Mort de Gisèle Halimi : qui était cette grande figure du féminisme ?

Publié le par Hélène Bour

Gisèle Halimi s’est éteinte ce 28 juillet à l’âge de 93 ans. Cette célèbre avocate est notamment connue pour son engagement pour la légalisation de l’avortement et son combat féministe. Retour sur sa carrière.

Une grande figure de la lutte pour les droits des femmes en France s’est éteinte ce mardi 28 juillet, à l’âge de 93 ans.

Née Zeiza Gisèle Élise Taïeb, en Tunisie, cette femme à forte personnalité a, dès l’enfance, mené des combats féministes pour elle-même, à commencer par le refus, à 10 ans seulement, d’effectuer les tâches ménagères dont ses frères sont exemptés, et d’un mariage arrangé, à l’âge de 16 ans. Elle quitte alors famille et patrie pour “monter” à Paris, y poursuivre des études de droit.

Devenue avocate, Gisèle Halimi se fait connaître des Français en 1960, avec le procès de Djamila Boupacha, une militante FLN (Front de libération nationale, en faveur de l’indépendance de l’Algérie). La militante, accusée d’avoir posé une bombe dans un café d’Alger, avait été torturée et violée par des soldats de l’armée française. Si Djamila Boupacha est condamnée à mort (mais libérée en 1962 à la fin de la guerre d’Algérie), la plaidoirie de Gisèle Halimi restera dans les mémoires.

En 1971, l’avocate signe, avec d’autres personnalités publiques dont Simone de Beauvoir, le Manifeste des 343, où elle déclare avoir commis le délit d’avortement, puisque celui-ci n’était pas encore légalisé. La même année, Gisèle Halimi fonde avec Simone de Beauvoir le mouvement “Choisir la cause des femmes”, qui prendra part à toutes les luttes féministes d’alors, et organisera la défense de nombreuses femmes.

Le procès de Bobigny, moment phare de la carrière de Gisèle Halimi

En 1972, Marie-Claire, une jeune fille de 16 ans, ainsi que sa mère, qui l’a aidé à avorter, sont poursuivies en justice. Marie-Claire était tombée enceinte suite à un viol et avait interrompu sa grossesse de manière clandestine. Gisèle Halimi accepte volontiers de les défendre, bien décidée par ce biais à plaider en faveur de l’avortement. Grâce au talent de Gisèle Halimi et aux prestigieux témoins dénichés par l’avocate, le procès tenu à Bobigny (Seine-Saint-Denis) deviendra une tribune pour la libéralisation de l’avortement. Marie-Claire est alors relaxée et sa mère dispensée de peine. La loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse sera quant à elle promulguée en janvier 1975.

Mais l’avocate ne s’arrête pas là et entend bien utiliser ses plaidoiries pour faire bouger la législation. En 1978, devant les assises d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), Gisèle Halimi défend deux jeunes femmes belges, Anne Tonglet et Araceli Castellano, victimes d'un viol collectif. Les auteurs sont condamnés, et là encore, ce procès ouvre la voie de la loi de 1980, qui reconnaît le viol comme un crime.

Bien qu’engagée à gauche en faveur de François Mitterrand, l’avocate n’a pas entrepris de carrière politique, lui préférant les tribunaux pour faire avancer la cause féministe. Elle a par ailleurs écrit une quinzaine de livres, entre 1988 et 2011.

Source : Le Monde

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