Grandma Paradox

Une Probability Zero, ça ne se refuse jamais. Celle-ci provient du numéro de Mars/Avril 2022 de la revue Analog !
Résumé : 
La Cour, dont le pouvoir est aux mains d'un seul juge, est là pour lever les paradoxes temporels. Celui qui est soumis à son jugement n'est autre qu'une version raffinée du paradoxe du grand-père : la plaignante est une femme qui accuse une autre version d'elle-même d'avoir tué sa propre grand-mère. Le problème, c'est que la grand-mère... n'est autre qu'une troisième version de la même femme. Le juge pourra-t-il s'extirper de ce sac de nœuds ?
Je le dis souvent lorsque je suis confronté à une histoire de voyage temporel : tout procédé le rendant possible va subordonner la flèche du temps général à celle du temps biologique du voyageur. Le corollaire de ce raisonnement amène devant le juge du temps une foule d'individus identiques : plaignante, accusée, victime, témoins... tous en effet sont diverses versions de la même personne. Le rôle du juge est de mettre fin aux paradoxes mais il doit le faire en comprenant leur nature profonde, afin d'adapter la résolution au problème posé.

Or ici, le problème posé n'est autre qu'un complot contre la nature même de la flèche du temps. Le piège logique va être fatal au juge, même si le lecteur se doute vite que quelque chose va mal tourner pour lui : au fond, le paradoxe temporel est-il un obstacle à la bonne marche de l'Univers ? Le juge du temps rend-il ses verdicts sur la base de règles intangibles ou bien par convenance personnelle, par exemple parce que les paradoxes temporels seraient susceptibles de lui donner la migraine ? Répondant lui-même à cette question dès sa déclaration liminaire, il se condamne en réalité lui-même en admettant l'existence possible des paradoxes et en escomptant malgré tout que certaines lois de l'Univers n'y soient pas sujettes...

C'est donc, ainsi que souvent, un très joli texte que cette Probability Zero - même si en reconstituer la structure pourra nécessiter plusieurs lectures...

Commentaires