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Critique : Spider-Man Across the Spider Verse

Le Spider Verse a fait des petits. En 2018, le film de Peter Ramsey, Bob Persichetti et Rodney Rothman redistribuait les cartes du monde de l’animation. Un coup de fouet qui a donné des films Les Mitchell contre les Machines, le Chat Potté 2 ou le prochain Tortues Ninja. Finis les films avec des personnages ronds à la Pixar ou en animation traditionnelle façon Glen Keane. Le futur est dans le mélange des styles, et la possibilité de montrer à l’écran des dessins conceptuels prenant vie. Cinq ans plus tard, les cartes sont à nouveau rebattues : Across the Spider Verse montre qu’il est désormais possible d’aller encore plus loin.

Son nom est Miles Morales. Il est le seul Spider-Man de son univers. Et il a un Némésis : le Spot, un méchant né des erreurs du premier film.
Alors qu’il se languit de la revoir, Spider-Gwen revient le voir et leur duo se reforme pour aller mettre de l’ordre dans le multiverse : l’explosion de la machine qui a couté la fin à Kingpin a mélangé les personnages et des méchants se retrouvent précipités dans des univers qui ne sont pas les leurs. Miles va alors faire la connaissance d’une brigade menée par Miguel O’hara : des Spider-Men chargés de régler les paradoxes du multiverse.

On en dira évidemment pas d’avantage puisque la promo a le bon gout de peu en dévoiler. Mais « Across » est un film solide par son histoire : sa durée étonnante pour un film d’animation (2h20) lui permet de poser ses personnages à travers de longues scènes de dialogues, parfois couplées à de l’action, un mélange des genres aussi inattendu que réussi. Le long métrage évoque la place de chacun, le rôle qu’on pense devoir tenir et celui qu’on peut-être. Tout le monde peut devenir Spider-Man mais chacun le fait à sa façon, comme le montre « le camps de base » de Miguel et ses inombrables cameos largement utilisés dans la promo.
« Across » est aussi un film dont la fin de l’histoire ne nous sera dévoilée qu’en mars prochain. Coupée en deux comme les récents Dune ou encore Fast and Furious, elle se termine donc façon cliffhanger et ne peut que générer de la frustration. Ce sera son seul défaut.

Au delà, difficile ne pas plonger dans l’univers des superlatifs. La parfaite introduction, sur le personnage de Gwen et dans son univers, donne bien le ton. Ce second volet s’annonce beaucoup plus beau, plus riche visuellement que son prédécesseur. Les réalisateurs Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin Thompson donnent vie aux pages des comics, tout simplement, reprenant les styles des auteurs respectifs citant aussi bien Rick Leonardi et son crayon que les traits de pinceau de Robbi Rodriguez. Across the Spider Verse est beau à en pleurer. La séquence autour de Gwen est un ravissement et demandera plusieurs visionnages pour en comprendre la subtilité.

La magie du cinéma est le subtil équilibre entre un scénario bien écrit et une mise en scène soignée. L’oeil et l’oreille du spectateur piochent dans ce que la salle propose pour ressentir, vibrer, frémir. Across the Spider-Verse pousse la limite de cette perception en ajoutant une surcouche visuelle jamais vue auparavant.

Évidemment, le film permet aux créateurs de s’offrir des cameos dans tous les sens, allant piocher jusque dans le live action, se moquant de ce qu’il faut (Ben Reilly, ah ah) tout en reconnaissant le travail des autres (dont Spectacular Spider-Man). Tout le monde y trouvera son bonheur, y compris dans les virevoltantes scènes d’action mêlant toutes les qualités pré-citées.

Plus qu’un grand film d’animation, un grand Spider-Man ou une grande adaptation de comics, Spider-Man Across the Spider Verse est un grand film. Tout court. On pourra lui reprocher de ne pas avoir de vraie fin, ou d’avoir une bande originale peut être un peu moins inspirée mais c’est bien tout. Votre Top Gun Maverick, votre Avatar la Voie de l’Eau version 2023 est désormais disponible au cjnéma.

Et si Into the Spider Verse bousculait les lignes du monde de l’animation, Across pourrait bien le révolutionner.

Spider-Man Across the Spider Verse, de Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin Thompson – Sortie en salles le 31 mai 2023

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