Né à Cologne, le 29 septembre 1929, le clarinettiste Rolf Kühn est mort à Berlin, jeudi 18 août, des suites d’une chute. A 92 ans, il était en excellente santé. Sa carrière et sa discographie, aux Etats-Unis comme en Allemagne, sont plus qu’imposantes, même si, en France, il n’apparaît, notamment dans le Dictionnaire du jazz (« Bouquins », Robert Laffont, 1994), qu’à travers l’article consacré à son frère, de quinze ans son cadet – le célèbre pianiste (et saxophoniste) Joachim Kühn (Leipzig, 1944).
Tous deux ont « quitté » Leipzig – ville, à l’époque du Mur, d’Allemagne de l’Est. Rolf, en mai 1956, file à New York, où il se fixe pendant six ans. Déjà très connu comme saxophoniste dans son pays, « il se fait une belle place dans les milieux du jazz swing et du bop de la côte Est, rafle de nombreux prix et se produit, entre autres, au Festival de Newport et dans les grands clubs de New York et de Chicago » : informations signées Marc Sarrazy, musicien et biographe du frère dans Joachim Kühn. Une histoire du jazz moderne (Editions Syllepse, 2003).
Rolf Kühn dirige l’Orchestre de la télévision de Hambourg entre 1962 et 1968
Après une saison chez Tommy Dorsey, puis Benny Goodman, dont il dirige l’orchestre quand l’illustre leader s’absente, Rolf Kühn enregistre son premier disque, Be My Guest (Panorama, 1960), avec, entre autres, Jim Hall (guitare) et deux bassistes : George Duvivier et Henry Grimes. Les connaisseurs et amateurs de modernité apprécieront.
Retour en Allemagne en 1961 : il dirige l’Orchestre de la télévision de Hambourg (1962-1968). Tournées internationales avec le tromboniste Albert Mangelsdorff et les German All Stars, invitant au passage Friedrich Gulda… Octobre 1962, nouveau disque très remarqué avec le saxophoniste Klaus Doldinger. En 1964, il enregistre avec son frère Joachim (plus Michal Urbaniak au saxophone) un album qui fait date, Solarius (Amiga) : « Longue et riche collaboration musicale qui s’étalera sur près de soixante ans, éclosion du jazz modal en Allemagne de l’Est » (Sarrazy).
Partis pris modernes
Outre leur formation classique de haut niveau, les deux frères partagent et font partager, car le succès est au rendez-vous, leurs partis pris résolument modernes, dont témoignent leurs albums couronnés, en 1965, par Re-Union in Berlin. Rolf compose pour le théâtre, le cinéma ou les séries télé à succès, Derrick compris, allant aussi bien vers « l’easy-listening » que vers « un jazz funky aux sonorités ouatées », dixit Sarrazy (City Calling, 1974).
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