession après sa mort, en 1955. Soucieux de trouver une forme nouvelle à la spiritualité dans l’Allemagne d’après le nazisme, il puise son inspiration à de multiples sources, du brutalisme à l’expressionnisme, aux formes de la nature…

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