Certains, sur Twitter, lisant le dernier message de Dominique Kalifa, ont cru qu'il s'éloignait pour un temps de ce réseau où il communiquait volontiers, sur un mode souvent lucide, parfois simplement informatif : «Au revoir.» Mais c'est à nous tous que l'historien faisait ses adieux. Dominique Kalifa s'est donné la mort samedi, le jour de ses 63 ans. Spécialiste du XIXe siècle – ce «long XIXe» qui s'achève dans les tranchées de la Grande Guerre –, professeur à l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne, où il a succédé à Alain Corbin, il a publié plus d'une dizaine d'ouvrages sur l'histoire du crime, de la justice et de la culture de masse. Il était aussi un collaborateur régulier, depuis trente ans, des pages Livres de Libération.
Dominique Kalifa est né à Vichy en 1957. Elève de l'Ecole normale supérieure, agrégé d'histoire, il a consacré sa thèse, sous la direction de Michelle Perrot, aux «récits de crimes dans la France de la «Belle Epoque» (1894-1914)». Cette somme universitaire, en 1994, s'appelait l'Encre et le Sang ; elle est devenue son premier livre, l'année suivante, chez Fayard, éditeur qu'il allait retrouver en 2017 pour la Véritable histoire de la «Belle Epoque», et pour lequel il avait en projet un essai sur Arthur Koestler.
Jamais en surplomb
Pourquoi a-t-on éprouvé le besoin de transformer les quinze premières ann