Producteur d’Aki Kaurismäki ou d’Anne Fontaine, créateur d’une des principales sociétés indépendantes du cinéma français, Pyramide, avant d’être nommé aux commandes de Warner Bros. France, Francis Boespflug est mort des suites d’un cancer mardi 6 novembre à Paris. Il avait 70 ans.
Francis Boespflug naît à Strasbourg le 1er septembre 1948. Il suit des études de droit dans la capitale alsacienne, contracte un attachement indéfectible à l’égard du Racing Club de Strasbourg, avant d’animer et de programmer, en compagnie de Fabienne Vonier, dont il deviendra l’époux, un cinéma indépendant local, Le Club, qui appartient au réalisateur Louis Malle.
Logo signé par Youssef Chahine
Après un détour par les ministères de l’éducation et de la culture, Francis Boespflug apprend le métier de distributeur chez UGC puis auprès de Marin Karmitz, chez MK2, qu’il a rejoint en compagnie de Fabienne Vonier. En 1989, le couple fonde, avec les frères Louis et Vincent Malle, la société Pyramide, qui distribue, vend sur le marché international et produit des films.
Le logo de Pyramide est signé par le cinéaste égyptien Youssef Chahine, l’un des premiers auteurs de la maison avec Louis Malle, qui n’a le temps que de lui confier son dernier film, Milou en mai, avant sa mort. Au fil des ans, ils seront rejoints par Alain Resnais (Smoking No Smoking), Denys Arcand (Les Invasions barbares), Alejandro Gonzalez Iñarritu (Amours chiennes), Nuri Bilge Ceylan (Uzak, Trois Singes…) ou Catherine Corsini (Partir).
Francis Boespflug finance aussi bien « La Classe de neige », de Claude Miller, que « La Vérité si je mens 2 », de Thomas Gilou
En 1992, Fabienne Vonier prend les rênes de Pyramide et Francis Boespflug rejoint la Gaumont pour en programmer les salles. Cinq ans plus tard, il est nommé à la tête de la filiale française de Warner Bros. Sous sa direction, la major américaine s’engage dans la production nationale, finançant aussi bien La Classe de neige, de Claude Miller, que La Vérité si je mens 2, de Thomas Gilou, Un long dimanche de fiançailles, de Jean-Pierre Jeunet ou Coco avant Chanel, d’Anne Fontaine. L’ancien pilier du cinéma indépendant français s’engage dans un long conflit avec le ministère de la culture et le CNC qui refuse à la Warner le bénéfice des subventions automatiquement générées par les entrées en salles que reçoivent les producteurs français. Force restera au gouvernement.
Il quitte la direction de Warner Bros. France en 2009 et rejoint la Gaumont deux ans plus tard, en tant que conseiller de la directrice générale, Sidonie Dumas. Il œuvre à la production de Camille redouble, de Noémie Lvovsky, ou de Gemma Bovary, d’Anne Fontaine. A la mort de Fabienne Vonier, en 2013, il reprend la tête de Pyramide Production. Il avait récemment accompagné l’une de ses dernières productions, Le Poulain, de Mathieu Sapin, au Festival d’Angoulême.