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Itinéraire sécurisé, alerte en cas d'agression... Deux Nantais lancent une application pour lutter contre l'insécurité

Marius Bouffant et Valentin Bernier, dans les locaux de Wayfe, à Nantes.
Marius Bouffant et Valentin Bernier, dans les locaux de Wayfe, à Nantes. LT/Le Figaro

Wayfe, disponible dès le 13 avril à Nantes, proposera aux utilisateurs le trajet le plus sécurisé imaginé à partir de l'éclairage public, des caméras de vidéosurveillance et des signalements d'autres usagers.

Le Figaro Nantes

Après l'arrivée de renforts de police et l'installation de caméras de vidéosurveillance supplémentaires, voici désormais une nouvelle initiative pour lutter contre l'insécurité à Nantes. Marius Bouffant, 21 ans, et Valentin Bernier, 22 ans, tous deux originaires de la cité des Ducs, ont imaginé une application mobile intitulée Wayfe. Ce nom fait référence aux termes anglais «way» et «safe» pour «chemin le plus sûr». Le dispositif, qui sera lancé le 13 avril à Nantes, entend «apporter un sentiment de sécurité permanent à ses utilisateurs», explique Marius, co-fondateur et étudiant en école de commerce à l'ESSCA.

Comme Waze permet aux usagers de la route de signaler des obstacles en direct, Wayfe propose des itinéraires sécurisés en temps réel pour les déplacements à pied. Ces trajets sont conçus à partir des éclairages et des caméras de vidéosurveillance, auxquels il faut rajouter les signalements instantanés des utilisateurs avec les icônes suivantes : «agression verbale, agression physique, présence suspecte, rue rassurante, rue peu rassurante, rue surveillée». L'objectif est d'éviter les chemins risqués.

De plus, grâce à un algorithme comportemental, une fonctionnalité permet de lancer une alerte sans interagir avec son téléphone en cas d'agression. Grâce à ce système, si la personne se met à accélérer d'un coup, à ralentir, à tomber ou à changer d'itinéraire, «on fait vibrer son téléphone pendant 30 secondes en émettant un signal sonore. Et si elle ne répond pas, on considère qu'elle est en danger. Le téléphone se met à avoir un signal sonore encore plus fort qui peut dissuader potentiellement l'agresseur», détaille Marius. Mais surtout, une alerte est lancée et permet de prévenir un cercle de sécurité rassemblant le numéro ou le profil de ses amis, famille, collègues... Ces derniers, prévenus en cas de problème, ont alors accès à la géolocalisation et peuvent lui venir en aide.

Six collaborateurs

Dans leur bureau situé dans une ancienne auto-école nantaise, les deux entrepreneurs se confient sur la genèse de leur projet. Ils se sont rencontrés en 2021 dans une boîte parisienne à La Défense : l'un était en stage là-bas, l'autre en contrat. L'idée leur est venue lors d'un débat entre Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour autour de la sécurité. Valentin, lui, a déjà subi deux agressions, dont une à l'âge de 14 ans en rentrant d'un cours de natation, près du Chaffault. Il s'est en sorti car il n'avait rien de précieux sur lui mais est resté traumatisé : «tu marches, tu rentres tranquillement chez toi et tu te fais agresser...» Les chefs d'entreprise pensent aussi à leurs sœurs et amies. Après avoir réfléchi dès 2021 à une solution, ils ont rencontré progressivement une designeuse, ont démarché des développeurs et ont trouvé un investisseur prêt à financer leur idée. Développer une application de la sorte coûte environ 200.000€.

Fin août 2022, Marius et Valentin ont commencé à faire de la communication sur les réseaux sociaux. «La deuxième semaine de septembre, il y a eu une série d'agressions. Tous les médias parlaient des faits divers» se souvient Marius, tout en relevant la coïncidence temporelle. «C'est un pur hasard d'avoir sorti nos vidéos deux semaines avant». Aujourd'hui, ils sont six collaborateurs à travailler pour Wayfe.

Une application attendue

Pour utiliser l'application, plusieurs forfaits existent. Un utilisateur lambda peut y avoir accès gratuitement ou obtenir une version premium (2,99€/mois) donnant accès à plus d'options. La start-up souhaite aussi se faire connaître des entreprises ou écoles afin que celles-ci la mettent à disposition de leurs étudiants ou salariés. C'est par exemple le cas d'Anne Saillard, fondatrice d'AS connect évènement, qui organise des congrès médicaux et scientifiques. Elle va souscrire à ces abonnements : «Régulièrement, nous organisons des soirées de gala ou des dîners lors des veilles de congrès sur l'île de Nantes, un quartier qui s'est dégradé. Je trouve intéressant de pouvoir proposer un QR code à nous congressistes», explique la professionnelle partenaire. Grâce à une option, les établissements peuvent partager un QR code permettant aux invités de se servir de la version premium le temps d'une soirée. Anne Saillard prévoit aussi un abonnement à long terme pour ses collaboratrices, âgées de 22 à 37 ans.

Sécurité Nocturne Nantes, qui lutte contre l'insécurité notamment auprès des riverains, restaurateurs et commerçants, est également en lien avec les fondateurs de Wayfe : «ça a l'air d'être un beau projet», commente Guillaume, membre fondateur de l'association. La mairie de Nantes est également sur le coup. Un rendez-vous devrait avoir lieu bientôt.

Satisfaits de toutes ces prises de contact, Marius et Valentin insistent sur leur neutralité politique. «On veut être transparent. Notre application ne veut pas rentrer dans un quelconque débat politique. On se positionne vraiment comme une solution apportée.» D'abord déployée à Nantes, Wayfe devrait l'être dans neuf autres villes d'ici fin 2023, dont Bordeaux, Lyon ou encore Paris.

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8 commentaires
  • tiboye75

    le

    Tout cloche.

  • Dantès

    le

    Bravo à ces entrepreneurs…..mais que cela doit être dur pour la maire de Nantes que sa ville soit choisie pour cette expérimentation en regard de l’insécurité

  • Hayastan

    le

    A coupler avec l’offre de transports disponibles dans la zone traversée…

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