
« C’est en prenant part à la marche d’une société que l’anthropologue peut en saisir la dynamique profonde. » Cette réflexion d’Alban Bensa illustre la conception qu’il se faisait des sciences sociales et de leur pratique : une anthropologie politique, une anthropologie de l’action et des transformations sociales. L’ethnologue, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et spécialiste reconnu de la Nouvelle-Calédonie et de la société kanak, est mort le 10 octobre à Paris à l’âge de 73 ans.
Alban Bensa a consacré près de cinquante ans de sa vie de chercheur à l’étude de la culture, des mythologies et des systèmes sociopolitiques kanak. Un travail engagé en 1973, quand il arrive pour la première fois sur un territoire marqué par la violence de la domination coloniale. Mais ce qui est pour lui, au départ, un terrain et un sujet d’étude se transforme en un champ d’action qui l’oblige à se questionner sur sa propre pratique. L’anthropologie doit, professera-t-il dès lors, être replacée dans la « situation coloniale ».
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