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Jamais la récession n'a semblé si proche depuis 2008

Les risques de récession mondiale grimpent à mesure que la guerre commerciale entre Pékin et Washington s'intensifie.

Le vernis se craquelle petit à petit. Les risques de récession mondiale grimpent à mesure que la guerre commerciale entre Pékin et Washington s'intensifie. Anticipant le pire, après avoir connu un début d'année faste, les bourses mondiales piquent dangereusement du nez.

Les craintes sont multiples. Elles recèlent le potentiel de faire plonger la croissance en freinant les échanges économiques. Un recul qui pèserait lourdement sur les résultats des sociétés et, partant, sur l'économie mondiale. À ce titre, l'inversion de la courbe des taux aux États-Unis (différence de rendement entre les emprunts à 3 mois et à 10 ans), qui atteint son plus haut niveau depuis 2007, est inquiétante. Cet indicateur est historiquement annonciateur de récession.

La dernière mèche a été allumée en Asie. Les bruits de bottes chinoises à Hongkong nourrissent l'instabilité géopolitique. Laquelle est redoutée des investisseurs et des consommateurs. Cette instabilité «asiatique» vient s'ajouter aux tensions récurrentes entre l'Iran et les États-Unis, ainsi que ses alliés, au Moyen-Orient.

Le risque grandit

Risque de récession imminente? «Imminente, je n'en suis pas si sûr, répond Fabrizio Quirighetti, analyste chez Syz Asset Management. Mais le risque s'accroît, sans aucun doute. Les secteurs industriels et manufacturiers, dépendant du commerce mondial, comme l'automobile, souffrent.» Dans ces branches, les indices de confiance sont en baisse depuis quelques mois en Allemagne, au Japon et en Chine.

Jusqu'ici, l'emploi se maintient encore des deux côtés de l'Atlantique, du fait notamment de développements dans les services. Par ricochet, cela soutient la consommation, le principal pilier de la croissance. Mais pour combien de temps encore?

Pour ne rien arranger, les attaques américaines contre la Chine, accusée régulièrement de manipuler sa devise, refroidissent un peu plus les ardeurs des marchés. Ce lundi, le net franchissement du seuil de 7 dollars pour 1 yuan avait valeur de symbole. Ce niveau n'avait plus été dépassé avec une telle facilité depuis une dizaine d'années. Manipulation, vraiment?

Certains économistes américains réputés très républicains n'y croient pas. «La Chine n'a pas manipulé sa devise à la baisse, martèle le stratège Dennis Gartman. Elle s'est simplement abstenue de la soutenir alors qu'elle se trouve sous pression.» Bref, la Chine souffre et la devise s'ajuste mécaniquement. Économie de marché, donc.

Les valeurs refuges avancent

Le recul du yuan survient dans un contexte marqué par l'annonce américaine de nouvelles taxes contre les exportations chinoises.

Preuve que le mal est profond, le yen, reconnu comme une valeur refuge, a pris de la valeur ces derniers jours. «Les investisseurs japonais rapatrient leur argent à la maison, ce qui fait grimper fortement le yen, confirme Dennis Gartman. On peut craindre qu'un véritable mouvement de panique ne soit en train de voir le jour.» L'envolée concomitante de l'or et du franc suisse, prisés lors de crises, fait craindre que le feu de l'économie mondiale ne soit en train de passer au rouge.

Une récession globale pourrait être cependant évitée. «L'économie mondiale tombe rarement en contraction dans son ensemble, souligne Samy Chaar, chef économiste de Lombard Odier. Sa croissance se situe actuellement entre 2,5% et 3%, un niveau très bas au regard de standards historiques. Cette situation est causée par l'exacerbation de tensions commerciales, sans que les plus importants blocs économiques ne souffrent pour autant de problématiques domestiques majeures.» La rivalité grandit entre les deux premières puissances économiques mondiales, avec en toile de fond un objectif de leadership technologique. «Dans cette lutte, tout le monde perd des plumes. Au risque que certains y perdent une aile.»

D'autres sont encore plus sceptiques sur le risque de crise. «Je ne crois pas du tout à une phase de récession induite par une guerre commerciale sino-américaine, confie Patrick Artus, chef économiste de la banque d'investissement française Natixis. J'observe toutefois un fort ralentissement de la croissance du produit intérieur brut chinois au deuxième trimestre. À 6,2% officiellement, mais probablement pas plus d'environ 3% dans la réalité.» Une chose est sûre: la patrie de Mao a dû reconnaître, le 15 juillet, sa plus mauvaise performance économique depuis vingt-sept ans pour le deuxième trimestre de cette année.