Variole du singe. Nouvelle pandémie ?
Le virus circule fréquemment en Afrique, mais la centaine de cas récemment répertoriés dans 11 pays interroge, alors que la variole du singe est censée être peu contagieuse.
L’orthopoxvirose simienne – c’est l’autre nom de la variole du singe – est une zoonose virale (un virus transmis à l’humain par des animaux) rare dont les symptômes ressemblent (en moins grave) à ceux de la variole. La variole du singe découverte en 1958, aussi appelée « monkeypox », appartient à la famille des orthopoxvirus, comme celui à l’origine de la variole humaine. Elle a été identifiée en 1970 chez un garçon âgé de 9 ans en République démocratique du Congo (RDC). Depuis, la majorité des cas a été signalée dans des régions rurales d’Afrique de l’Ouest, notamment en RDC, où l’on considère qu’elle est endémique.
Les épidémiologistes du monde entier regardent avec attention l’évolution d’un virus, et ce n’est pas le Sars-Cov2. Début mai, l’agence de santé britannique alertait sur la découverte de plusieurs cas de variole du singe. Depuis, les choses s’accélèrent. 127 cas suspectés ou confirmés ont été enregistrés dans plus d’une dizaine de pays, dont la France ce vendredi 20 mai. Vendredi toujours, l’OMS devrait tenir une réunion d’urgence sur le sujet, selon le Telegraph et Reuters. “Alors que nous entrons dans la saison estivale (…) avec des rassemblements, des festivals et des soirées, je crains que la transmission s’accélère”, a affirmé le directeur de l’OMS pour l’Europe, Hans Kluge.
“Ce qui semble atypique aujourd’hui, c’est l’apparition de plusieurs cas dans différents pays simultanément”, explique Yannick Simonin, virologiste à l’Inserm et l’université de Montpellier, spécialiste des virus émergents. “Les données préliminaires font penser à une transmission entre humains plus importante que ce que l’on observait. Cela pose question”.
Cette accumulation de cas dans divers pays très éloignés (Portugal, Canada, Australie…) est étonnante. Mais, l’exemple du Covid-19 le montre bien, il faut se garder de tirer des conclusions hâtives, dans un sens comme dans l’autre. Ces clusters peuvent être simplement le résultat d’un événement superpropagateur unique. Ils pourraient également montrer que nous suivons vraiment mal cette maladie en Afrique et que l’humanité y est plus vulnérable que prévu. Enfin, la situation actuelle pourrait également être due à une nouvelle version du virus de la variole du singe, plus contagieuse.
Transmission
L’infection initiale se fait au contact direct avec du sang, des liquides biologiques ou des lésions cutanées ou muqueuses d’animaux infectés. En Afrique, des singes, des rats géants de Gambie et des écureuils infectés semblent être les principaux réservoirs du virus.
Mais au printemps 2003, des cas d’orthopoxvirose simienne ont été confirmés aux États-Unis, première apparition du virus en dehors du continent africain. La plupart des patients avaient été en contact avec des chiens de prairie domestiques, infectés par des rongeurs africains importés.
« La transmission secondaire, c’est-à-dire interhumaine, peut résulter de contacts étroits avec des sécrétions infectées des voies respiratoires, des lésions cutanées d’un sujet infecté ou d’objets récemment contaminés par des liquides biologiques ou des matières provenant des lésions d’un patient », explique l’OMS. « La transmission se produit principalement par les particules des gouttelettes respiratoires et nécessite en général un contact face à face prolongé ».
Symptômes
La variole du singe affiche un taux de mortalité faible, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) chiffrant son taux de létalité entre 1% et 10%, « la plupart des décès survenant chez les plus jeunes ». Si elle est souvent bénigne, elle peut provoquer des symptômes sérieux, notamment chez les hommes.
Les signes de la maladie ressemblent à ceux de la variole. L’infection peut être divisée en 2 périodes :
la période invasive (0–5 jours) caractérisée par de la fièvre, d’intenses céphalées, une adénopathie (tuméfaction des ganglions), des douleurs dorsales, des douleurs musculaires et une grande perte d’énergie ;
la période d’éruption cutanée (dans les 1 à 3 jours suivant l’apparition de la fièvre) commençant souvent par le visage puis s’étendant sur les autres parties du corps.
Une mutation du virus serait-elle à l’origine de la flambée récente ?
Le docteur Eric D’Ortenzio, épidémiologiste à l’ANRS/Maladies émergentes, a confié à Ouest France : « Il est trop tôt pour le dire. Une équipe portugaise a partagé une séquence. Elle semble correspondre à celles des cas importés d’Afrique de l’Ouest ces dernières années. Mais ce ne sont que des résultats préliminaires… »
Existe-t-il un traitement ?
Non, il n’y a pas de traitement à proprement parlé. En outre, il n’existe pas de vaccin contre la variole du singe. L’Organisation mondiale de la santé indique que les patients guérissent avec des soins appropriés. Si les personnes infectées ont reçu une dose de vaccination antivariolique plus jeunes, alors elles seraient sujets à des formes plus bénignes de la maladie selon l’OMS.
Future pandémie ?
La propagation des cas sur plusieurs continents inexpliquée. Il s’agit peut-être de la principale question concernant les cas de variole du singe recensés en Europe dernièrement. Ils se trouvaient jusque-là surtout présents en Afrique de l’Ouest, où le virus est endémique, avec une épidémie majeure au Nigeria en 2017, et environ 6000 cas par an en République démocratique du Congo. « Ce qui est inédit, c’est qu’à chaque fois qu’on voyait des cas, c’était de manière sporadique. Ils se limitaient à un territoire. Or là, la variole du singe est présente sur différents continents »
Royaume-Uni, Italie, Espagne, Portugal et maintenant France… Mais aussi Etats-Unis et Canada. Si le nombre de cas observés depuis le début du mois de mai laisse craindre un début de propagation de la variole du singe, l’OMS tient à rappeler que « la transmission de personne à personne ne peut à elle seule entretenir une éclosion » de la maladie.
Virologue à l’Institut Pasteur, Antoine Gessain temporise dans les colonnes du Parisien: « Je ne crois pas à une forte propagation dans la population générale ». Interrogé sur RMC, le professeur Eric Caumes, infectiologue à l’Hôtel-dieu à Paris, rappelle que « la variole du singe n’est pas réputée pour être une maladie contagieuse. »
L’épidémiologiste à l’ANRS Eric D’Ortenzio précise : « Il nous faudra rapidement des données sur ces premiers cas hors d’Afrique pour savoir s’il faut s’attendre à une flambée épidémique ».
Pas question de s’alarmer pour autant, la variole du singe guérit en général spontanément et les symptômes durent de 14 à 21 jours. Les cas graves se produisent plus fréquemment chez les enfants et sont liés à l’ampleur de l’exposition au virus, à l’état de santé du patient et à la gravité des complications.
La peur d’une pandémie liée à ce virus après le passage du Covid-19 est compréhensible, et si les réponses des scientifiques sont rassurantes sur ce point, la vigilance est de mise. « Il n’y a pas beaucoup de risques d’une grande pandémie », déclare Antoine Gessain. Dans le Journal Du Dimanche, le virologue Xavier de Lamballerie parle lui d’un « niveau d’alerte moyen », et pour l’infectiologue et épidémiologiste Didier Pittet « la question se posera forcément de savoir si on n’est pas face à un début de pandémie ».
sources : https://www.huffingtonpost.fr/ / https://www.midilibre.fr/ / https://www.linternaute.com/ / https://www.nicematin.com/ / https://www.bfmtv.com/
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