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Russell Banks, le romancier américain, est mort

En près d’un demi-siècle d’écriture, il avait bâti l’une des œuvres les plus progressistes et les plus anticonformistes de la littérature américaine contemporaine. Il s’est éteint samedi à l’âge de 82 ans.

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Publié le 08 janvier 2023 à 17h59, modifié le 09 janvier 2023 à 08h42

Temps de Lecture 7 min.

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Russell Banks à Paris, le 12 octobre 2016.

Membre de l’Académie américaine des arts et des lettres, longtemps professeur de creative writing à Princeton (New Jersey) au côté de sa consœur Joyce Carol Oates, le romancier, nouvelliste et poète américain Russell Banks, auteur notamment de De beaux lendemains et d’Affliction (Actes Sud, comme presque tous ses livres, 1999 et 1998), est mort à New York, samedi 7 janvier, a annoncé son éditeur Dan Halpern, à l’agence Associated Press. Il était âgé de 82 ans.

Elégance, engagement, empathie. Ces trois « E » s’appliquaient magnifiquement à Russell Banks, qui, en près d’un demi-siècle d’écriture, avait bâti l’une des œuvres les plus progressistes et les plus anticonformistes de la littérature américaine contemporaine. Très actif politiquement, n’hésitant pas à critiquer ouvertement son gouvernement – il avait notamment pris position contre l’intervention américaine en Irak et contre le Patriot Act –, Banks avait aussi, de 1998 à 2004, présidé le Parlement international des écrivains créé par Salman Rushdie et fondé l’organisation Cities of Refuge North America, un réseau de lieux d’asile pour écrivains exilés ou menacés.

Né le 28 mars 1940 à Newton (Massachusetts), Banks n’a pas 12 ans lorsque son père, plombier, déserte le domicile familial. Dénuement et abandon le marquent à jamais, préfigurant les deux thèmes récurrents, obsédants presque, qui forment l’armature de son œuvre, la vie des humbles, d’une part, la quête de la figure paternelle, de l’autre.

Rencontre révélation

C’est un père de substitution qui, d’ailleurs, va décider de son destin. Nous sommes au début des années 1960. Après une enfance dans le New Hampshire et des études inachevées à l’université de Caroline du Nord, le jeune Banks, qui se décrit comme colérique et autodestructeur, décide de voir du pays. Il bourlingue et contracte le virus de l’ailleurs. Des Caraïbes à Gorée, de Curaçao aux Everglades, de Katmandou aux Adirondacks, il deviendra plus tard l’un des meilleurs travel writers de sa génération, constamment en quête de ce qu’il appelait les « renouveaux érotiques, narcotiques ou sybaritiques ».

A 18 ans, alors qu’il gagne lui aussi sa vie comme plombier, il découvre la lecture dans une bibliothèque de Miami. Walt Whitman, Faulkner, Hemingway l’enchantent à tel point qu’il se met à écrire. Il a 22 ans lorsqu’il avise une petite annonce vantant les mérites d’un atelier d’écriture au fin fond du Vermont. En quoi ce genre d’« atelier » consiste-t-il ? Il ne le sait pas vraiment, mais décide d’envoyer, à tout hasard, le manuscrit d’un roman qu’il vient d’achever.

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