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La mort du sinologue britannique Roderick MacFarquhar

Le grand historien du maoïsme, qui fut également député travailliste, est décédé le 10 février aux Etats-Unis. Il avait 88 ans.

Par Sebastian Veg (directeur d’études à l’EHESS)

Publié le 19 février 2019 à 15h11, modifié le 21 février 2019 à 11h48

Temps de Lecture 3 min.

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Roderick MacFarquhar, en 2015.

Roderick MacFarquhar, grand historien du maoïsme, journaliste, député travailliste à la Chambre des communes, fondateur de la revue China Quarterly, et professeur d’histoire et de sciences politiques à Harvard, est mort à Cambridge (Massachusetts, Etats-Unis), le 10 février.

Né le 2 décembre 1930 à Lahore (Indes britanniques), fils d’un administrateur colonial, il fit ses études dans un lycée d’Edimbourg avant d’être admis à Oxford. S’intéressant à la Chine, il se dirigea ensuite vers Harvard, où il devint l’étudiant du célèbre sinologue américain John Fairbank, qui venait de créer un programme spécifique dédié à l’Asie.

Titulaire d’un master, il revint en Angleterre où il travailla pour le Daily Telegraph et la BBC, ainsi que pour Chatham House (l’Institut royal d’affaires internationales) et organisa des déjeuners mensuels de discussion sur la Chine réunissant universitaires, diplomates et journalistes. En 1960, quand le Congrès pour la liberté de la culture (qui publiait le Soviet Survey) décida de fonder une revue universitaire consacrée spécifiquement à la Chine, on lui confia la charge de rédacteur en chef du China Quarterly. Evitant de prendre parti entre les spécialistes américains qui se querellaient pour savoir qui avait « perdu la Chine », il fit du China Quarterly la revue de référence sur la Chine contemporaine.

En 1972, il effectua sa première visite en République populaire de Chine, où il continua à maintenir des contacts fréquents dans les cercles universitaires et politiques, et où ses livres sont traduits.

Une trilogie de référence

Au même moment, MacFarquhar s’engagea en politique au parti travailliste, et finit par être élu député en 1974. Ayant perdu son siège lors de la vague thatchérienne de 1979, il s’inscrivit à la London School of Economics pour une thèse de doctorat qu’il acheva en 1981. Il se consacra ensuite à la carrière universitaire, rejoignant, en 1984, Harvard, où il enseigna pendant vingt-huit ans l’histoire contemporaine et les sciences politiques, formant d’innombrables étudiants, notamment l’un des leaders du mouvement démocratique de 1989, Wang Dan, après son expulsion de Chine en 1998.

MacFarquhar excellait dans l’étude des dynamiques politiques internes au Parti communiste chinois qu’il reconstituait en scrutant la presse et les documents officiels. Sa trilogie The Origins of the Cultural Revolution (Les Origines de la Révolution culturelle, 3 vol., 1974, 1983, 1997, non traduits) retrace les luttes factionnelles au sommet de l’Etat depuis les Cent Fleurs (1956) et le mouvement anti-droitier (1957) jusqu’aux prémisses de la Révolution culturelle en passant par le Grand Bond en avant et la grande famine de 1959-1961. Elle fit date parmi les esprits lucides à l’époque où une partie de l’université s’enthousiasmait pour la Révolution culturelle. Si certaines interprétations continuent à être débattues (Mao était-il sincère en invitant les critiques lors des Cent Fleurs ?), sa reconstitution des événements n’a pas été fondamentalement remise en question.

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