France: Le sociologue français Michel Pinçon est décédé

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FranceLe sociologue français Michel Pinçon est décédé

Le sociologue français Michel Pinçon, spécialiste reconnu des personnes fortunées, est décédé mercredi à l’âge de 80 ans.

Les sociologues Monique Pinçon-Charlot (gauche) et Michel Pinçon (droite), le 17 septembre 2011 à La Courneuve.

Les sociologues Monique Pinçon-Charlot (gauche) et Michel Pinçon (droite), le 17 septembre 2011 à La Courneuve.

AFP

Le sociologue Michel Pinçon, qui avait commencé comme sociologue des ouvriers avant de se tourner vers la transmission de la richesse dans la noblesse et la haute bourgeoisie, est décédé, a-t-on appris mercredi auprès de son épouse.

Michel Pinçon, 80 ans, ancien directeur de recherches au CNRS, s’est éteint lundi à l’hôpital Broca à Paris, après avoir été touché par la maladie d’Alzheimer, a précisé Monique Pinçon-Charlot, 76 ans. L’essentiel de son œuvre a été écrit en collaboration avec elle. «Je dis toujours que nous avons écrit 27 livres à quatre mains», a-t-elle déclaré à l’AFP.

La vie des très riches

Leurs ouvrages de référence s’appellent «Dans les beaux quartiers» (Seuil, 1989) ou encore «Les Ghettos du gotha» (Seuil, 2007). Il avait d’abord publié deux livres sur les milieux populaires, dont un en 1982 («Cohabiter») à l’issue d’une longue enquête en immersion dans une cité HLM de la banlieue de Nantes.

Puis, constatant le désintérêt de leurs collègues sociologues pour les plus favorisés, le couple avait choisi de se plonger dans la vie des familles fortunées. Grâce à l’entremise d’un collègue issu de cette classe sociale, Paul Rendu, ils avaient pu mener des entretiens dans ce milieu et partager un peu la vie des très riches, dont ils étaient extrêmement critiques.

«Vivant pour l’essentiel dans leurs quartiers et dans des espaces protégés, les classes privilégiées n’ont guère de contacts avec les autres groupes sociaux», écrivent les auteurs de «Dans les beaux quartiers». Depuis leur retraite en 2007 et l’abandon de leur obligation de réserve, les Pinçon-Charlot ont pris des positions parfois vivement critiquées, pour une taxation des riches surtout.

«Névroses de classe»

Né le 18 mai 1942 à Lonny, un village des Ardennes, Michel Pinçon a grandi dans une famille ouvrière. «Il a été passionné, habité par la sociologie depuis son enfance, avec son origine ouvrière de la vallée de la Meuse, et son attachement à l’État providence qui donnait à des enfants comme lui la possibilité de faire ses études», a expliqué son épouse.

Ils se sont rencontrés en 1965 lors de leurs études à Lille. «Ça a été un coup de foudre réciproque, entre deux boiteux qui avaient des névroses de classe inversées», a commenté Monique Pinçon-Charlot, qui est d’origine bourgeoise, fille d’un magistrat. Fascinés par la sociologie de Pierre Bourdieu, qui fut leur professeur à l’université de Lille, ils ont fait une longue carrière de chercheurs à partir des années 1970.

«Michel a toujours été habité par cette volonté de comprendre les injustices, qu’elles soient sociales, économiques, et surtout symboliques, celles dont il a le plus souffert lui-même», a expliqué son épouse.

Sarkozy et Macron critiqués

Les deux sociologues ont publié des ouvrages très critiques contre deux présidents de la République. Ce fut Nicolas Sarkozy en 2010, dans «Le Président des riches: enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy». Puis Emmanuel Macron en 2019, dans «Le Président des ultra-riches: chronique du mépris de classe dans la politique d’Emmanuel Macron».

«Mille et un mercis pour tout ce qu’ils nous ont apporté sur le plan de la compréhension du monde et la volonté de combattre celui que se sont approprié les riches», a lancé sur Twitter le chef de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.

Le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel a rendu «hommage à ce compagnon de route, grand sociologue, qui n’a eu de cesse, avec Monique, de décrypter les rapports de domination sous toutes ses formes». «Michel Pinçon n’a jamais fait semblant d’être neutre», a écrit le maire socialiste de Marseille, Benoît Payan.

(AFP)

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