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Critique : Dune (2021)

Mes souvenirs de Dune sont aussi éloignés que la présence de l’eau sur Arrakis. Je me souviens du flamboyant film de David Lynch en VHS, des yeux trop bleus de Kyle MacLachlan. Je me souviens surtout avoir passé des heures à extraire de l’épice tout en livrant bataille aux Harkonnen dans le jeu vidéo de Cryo Entertainment sorti en 1991. Mais ce sont des souvenirs flous et lointains. Quand je me suis assis dans la salle pour découvrir l’adaptation du roman de Frank Herbert par Denis Villeneuve, j’étais presque vierge de toute référence, espérant juste voir un Fremen chevaucher un ver des sables.

En quelques mots et pour ceux qui, comme moi, n’ont pas lu le bouquin, Dune raconte l’arrivée d’un clan, les Atréides, sur la lointaine planète Arrakis. Ils sont chargé par l’Empereur, un tyran galactique, d’extraire l’épice, une substance présente dans le sable de la planète qui permet le voyage spatial longue distance mais qui est aussi une forme de drogue. Là-bas, Paul Atréide découvrir qu’il est probablement l’Elu, lui qui a des visions du futur. Il va découvrir aussi un complot, et devoir fuir dans le désert.

On n’en dira pas d’avantage pour ne pas spoiler. Le pitch, résumé comme tel, parait simple. C’est manifestement la volonté de Denis Villeneuve qui a simplifié différents éléments du roman. On suit donc le héros dans une intrigue à la fois linéaire et complexe. Complexe car le réalisateur injecte abruptement différents concepts chers à Frank Herbert comme l’Ordre du Bene Gesserit (un groupe de prêtresses manipulatrices et possédant différents pouvoirs) et parce qu’il a beaucoup travaillé l’écriture et les visions de son personnage principal, Paul. A l’inverse, il a beaucoup simplifié les autres personnages et omis des éléments de l’intrigue (comme le voyage spatial réalisé grâce à l’épice) pour une histoire qui pourrait se résumer à une fuite dans le désert une fois les éléments de base posés. C’est à la fois une qualité pour les néophytes et un défaut pour les spécialistes de Frank Herbert qui vont grincer des dents.

Denis Villeneuve, épaulé par ses équipes techniques, dont Jacqueline West aux très beaux costumes et Greig Fraser à la photo, fait des choix visuels étonnants. Le réalisateur choisit des designs épurés, lisses, carrés. Efficaces mais sans la folie visuelle que le roman permettait. Il filme souvent en gros plans, s’arrêtant sur des détails, cherchant les flous, au ralenti pour donner à son Dune une impression de long métrage contemplatif, avec une ambiance presque zen. Là-aussi c’est un parti pris qui ne plaira pas forcément à tout le monde mais qui, à l’heure des blockbusters tous filmés de la même manière, à l’heure des réalisateurs interchangeables, il nous fait une véritable proposition intéressante. Dommage qu’elle soit affaiblie par un Hans Zimmer une nouvelle fois à la ramasse, bien décidé à recycler ses brouillons de Wonder Woman, usant de la combinaison choeur féminin plaintif + grosses percussions assourdissantes.

Peut-être que cette ambiance si particulière vieillira mal. Peut-être que dans vingt ans les designs trop carrés paraitront ridicules. Mais Dune version Villeneuve a comme grande qualité d’être un vrai film de réalisateur, avec une vision, guidé par des choix qui lui sont propres, permettant au résultat d’être aussi éloigné que possible des précédentes tentatives et d’éviter ainsi la comparaison. Aidé par un chouette casting (Chalamet est très bien mais Oscar Isaac et Rebecca Ferguson sont incroyables), il en résulte une adaptation qui parait d’abord très froide (dans tous les sens du terme) mais qui se réchauffe petit à petit, au rythme de l’avancée de Paul dans le désert. J’ai personnellement eu du mal à rentrer dedans mais une fois qu’on accepte les choix de Denis Villeneuve, on finit par se faire emporter par le périble du futur Muad’Dib.

Dune n’est pas sans défaut mais le cinéma de ces dix-huit derniers mois manquait … de grand cinéma. Peut-être que la pandémie traversée aide à apprécier le long-métrage mais bon sang que ça fait du bien de voir du grand spectacle dans une salle certes masquée mais pleine à craquer de gens venus apprécier, tous ensemble un résultat majestueux.

Dune, de Denis Villeneuve – Sortie le 15 septembre 2021

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