Etre à la fois au centre et dans certaines marges du cinéma français populaire. Telle fut la paradoxale position de Serge Korber, mort dimanche 23 janvier à Brens dans le Tarn. Il était né à Paris le 1er février 1936. Il fut, enfant, caché par une famille du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) qui le sauva des persécutions antisémites de l’Occupation. Il entre, au début des années 1950, à l’école Boulle à Paris. Durant sa jeunesse, il rencontre les cinéastes François Truffaut et Claude de Givray tout autant qu’il fréquente une certaine avant-garde artistique et littéraire. Il participe ainsi à la genèse du premier court-métrage de Guy Debord, qu’il a rencontré en 1959, Sur le passage de quelques personnes à travers une assez courte unité de temps. Debord va finalement écarter Korber, qui espérait cosigner le film, en lui reprochant d’avoir empoché une partie de l’argent de la production.
A partir de 1960, il travaille à l’Olympia, où il organise concerts et tours de chant. Il fait une apparition dans Tire-au-flanc 62 (1961), de François Truffaut et Claude de Givray, dont il devient l’assistant et le coauteur de son film Une grosse tête (1962). Il apparaît également dans Cléo de 5 à 7 (1962), d’Agnès Varda, au côté de Michel Legrand dont il écrit les paroles de certaines chansons. C’est en 1966 qu’il réalise son premier long-métrage grâce à Jean-Louis Trintignant, Le Dix-Septième Ciel. Puis, pour Alain Poiré, producteur à la Gaumont, il signe Un idiot à Paris l’année suivante, d’après un roman de René Fallet adapté par Michel Audiard, déambulation parisienne et poético-burlesque d’un naïf incarné par Jean Lefebvre. Suivra La Petite Vertu (1968), une adaptation d’un roman de James Hadley Chase avec Jacques Perrin et Dany Carrel.
Louis de Funès va tourner deux longs-métrages avec Serge Korber, qui comptent parmi les plus expérimentaux de l’acteur comique
Après le succès du Corniaud, de La Grande Vadrouille et des Fantômas, Louis de Funès aurait proposé à Alain Poiré de lui confier la réalisation de son prochain film. L’acteur comique a en effet été sensible à l’originalité d’Un idiot à Paris. Il voulait, dira Korber, « faire un film de jeune avec un nouveau réalisateur ». Il va tourner deux longs-métrages avec lui, qui comptent parmi les plus expérimentaux du comédien. L’Homme-orchestre en 1969 plonge de Funès dans le monde de la comédie musicale sur des partitions de François de Roubaix. Si l’entente entre le réalisateur et la star fut parfaite, Korber racontera pourtant que de Funès multipliait sciemment les prises, faisant ainsi durer le tournage pour se venger du producteur qui avait refusé de l’augmenter.
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