Comment les pompiers de l’Hérault tentent d’économiser l’eau potable

REPORTAGE. Les sapeurs-pompiers du département mettent en place des protocoles de recours systématique à l’eau brute face aux incendies de forêt. Des mesures pionnières en France. 

De notre correspondante à Montpellier, Caroline Douteau

Des sapeurs-pompiers s'entraînent à pomper l'eau du lac de Cécélès, réserve d’eau agricole en zone Natura 2000, au nord de Montpellier.
Des sapeurs-pompiers s'entraînent à pomper l'eau du lac de Cécélès, réserve d’eau agricole en zone Natura 2000, au nord de Montpellier. © Caroline Douteau

Temps de lecture : 3 min

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Ses eaux vert émeraude sont bien connues des randonneurs et des clients de la Guinguette des amoureux, moins des pompiers. Le lac de Cécélès, réserve d'eau agricole en zone Natura 2000, n'a jamais servi de zone de pompage pour les services de lutte contre les incendies. Mais cela pourrait bien changer.

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L'étendue d'eau privée, située sur la commune de Saint-Mathieu-de-Tréviers au nord de Montpellier, a été identifiée par le Sdis 34 (Service départemental d'incendie et de secours), comme site de pompage d'eau brute, non traitée et non potable. « Grâce à une cartographie de 200 sites, nous irons puiser en priorité dans les cours d'eau, retenues naturelles ou artificielles, au plus près des sinistres », explique le lieutenant-colonel Aurélien Manenc, responsable de l'équipe spécialisée en feux de forêt.

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Appelé de ses vœux par le président du conseil départemental, le dispositif tombe à pic. L'Assemblée nationale vient d'adopter la proposition de loi renforçant la prévention et la lutte contre les incendies, et la préfecture a reconduit l'interdiction de faire du feu dans les secteurs sensibles, avec des amendes pouvant aller jusqu'à 150 000 euros.

Mais c'est avant tout la sécheresse et les risques de conflits d'usage de l'eau qui sont avancés. « Nous avons notre part de responsabilité dans les économies d'eau, assure le lieutenant-colonel Aurélien Manenc, responsable de l'équipe de lutte contre les feux de forêt. Il est devenu aberrant de puiser dans les réserves d'eau potable quand on sait qu'elle pourrait manquer sur nos communes dans les semaines ou les mois à venir. »

Un système de noria

Une vingtaine d'officiers chefs de groupe a donc été conviée à une formation, la huitième du genre organisée depuis plusieurs semaines. « Nous sensibilisons nos équipes d'intervention à l'utilisation de l'eau hors réseau d'eau potable et leur exposons les différents scénarios d'alimentation à mettre en place selon la distance du feu par rapport au point d'eau », précise le lieutenant Finard, responsable de la formation.

Deux pompes sont installées dans l'eau. Reliées par des tuyaux au camion-citerne de 15 000 litres resté en contrebas, sur le parking du site, elles fonctionnent comme des norias. Quelque 600 mètres de tuyaux sont stockés dans un camion, resté, lui aussi, sur le parking. Une autre moto-pompe remorquable, plus puissante, est présentée à l'équipe, et un camion-citerne de 30 000 litres viendra compléter, cet été, la flotte d'engins du Sdis 34, avec des tuyaux de plusieurs kilomètres de longueur. L'objectif de la manœuvre : « Gagner en efficacité en permettant aux véhicules d'attaque du feu de rester en première ligne, sans s'éloigner du feu pour aller chercher de l'eau », continue le lieutenant Finard.

Une grande partie du matériel était déjà à la disposition des équipes, mais le système de noria était peu utilisé. « Par facilité, nous nous branchions à l'eau dans les zones urbanisées. Mais c'est terminé », assène Aurélien Manenc, qui rappelle le volontarisme des sapeurs-pompiers en la matière. « Le brûlage dirigé et les feux tactiques sont déjà des moyens d'économiser l'eau. Nous investissons également dans du matériel performant, comme des lances à incendie moins consommatrices. »

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Pour les zones difficilement accessibles, le stockage pourra se faire dans des cuves de caves coopératives. Des conventions sont d'ailleurs en cours de signature avec des communes. Et toute initiative est bonne à prendre, comme celle de récupérer l'eau de la piscine de la ville de Lunel, vouée à la destruction. Caroline Desmaretz-Carles, pompier volontaire présente à la formation, se félicite de la prise de conscience et de la réactivité du Sdis. Elle est aussi maire d'un village de 250 habitants dans le nord du département. « On est en train de se demander si on va avoir simplement de l'eau au robinet cet été. Alors, c'est rassurant de se dire qu'on ne devra pas faire le choix entre éteindre un incendie et apporter de l'eau aux enfants et aux personnes âgées. »

Depuis le mois d'avril, les risques incendies sont élevés et 37 départs de feu ont été maîtrisés.

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Commentaires (2)

  • gene g10

    Bien d'accord avec vous ! Faudrait les arrêter une bonne fois pour toutes et laisser travailler ceux qui ont à s'en servir ! Agriculteurs ou pompiers (par destination).
    Ce sont des querelles d'arrière garde ou plutôt engendrées par de gens qui n'ont rien à faire d'autre d'intéressant !
    Qu'ils retournent à leurs chères études (ce serait plus utile !) peut-être trouveraient ils des idées géniales pour arranger les choses, sans ennuyer le monde en permanence !

  • DG71

    Note pour les écolos anti-tout : les "méga bassines" vouées à l'irrigation des cultures peuvent également être utilisées en cas d'incendie de forêt.