Dans les archives de Match - Quand le sourire de Beatrix sauvait la cour des Pays-Bas
Il y a 65 ans, la future reine Beatrix faisait ses premiers pas officiels de princesse. Son sourire avait illuminé une cour en pleine crise... Avec Rétro Match, suivez l’actualité à travers les archives de Paris Match.
Au cœur de l’été 1956, un rayon de soleil vient illuminer la cour des Pays-Bas : le sourire de la princesse Beatrix. À 18 ans, la fille de la reine Juliana entame sa carrière royale, par une longue journée pleine de rencontres, de bains de foule et de défilés. « Le 30 juin, la princesse Beatrix a fait à Amsterdam ses premiers pas officiels d'héritière. Elle a atteint en effet sa majorité, dix-huit ans, le 31 janvier : mais la reine et le prince avaient préféré attendre qu'elle ait passé avec succès son baccalauréat », explique Match, dans son numéro 379, daté du 14 juillet 1956, sous le titre « En un jour, le sourire d'une bachelière a effacé trois semaines dramatiques »… Car l’apparition lumineuse de Beatrix arrive au meilleur moment pour une monarchie néerlandaise en pleine crise. Quelques semaines auparavant, le journal allemand Der Spiegel avait en effet révélé l'inquiétante influence de «la Raspoutine de la reine Juliana»...
Cette conseillère occulte, Greet Hofmans, avait été introduite auprès de la souveraine en 1948, par son époux Bernhard. Un an plus tôt, la reine et le prince avaient accueilli une quatrième fille, Marijke, née aveugle d’un œil et malvoyante de l’autre, sa mère ayant contracté la rubéole pendant sa grossesse. La vision de Marijke s’aggravant, et Juliana s'enfonçant dans la dépression, Bernhard s’était tourné, désespéré, vers la prétendue guérisseuse. Au fil des années, Greet Hofmans s’était muée en confidente de la reine, puis en guide spirituel, influant sur les discours officiels de Juliana, faisant et défaisant les carrières des courtisans. La situation avait fini par provoquer une crise institutionnelle et familiale (on parle alors d’abdication et de divorce, le prince Bernhard, soutenu par Beatrix, étant devenu le plus farouche opposant à la gourou), et contraindre le parlement à faire le ménage dans la Maison royale...
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"Un jour de détente heureuse et la fin d'un cauchemar
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En juillet 1956, Match écrit : « Depuis que la presse mondiale avait révélé le drame de la Cour, la population était bouleversée devant l'épreuve de ses souverains qu'elle considère comme un événement intime dont personne n'avait le droit de se mêler. Tous les cœurs néerlandais se sont serrés en une véritable union sacrée autour du foyer royal. Ils ont attendu la première sortie de la princesse Beatrix, pour manifester leur amour à toute la famille d'Orange. Pour tous, le 30 juin fut un jour de détente heureuse et la fin d'un cauchemar. La famille royale parut tout entière aux yeux de son peuple. La reine Wilhelmine, qui n'était pas sortie de sa retraite depuis son abdication il y a 8 ans, avait choisi ce jour-là pour refaire, en même temps que sa petite fille, ses premiers pas officiels »
Notre envoyé spécial à Amsterdam, Paul Mathias, poursuit : « La journée de la princesse avait commencé par la visite du Musée d'Art moderne. Elle est, en effet, un excellent dessinateur et sculpteur sur pierre et sur bois. Chez le bourgmestre, elle présida gaiement un déjeuner d'étudiants et, dans l'après-midi, partagea leurs jeux et leurs chants. Pour toutes ces cérémonies, la reine Juliana et le prince Bernhard avaient quitté l'héritière, la laissant faire seule ses premiers pas de future souveraine. Ils devaient la retrouver le soir à l'Opéra, où elle était arrivée seule, comme une reine. »