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Côté cours - Dans l’ancien royaume du Dahomey, on ne dit pas que le roi est mort

L'ex-roi du royaume de Dahomey Béhanzin.
L'ex-roi du royaume de Dahomey Béhanzin. © MARY EVANS/SIPA
Stéphane Bern , Mis à jour le

Le 17 décembre dernier, le roi du Bénin Sagbadjou Glélé est décédé. Chaque semaine, Stéphane Bern décrypte l'actualité royale avec un nouveau rendez-vous : Côté Cours.

Au Bénin , dans l’ancien royaume du Dahomey, on ne dit pas que le roi est mort. Selon les us et coutumes locales, par respect pour son caractère sacré, il faut utiliser des expressions plus nuancées comme « la nuit est tombée sur Abomey », la capitale de ce royaume vieux de quatre siècles, autrefois connu sous le nom de royaume du Dahomey (ancien nom du Bénin). Le 17 décembre dernier, le roi Sagbadjou Glélé est décédé à un âge certes avancé mais dont l’exactitude reste incertaine – 86 ans, selon l’un de ses frères. Le petit-fils du roi Glélé, était monté sur le trône en 2019 de l’ancien royaume béninois d’Abomey. Son absence, il y a quelques jours, lors de la cérémonie divinatoire traditionnelle Houéfa – qui permet au Bénin de franchir le seuil de la nouvelle année dans la paix - avait inquiété les Béninois.

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Le roi Sagbadjou Glélé n’a pas régné longtemps

Selon les traditions locales, qui perdurent dans cet ancien royaume d’Abomey, la nuit est tombée sur le royaume depuis sa disparition. Le jour ne se lèvera pas tant que les funérailles définitives du roi n’auront pas lieu, c’est à dire qu’aucune manifestation publique ne pourra être organisée. Le roi a toutefois déjà été enterré provisoirement. Le roi Sagbadjou Glélé n’a pas régné longtemps, seulement deux ans. Son prédécesseur, le roi Dédjalagni Agoli-Agbo avait régné 8 ans avant de décéder en 2019. Le roi Sagbadjou Glélé avait été désigné le 12 janvier 2019, parmi 11 prétendants au trône, lors d’un conseil des sages de la famille. « La royauté est en deuil. Le roi d'Abomey, le souverain Kêfa Sagbadjou Glèlè a rejoint ses ancêtres, vendredi 17 décembre », a déclaré à l'AFP Dako Kpogbémambou Vovoweyenonsin, haut-dignitaire de la royauté dans le département du Zou (sud), la voix brisée par l’émotion. Intronisé en janvier 2019 à l'âge supposé de 84 ou 90 ans, Dadah Sagbadjou Glèlè, prêtre de formation, a succédé à l'ancien roi Dadah Dédjalagni Agoli-Agbo, décédé en juillet 2018 après près de trente ans de règne. La mort du souverain survient un mois après sa dernière apparition publique à l'occasion du retour à Cotonou, la capitale économique, de 26 trésors royaux d'Abomey pillés par les troupes coloniales françaises au XIXe siècle et exposées jusque-là au Musée Jacques Chirac du Quai Branly. Après la cérémonie de restitution, entérinée par une loi votée en décembre 2020 par le Parlement français, il avait fait part de sa vive émotion : « Je ne peux expliquer la joie qui m'étreint. Ces objets étaient destinés dès leur départ à un retour. Tôt ou tard, ils devaient rentrer pour que s'accomplissent les paroles dites par nos ancêtres». Pour l'heure, aucune date n'a été communiquée pour l'organisation des hommages publics, cérémonies et rituels relatifs à ce décès qui précèdent traditionnellement la désignation d'un nouveau roi. Héritier d'une longue lignée de monarques, Dadah Sagbadjou Glèlè était le dernier petit-fils direct du roi Glèlè, père du roi Béhanzin qui avait été déporté lors de la lutte coloniale contre la France, mettant fin au pouvoir politique du royaume. Le 17 novembre 1892, le roi Béhanzin, avait refusé de se soumettre aux colons français qui ont pillé son palais, rapportant en France, notamment, une statue royale mi-homme mi-oiseau du roi Ghézo, des portes de palais du roi Glèlè (1880-1889) ou le trône du roi Béhanzin. Celui-ci régnait sur le royaume de Dahomey depuis la mort du roi Glélé en 1889, qui avait lui-même déjà cédé Cotonou aux Français en 1868.

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Ce royaume, formé au début des années 1600 dans le sud de l’actuel Bénin, sera ensuite intégré comme « colonie du Dahomey » au sein de l’Afrique-Occidentale française. Après s’être rendu au général français Alfred Dodds, le roi Béhanzin a terminé sa vie en exil, en Martinique et en Algérie avant de mourir en 1906. De nos jours, la Constitution béninoise ne reconnaît pas de pouvoir politique aux rois et autres chefs traditionnels. Mais ils conservent une grande influence sur la vie de la cité. En août 2018, quelque 30.000 personnes, dont de nombreux membres du gouvernement et députés étaient venus se recueillir à Abomey pour un dernier hommage à Dadah Dédjalagni Agoli-Agbo. Après son accession au trône en 1989, ce roi populaire avait travaillé à la rénovation de plusieurs palais, dont certains sont devenus une priorité touristique. D’ailleurs, les œuvres historiques restituées par la France devraient être, à terme, exposées dans un nouveau musée à Abomey, construit dans l'ancien palais royal des rois du Dahomey, dans les terres.

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