Les longs mois de « bureau buissonnier » ont laissé des traces… Le point sur ce qui a changé

Publié le 17/01/2023 à 08:26 dans Management.

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Selon une étude CSA/Novartis réalisée fin mai 2021, 81 % des Français « voyaient globalement, de façon positive, le retour au bureau ». Et de fait, ce come-back sonnait la fin d’une crise anxiogène et des restrictions qu’elle induisait, ainsi que la reprise d’interactions sociales. Pour autant, si les salariés sont, certes, heureux de revenir au bureau, ils affichent de nouvelles aspirations… Voyons lesquelles, et ce qu’elles engendrent.

Revenir au bureau, oui, mais pas tout à fait comme avant !

L’étude réalisée par le cabinet CSA pour le compte du laboratoire Novartis* pointait le fait que les salariés, tout en se réjouissant de retrouver le chemin du bureau, aspiraient à « conserver les acquis induits pendant la crise sanitaire », à savoir :

  • pour 17 % d’entre eux : la souplesse et la flexibilité ;
  • pour 13 % d’entre eux : le gain de temps apporté par l’absence de transport.

Pour satisfaire ces velléités, 76 % d’entre eux exprimaient le souhait de garder plusieurs jours de télétravail par semaine.

Par ailleurs, 60 % des personnes interrogées exprimaient leur espoir que la crise sanitaire puisse être porteuse de changements en entreprise, notamment :

  • une plus grande prise en compte du bien-être physique et physiologique des salariés ;
  • un accroissement de l’importance donnée, au sein de l’entreprise, à la « convivialité et sociabilité ».

Le travail hybride est entré dans les mœurs

Que ce soit parce que les salariés ont été entendus ou bien parce que les entreprises, in fine, y trouvent leur compte, les vannes du travail à distance ne se sont pas refermées après la pandémie, bien au contraire ! Remote, coworking, travail nomade, flex office... Quel que soit le nom, la finalité est la même : le bureau est désacralisé. On apprécie d’y aller, mais pas tous les jours ! Ainsi, selon le baromètre 2022 « Télétravail et Organisations hybrides » publié en février dernier par Malakoff Humanis, 38 % des salariés déclaraient recourir au télétravail… C’est moins que le pic atteint au plus fort de la crise, mais c’est tout de même 8 points de plus qu’en 2019 !

Et, tandis que la moitié des salariés affichent leur volonté de travailler en mode hybride, 84 % des dirigeants se disent prêts à le déployer. Ce n’est donc plus une pratique tendancielle, c’est une véritable évolution sociale vouée à s’installer durablement dans le paysage professionnel.

Au bureau, les aménagements sont repensés

Alors que le principe de l’open space, qui faisait fureur durant la dernière décennie, commençait déjà à perdre en popularité, les impératifs de distanciation en ont sonné le glas… Les espaces de bureaux sont de plus en plus reconfigurés en petits îlots, séparés par des espaces conviviaux ou des salles de réunion. Cela tombe bien, car outre la distanciation, les salariés réclament aussi des locaux plus cosy. Une autre étude, réalisée en 2022 toujours par CSA, mais sur la demande de Parella, un cabinet de conseil en stratégie immobilière, révélait que 75 % des salariés estimaient que le sentiment de bien-être dégagé par les locaux pouvait influer sur « leur envie de rester dans l’entreprise ». Côté employeurs, 73 % des dirigeants reconnaissaient que, pour motiver leurs collaborateurs à revenir au bureau, ils étaient prêts à proposer des espaces « mieux qu’à la maison. Julie Gaillot, la directrice du pôle Society de l’institut CSA, résumait ainsi la situation : « À travers cette étude, il apparaît clairement que l’entreprise est beaucoup plus qu’un lieu de productivité. C’est un lieu de sociabilité, où les salariés viennent pour se retrouver, échanger, partager. Cela pose clairement la question du lien social dans un contexte où le travail hybride semble devenir une nouvelle manière de travailler avec la normalisation du télétravail. L’aménagement de ces lieux d’échanges, les bureaux, nécessite d’être repensé comme le révèle l’étude menée auprès des salariés. » La pratique du flex office, qui prend de l’ampleur, influe également sur le réaménagement des bureaux destinés à une population nomade. Avec le « desk sharing », les postes de travail se réduisent, et deviennent superdigitalisés, anonymes, et équipés d’armoires-casiers qui remplacent les caissons… On peut faire mieux en matière de convivialité, mais il faut aussi – et surtout – rationaliser. Par ailleurs, les espaces libérés sont souvent transformés en petits espaces clos permettant de s’isoler, par exemple pour téléphoner, ou, a contrario, de se retrouver pour échanger entre collègues.

Et quid du marché de l’immobilier d’entreprise ?

Pour de nombreuses entreprises, hybrider le travail est également une occasion d’économiser des m2. Les quelques jours passés chez eux chaque mois par de plus en plus de salariés incitent en effet les entreprises à repenser leur organisation afin de réaliser des économies d’échelle sur le foncier. En 2021, le site vie-publique.fr (émanation du Gouvernement français, ce site est produit, édité et géré par la Direction de l’information légale et administrative) estimait que l’incontournable déploiement du télétravail qui allait succéder à la crise pourrait justifier une baisse de 12 à 36 % de la surface de bureaux nécessaires aux entreprises en Île-de-France. Avec une évaluation portant sur 54 % des entreprises franciliennes concernées, la réduction du parc de bureaux était estimée à 6 millions de m2. En dépit du peu de recul et de la multiplicité des facteurs influant sur le marché de l’immobilier d’entreprise, la Banque de France, dans l’un de ses derniers « Bloc-notes Éco », pointait tout de même un écart tangible avec l’état du marché, selon que les zones étaient plus ou moins propices au télétravail… Ses observations étaient les suivantes : « Alors qu’avant la pandémie, la dynamique d’ajustement des prix entre les différents biens immobiliers ne présentait pas de différence significative, après le début de la pandémie, les prix des bureaux ont été plus fréquemment révisés à la baisse dans les départements hautement télétravaillables que ceux des autres biens. » Dont acte !

Pour tout savoir sur le télétravail, nous vous recommandons notre dossier « Le télétravail et le travail à domicile ».


*L’étude CSA pour Novartis a été réalisée fin mai 2021 avec un échantillon national représentatif de 1004 Français âgés de 18 ans et plus, constitué selon la méthode des quotas à partir des critères de sexe, d’âge et de profession du répondant, après stratification par région et catégorie d’agglomération.

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Valérie Macquet

Conceptrice- rédactrice, conseil en écriture, auteur, biographe, formatrice pour adultes

Après avoir été gérante d’une agence de communication, directrice déléguée d’un hebdomadaire, puis manager commerciale d’une équipe de commerciaux grands comptes, j’en ai eu assez de jongler avec …