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Daniel Cordier, un amateur iconoclaste d’art

Dès la fin de la guerre, l’ancien secrétaire de Jean Moulin, mort à l’âge de 100 ans, se plonge dans le monde de l’art, tout d’abord en peignant lui-même puis en exposant la peinture des autres, s’intéressant au surréalisme, à l’abstraction ou aux graffitis.

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Publié le 20 novembre 2020 à 16h22

Temps de Lecture 4 min.

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Daniel Cordier à New York en 1960.

A l’origine de l’amour de Daniel Cordier pour la peinture, il y a un artiste nommé Romanin. C’était le pseudonyme choisi par Jean Moulin quand il dessinait – surtout des caricatures – dans les années 1930, repris durant la guerre pour se cacher de l’occupant, alors qu’il prétendait exercer l’activité de marchand de tableaux. Il initia son jeune assistant (entre juillet 1942 et juin 1943) aux choses de l’art et, écrit Cordier dans le catalogue que le Centre Pompidou consacra à ses collections en 1989, lui « en communiqua le goût et la curiosité ».

Il lui avait aussi promis qu’une fois la France libérée, il l’emmènerait dans ce qu’il tenait pour l’un des plus beaux musées du monde, le Prado. Sa fin tragique, à la suite de son arrestation par les Allemands, ne le permit pas et c’est seul que Cordier vit les Goya de Madrid, qui le bouleversèrent.

Rompant à la Libération avec son passé de soldat et de résistant, il se plonge dans ce nouveau monde. En 1944, à 24 ans, il achète un petit tableau peint à la manière de Brueghel, puis une aquarelle d’un artiste dont il ignore tout et que le marchand lui dit se nommer Henri Michaux. Suit un tableau abstrait de Jean Dewasne. En 1946, il s’inscrit à l’Académie de la Grande Chaumière, à Paris, où il suit les cours d’Yves Brayer, qui dispense un enseignement traditionnel. Le sont beaucoup moins les conférences que donne au même endroit le sus-dit Jean Dewasne, à propos de l’art abstrait.

Des succursales à Francfort et New York

Après une dizaine d’années d’apprentissage, Daniel Bouyjou-Cordier fait sa première exposition, dans la galerie de la légendaire (elle était l’héritière d’une remarquable collection de primitifs flamands qu’elle vendait pour soutenir les jeunes artistes) Suzanne de Coninck. Michel Conil-Lacoste en donna un compte rendu plutôt positif dans Le Monde du 24 juin 1955 et Roger Van Gindertaël, un des grands critiques de l’époque, loua les qualités techniques du jeune homme tout en regrettant que ses tableaux n’aient « qu’une fonction ornementale »…

Cordier devait partager son avis puisqu’il cessa de peindre pour se consacrer au commerce de l’art. Il ouvrit une première galerie, toute petite, rue de Duras en novembre 1956, qu’il inaugura avec une exposition de Claude Viseux, puis une plus grande, rue de Miromesnil, en mai 1959. Celle-ci fut lancée avec une exposition de Jean Dubuffet intitulée « La Célébration du sol ». Leur collaboration dura huit ans et les mena à Francfort, où Cordier avait ouvert une succursale en 1958, et New York où il avait fait de même en 1960. La pratique, aujourd’hui courante, l’était alors fort peu.

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