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Disparition d’un surdoué du Barreau«Dominique Warluzel aurait voulu s’en aller dans la lumière»

Me Dominique Warluzel.

L’enfant terrible, le golden boy, le surdoué du barreau genevois. Dominique Warluzel, ce pénaliste aux multiples facettes qu’on désignait familièrement par le diminutif «Warlu», est décédé à 64 ans mardi matin aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). La disparition de l’avocat aimé des stars et resté proche de la famille Delon, a été annoncée par Anthony Delon sur son compte Instagram: «Mon Dominique, tu étais un brillant avocat doté d’une intelligence et d’un talent hors norme, mais avant tout tu étais mon Ami. La vie ne t’a pas épargné, tu t’es battu comme un lion de longues années et aujourd’hui c’est fini, tu dois te sentir soulagé, moi aussi car je sais que là où tu te trouves, tu as enfin retrouvé la paix. Tu vas me manquer.»

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«On le détestait ou on l’adorait du temps de sa splendeur, selon qu’on fut envieux ou admiratif, dit de lui Me Christian Lüscher. Pour ceux qui ont continué à fréquenter Dominique après ses accidents, c’est sa force et son courage inflexibles devant l’adversité qui forcent le respect absolu. Le tsunami de réactions à sa sortie de scène montre l’importance de la place qu’il a tenue dans tous les domaines auxquels il a touché avec tant de talent.»

Pour Me Pierluca Degni, «la fulgurance de son talent d’avocat n’avait d’égale que la profondeur de ses meurtrissures d’être humain.»

«Ombrageusement beau»

Dominique Warluzel est né en 1957 à Pau, en France. Ses parents ayant divorcé très tôt, il arrive à Genève avec sa mère qui le place en internat au Collège catholique de Florimont. Il choisit le droit, parce que, disait-il, ce sont les études les plus courtes (trois ans à l’époque). L’ancien bâtonnier Me François Canonica se souvient de leurs frasques d’étudiants: «Nous avons partagé les bancs de l’université. Il était déjà ombrageusement beau, comme le sont certains artistes, et pour dire les choses assez peu assidu aux cours. Je me souviens d’un jour où nous avons quitté les enseignements de droit fiscal pour aller écouter sur la radiocassette de ma voiture d’étudiant «The Wall» que venaient de sortir les Pink Floyd.»

Autre souvenir: «Il m’a reproché, dans la même voiture, d’avoir interrompu une chanson d’amour, précisant, au mot près: «Pour une fois qu’une histoire d’amour se termine bien». Et l’avocat de poursuivre: «Sa vitesse cérébrale, son cynisme, son humour ont donné à sa trajectoire un tour immédiatement fulgurant. Ses capacités d’analyse et ses plaidoiries étaient de dimension chirurgicale et souvent décisives. J’en témoigne, car il aurait voulu s’en aller dans la lumière.»

Dominique Warluzel a sans aucun doute marqué la vie judiciaire romande. Un talent précoce: huit plaidoiries en Cour d’assises durant son stage d’avocat chez Me Dominique Poncet. Très vite, il se retrouve dans la cour des grands, dans les affaires les plus retentissantes: les fausses factures du docteur Medenica, l’enlèvement de la fille de Frédéric Dard, l’assassinat de l’assistante dentaire Adèle Nicolo, la princesse russe, l’affaire Lagonico.

Envié et détesté

Tour à tour adoré, admiré, envié, détesté, l’ami d’Alain Delon et de Christophe Lambert, celui qui a cumulé les casquettes de ténor du barreau et de président du Servette Football Club, qui a reçu en 2005 la Légion d’honneur des mains de Jean Piat, sociétaire de la Comédie française, était attendu au tournant.

Et le tournant s’est produit le 2 janvier 2013. Alors qu’il avait quitté le Barreau et Genève pour une semi-retraite aux Bahamas qu’il avait imaginée paradisiaque, il est terrassé par un accident vasculaire cérébral à Nassau. Hémiplégique, il se retrouve très diminué, physiquement et psychiquement. Depuis, son caractère était devenu plus sombre, plus impulsif et irritable. Le 2 janvier 2016, dans la suite médicalisée de La Réserve à Bellevue, après une altercation, il fait feu avec un revolver sur son aide-soignante, sans la blesser. Il est reconnu coupable, en octobre 2016, de tentative de meurtre par dol éventuel et condamné à une peine de prison de 30 mois, dont 6 mois ferme. Une peine suspendue au profit d’un traitement en institution.

«Il n’a pas souffert du tout, il est parti paisiblement.»

Béatrice Barton

«Je n’ai jamais rencontré une personnalité aussi complexe, confie depuis la Californie son amie de toujours Béatrice Barton avec laquelle il a réalisé d’innombrables émissions à la RTS. Jamais je n’ai connu quelqu’un qui a vécu des hauts aussi hauts et des bas aussi bas, une figure tragique.» En ce qui concerne ses derniers jours, elle rassure: «Il n’a pas souffert du tout, il est parti paisiblement.»

C’est dimanche 6 mars au soir que Dominique Warluzel a commencé à se sentir mal alors qu’il occupait sa suite attitrée à l’hôtel Métropole. Il est décédé mardi matin aux soins intensifs des HUG d’un infarctus intestinal suivi d’un choc septique. Son épouse, Corinne, a veillé sur lui toute la nuit.