Pierre-Etienne Fournier et Nicolas Mathieu: les atouts valaisans du staff de Murat Yakin au Qatar
Le compte à rebours est lancé. La Coupe du Monde 2022 débute ce dimanche au Qatar. L’équipe de Suisse fera elle son entrée en lice jeudi prochain face au Cameroun. Les Valaisans Pierre-Etienne Fournier et Nicolas Mathieu seront de la partie avec la Nati durant ce tournoi.
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Si Edimilson Fernandes a dû attendre la semaine dernière et la liste dévoilée par Murat Yakin avant de se projeter sur la première Coupe du Monde de sa carrière, deux autres Valaisans étaient assurés d’être du voyage au Qatar bien avant. Respectivement médecin et physiothérapeute de la Nati, Pierre-Etienne Fournier et Nicolas Mathieu appartiennent eux aussi au cadre helvétique qui s’est envolé lundi en direction de Doha.
De l’excitation, de l’impatience…et du stress
«On ressent beaucoup d’excitation, beaucoup d’impatience de vivre ce Mondial. Ça reste l’événement sportif numéro 1», affirment en chœur les deux hommes, rencontrés quelques jours avant leur départ. «Il y a aussi une part de crainte quant au travail qui devra être fait sur place pour pallier à d’éventuels pépins physiques», reconnaît le médecin. Au Moyen-Orient, les Valaisans vivront leur deuxième Coupe du Monde après celle de 2018 en Russie.
«Si les décisions avaient été plus réfléchies il y a quelques années, personne n’appellerait au boycott aujourd’hui.» Nicolas Mathieu
Une Coupe du Monde qui, on le sait, a beaucoup fait et continue de faire beaucoup parler. Il y a d’abord cette question des droits humains sur laquelle il faut inévitablement se pencher. «En tant qu’homme mais aussi en tant que médecin, on ne peut pas rester insensible à ce point. Maintenant, les joueurs se sont battus pour aller à la Coupe du Monde. Notre rôle est de les y accompagner», relève le premier. «Tout a déjà été dit autour de cet événement et ce n’est pas à nous de prendre position. Tout ce que je peux dire, c’est que si les décisions avaient été plus réfléchies il y a quelques années, personne n’appellerait au boycott aujourd’hui», enchaîne le second.
Des conditions climatiques moins extrêmes que redouté?
L’autre point qui fait débat est justement l’aspect sanitaire, celui qui concerne directement Pierre-Etienne Fournier et Nicolas Mathieu. Comment joueurs et staff médicaux géreront le fait de jouer au football en plein milieu du désert, dans des stades parfois climatisés? «L’adaptation sera le maître-mot», affirme le physiothérapeute. «Cela avait déjà été le cas à l’époque de la Coupe du Monde 2014 au Brésil avec des matches organisés dans l’Amazonie. Il faudra faire au mieux avec cet environnement que l’on découvre.» Un environnement qui, selon Pierre-Etienne Fournier, sera moins hostile qu’on pouvait le craindre. «Il devrait faire entre 25 et 30 degrés, des conditions estivales sous nos contrées. Jouer par ces températures ne devrait à priori pas poser trop de problèmes.» Les médecins des différentes sélections engagées ont par ailleurs été conviés à un colloque sur place en juillet pour éviter de sauter dans l’inconnu en cette fin d’année. «Le plus choquant a été de voir ces stades majestueux dont rêveraient la plupart des villes d’Europe dans un pays qui n’a aucune tradition du football.»
«La forme des joueurs n’est pas homogène. Sans véritable préparation, nous n’aurons pas le temps de tous les remettre au même niveau.» Pierre-Etienne Fournier
Organisé pour la première fois de l’histoire au début de l'hiver, ce Mondial qatari chamboule tout le programme de la planète football. Encore engagés dans leur championnat respectif le week-end dernier, les joueurs en lice n’auront qu’une petite semaine pour préparer leur entrée dans le tournoi. «Cette congestion du calendrier augmente le risque de blessure», prévient Pierre-Etienne Fournier. «De plus, au sein de notre équipe comme dans toutes les autres, la forme des joueurs n’est pas homogène. Certains jouent beaucoup et d’autres très peu dans leur club. Nous n’aurons pas le temps de tous les remettre au même niveau comme c’est le cas habituellement, lorsque nous disposons de trois semaines de préparation avant un grand tournoi.»
Les cas Sommer et Shaqiri
En parlant de joueurs qui ne seront peut-être pas à 100% de leur forme au moment d’aborder ce tournoi, deux noms viennent à l’esprit et pas des moindres. Yann Sommer d’abord dont la blessure à la cheville a fait trembler toute la nation depuis près d’un mois. Xherdan Shaqiri ensuite qui a vu sa saison en club prendre fin le 9 octobre dernier, son club de Chicago ne parvenant pas à obtenir sa qualification pour les playoffs de Major League Soccer. «Pour ce qui est de Yann, on a eu un suivi quasi quotidien de sa situation. Nous étions en contact régulier avec lui et le staff médical de Mönchengladbach», explique le docteur. «Idem en ce qui concerne Xherdan. Notre préparateur physique Markus Tschopp a régulièrement eu des échanges avec lui et Lugano où il s’est maintenu en forme ces dernières semaines. Ça devrait le faire pour ces deux joueurs.»
«Durant l’Euro en 2021, je pense que l’on a démonté et remonté au moins dix fois notre clinique médicale.» Nicolas Mathieu
Si à première vue il incombe de bien creuser pour trouver des points positifs à cette Coupe du Monde tant décriée, Nicolas Mathieu en voit en tout cas un: organisé sur un territoire tout juste plus grand que la Suisse romande, ce tournoi n’obligera pas les sélections à entreprendre de longs déplacements pour passer d’un site de compétition à l’autre. «Durant l’Euro en 2021, je pense que l’on a démonté et remonté au moins dix fois notre clinique médicale. Là, on pourra tout laisser sur place à chaque fois.» Interrogé sur le même sujet, Pierre-Etienne Fournier se souvient pour sa part qu’en 2018 en Russie, «on n’avait pas beaucoup bougé non plus pendant trois semaines, ça avait été longuet pour tout le monde. S’ils ne sont pas trop longs, les déplacements amènent un peu de rythme dans la vie d’un groupe.»
Yakin à l’écoute du staff médical
Présents depuis de longues années dans l’entourage de l’ASF, Pierre-Etienne Fournier et Nicolas Mathieu vivront au Qatar leur troisième tournoi majeur avec l’équipe A (ils ont aussi participé aux récentes campagnes de Ligue des Nations), le premier avec Murat Yakin à la tête de l’équipe. «La relation avec le sélectionneur se passe très bien», témoignent-ils. «La principale différence avec Vladimir Petkovic est que le contact se fait maintenant de manière bien plus directe. Murat laisse au team médical la décision finale concernant les joueurs aptes ou non au service. Il est à l’écoute de ce qu’on lui dit.»
«Ramener la Coupe du Monde dans nos bagages? Ce serait un beau rêve de Noël!»Pierre-Etienne Fournier
Hors de leur mandat auprès de la Nati, les deux Valaisans ont chacun un employeur. Nicolas Mathieu est professeur en physiothérapie à la HES-SO alors que Pierre-Etienne Fournier est chef du service de la médecine du sport à la Clinique Romande de Réadaptation (CRR). «J’ai la chance d’être soutenu par mon employeur lors de mes missions avec la Nati», relève le physio. «J’ai le droit à quinze jours de congé durant l’année pour participer aux rassemblements de l’équipe nationale. Entre ça et une bonne partie que je prends sur mes vacances, je suis libre suffisamment longtemps pour participer à un tournoi majeur», explique le médecin. Les deux hommes disposent donc d’un congé sans échéance fixe. «Bien évidemment, j’espère ne pas rentrer avant le 19 décembre, soit le lendemain de la finale», sourit le premier. «Ramener la Coupe du Monde dans nos bagages? Ce serait un beau rêve de Noël!», conclut le second.
L’équipe de Suisse disputera ce jeudi son unique test avant la Coupe du Monde. Elle affronte le Ghana dès 11h00 en amical du côté d’Abu Dhabi. Une semaine plus tard, c’est donc face au Cameroun qu’elle lancera son tournoi. Suivront les rencontres face au Brésil et à la Serbie. En espérant que d’autres s’ajoutent encore à son programme. Pour que la date du retour soit retardée…et que le rêve devienne peut-être réalité.
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