le Samedi 27 avril 2024
le Lundi 10 juillet 2023 6:30 Sports

Langue et sport : le fédéral fait quoi?

Pourquoi faire confiance à Francopresse.
Le 21 juin, la ministre fédérale des Sports Pascale St-Onge a annoncé un financement de 404 700 dollars à Canoe Kayak Canada, qui pourra redistribuer l’argent dans l’ensemble de ses clubs.  — Photo : Ariane Joazard-Bélizaire
Le 21 juin, la ministre fédérale des Sports Pascale St-Onge a annoncé un financement de 404 700 dollars à Canoe Kayak Canada, qui pourra redistribuer l’argent dans l’ensemble de ses clubs.
Photo : Ariane Joazard-Bélizaire
FRANCOPRESSE — Les organismes francophones soulignent l’importance de pouvoir faire du sport dans la langue de son choix, mais déplorent un manque de financement. Le fédéral assure vouloir changer la donne.
Langue et sport : le fédéral fait quoi?
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Une photo de l’un des camps sport et plein air de 2022. 

Photo : Courtoisie Sports en français

«La pandémie a illustré à quel point le sport ou l’activité physique sont essentiels pour la santé physique et psychologique, a déclaré la ministre des Sports, Pascale St-Onge, en entrevue avec Francopresse. On sait très bien qu’il y a des barrières à la pratique du sport dans quelques communautés que ce soit à cause des couts, des frais, de l’équipement.» 

Parmi les obstacles, la pratique d’un sport dans sa langue se démarque. «Que ce soit dans les sports ou dans d’autres domaines, on a toujours plus à faire pour que les communautés en situation minoritaire aient accès à tous les services. Ça inclut le sport», poursuit-elle.

«La demande est tellement plus grande que l’offre»

Chantal Young, directrice générale de Sports en français au Manitoba, voit le sport comme un outil de rassemblement. 

Photo : Chantal Young

«La demande est tellement plus grande que l’offre», observe Chantal Young, directrice générale de Sports en français au Manitoba. Avec sa programmation, l’organisme veut créer des espaces où les gens peuvent parler en français en faisant du sport.

«C’est dans une province où la plupart du sport se fait en anglais, souligne la directrice. Notre mission est d’améliorer l’accès aux sports et à l’activité physique ici au Manitoba.»

En tant que mère, Chantal Young a personnellement ressenti le besoin d’offrir des activités sportives en français à ses enfants : «Mes filles ont d’abord fait du sport en français, parce qu’on ne parlait qu’en français à la maison. Dans les premières années de la vie de mon ainée, faire du sport en anglais n’était pas une option.»

À lire aussi : La pratique sportive chez les jeunes francophones : un enjeu communautaire

Parler français hors de l’école

Pour Céline Dumay, directrice générale de la Fédération du sport francophone de l’Alberta (FSFA), le sport reste «un moyen de parler sa langue maternelle dans un contexte hors-scolaire pour les jeunes, même pour les adultes […] de parler sa langue en ayant du plaisir».

La FSFA organise notamment les Jeux francophones de l’Alberta, dont la dernière édition a réuni plus de 315 participants et 150 bénévoles. L’organisme a aussi participé à la campagne de sensibilisation #ELLEBOUGE et organisé des formations sur les ainés afin de vaincre l’isolement linguistique.

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Manque de financement

Céline Dumay insiste malgré tout sur le manque de financement : «Il y a des barrières, c’est certain. De notre côté, on est une petite équipe […] on ne peut pas aller beaucoup plus loin que notre programmation actuelle. En Alberta en général, ce n’est pas toujours possible de s’entrainer et de pratiquer dans sa langue.»

Pour Céline Dumay, directrice générale de la Fédération du sport francophone de l’Alberta (FSFA), le financement fédéral n’est toujours pas suffisant de manière générale.

Photo : Courtoisie FSFA

En 2020, des organismes francophones ont participé à une table ronde avec Sport Canada où ils ont soulevé le problème des couts associés à la participation au sport. Ils avaient alors recommandé à l’agence du gouvernement fédéral de dédier du financement aux communautés francophones afin d’inciter la pratique du sport en français.

Après le dépôt du budget fédéral de 2021, la ministre des Sports a lancé l’initiative Le sport communautaire pour tous.

Ce volet du Programme de soutien au sport a pour objectif d’appuyer la participation des groupes sous-représentés et représente 80 millions de dollars sur une période de deux ans.

Parmi les groupes concernés : les communautés noires, autochtones, racisées, 2ELGBTQI+, les personnes à faible revenu et les nouveaux arrivants.

Du canoë pour tous

La ministre des Sports a annoncé le 21 juin que Canoe Kayak Canada fait désormais partie de la liste des bénéficiaires de l’initiative Le sport communautaire pour tous.

Canoe Kayak Canada recevra jusqu’à 404 700 dollars d’Ottawa qui pourront être redistribués dans des clubs de kayak.

La ministre des Sports, Pascale St-Onge. Photo : Marianne Dépelteau

Photo : Marianne Dépelteau

Le travail n’est pas terminé

«Dans la population, on sait que des groupes communautaires qui desservent des communautés de langue officielle en situation minoritaire ont besoin de ressources pour élargir l’accessibilité de façon générale à leurs services, incluant le sport. Ça fait partie des réalités sur lesquelles on continue de travailler», indique Pascale St-Onge.

La ministre des Sports dévoilera bientôt un plan pour le sport sécuritaire et assure que la langue fait partie des réflexions.

«Tout ce qui concerne la discrimination, que ce soit par rapport à la langue, la religion, l’orientation sexuelle ou la race, ça n’a pas sa place dans le sport. Des efforts doivent être faits par toutes les organisations pour éliminer la discrimination dans le sport.» 

Dans sa réforme visant à mettre fin à la culture toxique des sports, une clause appuie «l’importance d’avoir des conseils d’administration qui sont diversifiés. Avoir des personnes qui parlent les deux langues officielles, ça fait partie de la solution pour avoir de meilleures pratiques, gouvernance et décisions pour desservir les personnes francophones ou anglophones.»

Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Ottawa

Marianne Dépelteau

Journaliste

Adresse électronique: