Des paysages de l’Angleterre déglingués, bruts et hostiles, avec, au centre, des hommes, des femmes et des enfants qui déchirent l’image : voilà la forte impression que laisseront les photographies du Britannique Chris Killip, mort à 74 ans d’un cancer du poumon. Il y a toujours dans le cadre noir et blanc de Killip des pêcheurs, des mineurs ou des punks qui tanguent ou se tiennent droit, le regard planté dans l’horizon au beau milieu du marasme économique.
C'est ce regard poignant et poisseux de la survie avec, parfois, une petite lueur humaine d'espoir, qui marque, avec Chris Killip, l'histoire de la photographie britannique des années 70-90, aux côtés de Tom Wood, de Martin Parr ou de Paul Graham. Regard essentiel du documentaire d'après-guerre, témoin de premier plan de la crise où se démène la working-class des années Thatcher, Chris Killip, laisse ses archives à la fondation Martin Parr à Bristol.
Clichés rudes et mélancoliques
Né à Douglas sur l’île de Man, en 1946, Chris Killip – dont le père tenait un pub – rejoint Londres et débute à 17 ans dans la publicité, avant de se tourner vers le documentaire. Marqué par le travail des Américains Paul Strand et Walker Evans, et des Européens Bill Brandt, August Sander et Robert Frank, il revient en 1969 sur son île natale devenue un paradis fiscal. A Man, tout change soudain : les modes de vie, les habitudes, les gens, les métiers, sous l