La Flandre rend hommage à Pieter Aspe, le "Simenon de Bruges"
Le maître du thriller flamand est décédé ce dimanche 1er mai, à l’âge de 68 ans.
- Publié le 05-05-2021 à 18h47
- Mis à jour le 05-05-2021 à 19h10
La Flandre est en deuil après la disparition à l’âge de 68 ans, de Pieter Aspe (Pierre Aspeslag de son vrai nom) dimanche 1er mai. Du ministre-Président Jan Jambon (N-VA) au comédien Herbert Flack, en passant par le collège échevinal de Bruges, des cafetiers, nombreux sont ceux qui rendent hommage au maître du thriller flamand.
Des registres de condoléances ont été ouverts à Bruges et à Blankenberge jusqu’au 9 mai inclus. Certains le voient déjà statufié, la rumeur circule dans des cénacles brugeois. Les édiles proposent plutôt une rue Pieter Aspe pour honorer la mémoire de ce "grand ambassadeur" qui a réussi à faire entrer la Venise du Nord dans de nombreux foyers grâce aux téléfilms grand public tirés de ses best-sellers.
Basilique du Saint-Sang
Pieter Aspe se met à écrire sur le tard, à l’âge de 42 ans. L’homme n’a aucun diplôme et enchaîne les petits boulots pour faire vivre sa famille. Ouvrier dans une usine de textile et chez un fabricant de canalisations, employé dans une mutuelle puis fonctionnaire à la police fluviale…, il s’essaie même à la restauration de meubles.
Son entrée en littérature flamande est aussi improbable qu’inattendue. Engagé comme concierge à la basilique du Saint-Sang de Bruges, il a le temps de réfléchir. Dans sa tête, un scénario se dessine déjà. Le décor lui inspira… son premier roman, publié aux éditions Manteau en 1995 : Het vierkant van de wraak (Le carré de la vengeance) qui connut un succès immédiat.
Aspe succède en quelque sort à l’Anversois Jef Geeraerts, auteur de thrillers dont la composition plus recherchée tranche par son approche intellectuelle.
Primé maintes fois (il obtient entre autres le fameux prix Hercule Poirot en 2001), le Brugeois, éternel rebelle, sut toucher un très large public avec ses polars où il mit en scène Pieter Van In (le commissaire de police), Hannelore Martens (magistrat) et le policier Guido Versavel.
VTM en tire une série télévisée intitulée Aspe immortalisant plusieurs best-sellers traduits dans huit langues. Depuis lors, le Brugeois - qui habitait Blankenberge jusqu’à la mort de sa deuxième femme Bernadette -, sort un polar chaque année. À partir de l’an 2000 il réussit même à en publier deux par an. Il travaille alors six jours sur sept et réussit à coucher sur le papier 1 700 mots par jour.
Pour beaucoup, Pieter Aspe fut le "Roger Raveel de la littérature flamande". Un homme d’une simplicité désarmante qui aimait les "cafés bruns" d’Anvers et de Bruges mais fuyait l’intelligentsia comme la peste. Selon son éditeur, l’auteur populaire qui adorait la bière au point d’en abuser, a eu le temps de terminer l’épisode 5 de Van In dont on annonce la parution pour le mois d’octobre.