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Le portrait de "Marie-Antoinette à la rose" fut peint pour étouffer un scandale

Détail du tableau «Marie-Antoinette à la rose» par Elisabeth Vigée Le Brun (Versailles, musée du Château)
Détail du tableau «Marie-Antoinette à la rose» par Elisabeth Vigée Le Brun (Versailles, musée du Château) © Photo Josse / Leemage via AFP
Dominique Bonnet , Mis à jour le

Il est l’un des portraits les plus célèbres de l’épouse du roi Louis XVI. Mais on ignore souvent que Mme Vigée Le Brun peignit son «Marie-Antoinette à la rose» pour étouffer un scandale causé par un tableau précédent.

«Impudique, indécente, choquante; en un mot: transgressive». Telle est la manière dont la reine Marie-Antoinette est jugée, le 25 août 1783, sur son nouveau portrait lors de l’ouverture du Salon de peinture et sculpture, manifestation artistique majeure où il est exposé, raconte Cécile Berly dans son livre «La légèreté et le grave. Une histoire du XVIIIe en tableaux»*. Sur cette toile signée de la peintre Elisabeth Vigée Le Brun, l’épouse de Louis XVI apparaît vêtue d’une robe dite «en gaulle». Alors très à la mode, cette robe-chemise vaporeuse en coton se porte resserrée à la taille par un large ruban, sans corset ni paniers. N’ayant aucun bijou et coiffée d’un large chapeau de paille, la femme du souverain affiche sa grande liberté vestimentaire avec cette tenue qu’elle apprécie de porter dans son domaine de Trianon.

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De quoi susciter un véritable scandale. «On accuse alors Marie-Antoinette d’avoir posée nue, d’être vêtue comme une femme de chambre, voire comme une femme de mauvaise vie», explique l’auteur. Historienne spécialiste du XVIIIe siècle, celle-ci ajoute: «En quelques heures seulement, le portrait est rebaptisé "La France sous les traits de l’Autriche réduite à se couvrir d’une panne"».

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Mme Vigée Le Brun dût rhabiller Marie-Antoinette

Louis XVI ne tarde pas à demander que ce portrait soit décroché des cimaises du Salon et le fait ramener à Versailles. Après cette représentation de la reine de France jugée «indigne» de son rang, il est nécessaire de redorer très vite son image. D’autant qu’à l'époque elle est déjà fort impopulaire et largement détestée dans le royaume. Mme Vigée Le Brun reprend ses pinceaux en urgence. Si elle garde la même pose pour son royal modèle, le même cadrage et lui fait tenir de la même manière une rose, elle la rhabille complètement. L’épouse du monarque s’affiche cette fois comme il se doit, vêtue d’une robe d’apparat en soie moirée gris bleu aux reflets argentés, parée de perles et un chapeau à grandes plumes sur la tête. Ce tableau politiquement correct est exposé en septembre 1783. Intitulé «Marie-Antoinette à la rose», il est aujourd’hui le portrait le plus célèbre de celle qui fut la dernière reine de France. 

 

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«Marie-Antoinette à la rose», par Elisabeth Vigée Le Brun (Versailles, musée du Château)
«Marie-Antoinette à la rose», par Elisabeth Vigée Le Brun (Versailles, musée du Château) © Photo Josse / Leemage via AFP

* «La légèreté et le grave. Une histoire du XVIIIe en tableaux» de Cécile Berly, éditions Passés/Composés, sortie le 20 octobre 2021, 192 pages. En vente au tarif de 24 euros. Le XVIIIe siècle et ses innombrables contradictions s'y racontent à partir de dix tableaux, du «Pèlerinage à l’île de Cythère» d’Antoine Watteau à «La Mort de Marat» de Jacques-Louis David.

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