Résistante, déportée et longtemps présidente du Comité international de Ravensbrück, Annette Chalut est morte à Paris, le 8 novembre, à l’âge de 97 ans.
Née à Paris le 29 avril 1924 au sein d’une famille d’origine juive très attachée aux idéaux républicains, elle grandit avec une conscience aiguë des valeurs que la xénophobie, le racisme et l’antisémitisme bouleversent dans les années 1930.
Son père, Pierre Weill (1894-1944), a combattu pendant la Grande Guerre, dans le 39e régiment d’infanterie et, très patriote, emmène les siens chaque 11-Novembre aux cérémonies commémoratives. En 1939, il est interprète auprès de l’armée anglaise mais, malgré les mises en garde, refuse de quitter la France. Arrêté en décembre 1941 par la Gestapo en raison de ses ascendances juives et interné à Compiègne (Oise), il est toutefois libéré trois mois plus tard grâce à l’intervention de son épouse, et décide de s’engager dans la Résistance : « Si l’on m’arrête encore, ce sera pour une bonne raison ! »
Cap sur la zone libre et Clermont-Ferrand, où Annette prépare le certificat d’études physiques, chimiques et biologiques (PCB), prérequis pour l’inscription en faculté de médecine. Mais le programme diffère de celui de Paris, son dossier semble égaré et son avenir compromis. Furieux, Pierre Weill cherche une autre ville universitaire où il pourra aussi efficacement poursuivre son implication de résistant. Ce sera Toulouse et l’accès à la faculté, tandis que le père d’Annette, germanophone, devient le secrétaire de l’aumônier des camps de la zone libre.
Faux papiers
Mais l’invasion en novembre 1942 de cet espace jusque-là soustrait aux Allemands change la donne. Pour préserver les juifs de la déportation, sous le couvert de l’aumônerie, avec l’abbé Alphonse Lagarde, et avec le soutien de l’évêché, Monseigneur Saliège (1870-1956) condamnant sans ambiguïté les persécutions antisémites, Pierre et ses filles, Lise et Annette – elle prend le pseudonyme de « Warnod » –, procurent alors de faux papiers aux internés pour qu’ils puissent se cacher, voire passer la frontière espagnole.
Victime d’une dénonciation, Annette Weill est arrêtée à Toulouse, comme son père, sa sœur et l’abbé Lagarde, le 8 mars 1944, incarcérée à la prison Saint-Michel, où elle est interrogée par la Gestapo avant de partir en déportation, en passant par le fort de Romainville, camp de triage avant Ravensbrück, deux mois plus tard. Ses faux papiers sont cependant suffisamment bien faits pour qu’on ne remonte pas à sa véritable identité et elle n’est pas identifiée comme juive.
Il vous reste 42.95% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.