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Prince Harry, les mémoires de la discorde

Le prince Harry
Le prince Harry © Jeremy Selwyn/Pool via REUTERS/File Photo
Stéphane Bern , Mis à jour le

L'annonce de la publication de mémoires par le prince Harry provoque de nouveaux remous. Chaque semaine, Stéphane Bern décrypte l'actualité royale avec un nouveau rendez-vous : Côté Cours.

Toute personnalité sujette à controverse ou en rupture de ban avec sa famille et son milieu est tentée à un moment ou un autre de se justifier pour répondre à l’Histoire. Et laisser un témoignage qui plaidera en sa faveur. Les Windsor n’échappent pas à la règle et c’est ainsi que le roi déchu Edouard VIII, devenu duc de Windsor, a publié en 1951 sa version des événements auxquels il a été mêlé sous le titre « Histoire d’un roi », avant que son épouse Wallis Simpson ne lui emboîte le pas en écrivant « le cœur a ses raisons ». Sarah Ferguson, ex-duchesse d’York avait fait de même en 2011 et tous ceux qui quittent le premier cercle magique de la royauté britannique – qui les emprisonne et les protège à la fois – peinent à résister aux chants des sirènes éditoriales qui achètent leurs souvenirs avec une dotation plus généreuse que l’allocation royale ! La maison d’édition Penguin Random House vient d’annoncer cette semaine que le prince Harry, duc de Sussex, publiera fin 2022 des mémoire s retraçant ses « erreurs » et les « leçons qu’il a apprises ». « J’ai porté de nombreuses casquettes au fil des ans, au sens propre comme au sens figuré, et j’espère qu’en racontant mon histoire – les hauts et les bas, les erreurs, les leçons apprises –, je peux aider à montrer que, quelles que soient nos origines, nous avons plus en commun que nous ne le pensons », a déclaré le prince, cité dans un communiqué de la grande maison d’édition américano-britannique.

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« J’écris ceci non pas comme le prince que je suis depuis ma naissance, mais comme l’homme que je suis devenu », a ajouté le prince Harry, 36 ans. Penguin Random House promet de son côté des « mémoires intimes et sincères » dans lesquels « le prince Harry partagera, pour la toute première fois, le récit définitif des expériences, aventures, pertes et leçons de vie qui ont contribué à le façonner ». Les mémoires, qui seront publiés dans le monde entier et dont les recettes iront à des œuvres caritatives, couvriront « sa vie sous les projecteurs, de l’enfance à aujourd’hui », notamment son « engagement militaire qui l’a mené deux fois sur les lignes de front en Afghanistan, et ses joies de mari et de père », selon Random House. Nul ne peut dénier au prince Harry le droit légitime d’écrire l’histoire de sa vie, même s’il n’a pas encore quarante ans. Mais ce qui interroge les Britanniques c’est sa promesse d’écrire toute la vérité, rien que la vérité sur son parcours… « Je suis profondément reconnaissant d'avoir l'opportunité de partager ce que j'ai appris au cours de ma vie jusqu'à présent et ravi que les gens lisent un récit de première main de ma vie qui soit exact et totalement véridique », a-t-il également déclaré dans le communiqué publié par Penguin Random House. Comme pour l’interview accordée à Oprah Winfrey, son livre reflétera certainement la vérité des Sussex mais pas nécessairement celle des autres, puisque le couple a, depuis lors, été pris en flagrant délit de distorsion de la vérité par les médias britanniques… Un dicton énonce qu’une « autobiographie ne révèle généralement rien de mal sur l'auteur, sauf sa mémoire ». Le témoignage de Harry sera une sorte de droit de réponse, un exercice de justification unilatéral, et assurément une tentative de regagner le cœur des Britanniques qui lui en veulent d’avoir déserté la mère patrie et trahi la reine autant que la Couronne. Si l’on en croit Camilla Tominey du « Daily Telegraph », « nous pouvons nous attendre à ce que tout le blâme soit attribué aux autres. Harry est censé partager ses erreurs – mais que se passe-t-il s'il hésite à en admettre ? Et après avoir passé une grande partie de sa vie d'adulte à dénoncer les atteintes à sa vie privée, on se demande comment il fait face aux éditeurs exigeant le moindre détail intime en échange de leur investissement de 20 millions de dollars ».

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De fait, pour un prince qui entendait sauver sa peau et celle de sa famille en fuyant les médias au Royaume-Uni, il est étrange qu’il se livre tout entier à la presse américaine et dévoile des pans entiers de sa vie privée à un éditeur. A moins que « l’homme qu’il est devenu » ait résolument voulu tourner le dos « au prince qu’il était à sa naissance », avec l’aide de son épouse Meghan Markle qui rêve secrètement de jouer un rôle politique de premier plan en Amérique. 

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Pourquoi un tel brûlot l’année même du jubilé de platine de la reine Elizabeth ?

Pour l’heure, la presse anglaise s’interroge sur l’opportunité de publier un tel brûlot l’année même du jubilé de platine de la reine Elizabeth qui fêtera donc en 2022 ses 70 ans de règne. Pour un jeune homme qui prétend aduler sa grand-mère, on pouvait espérer un autre cadeau. Il semblerait que Harry et Meghan ne voient aucune contradiction à se présenter sur le balcon du palais de Buckingham pour les célébrations du 70e anniversaire de la reine sur le trône en juin – pour ensuite potentiellement entraîner la famille royale dans la boue à l'automne. Derrière les portes du palais certains aimeraient déjà que l'invitation à assister aux festivités soit annulée – bien qu’on imagine mal le monarque de 95 ans couper les liens avec son petit-fils bien-aimé, sa femme et ses arrière-petits-enfants. La reine a rappelé que les Sussex resteront toujours « des membres très aimés de la famille », quelles que soient leurs tentatives pour tester la solidité de ces liens jusqu'aux extrêmes limites. On annonce pour les prochaines semaines une sanction, conséquence logique de l’abandon par Harry de ses fonctions constitutionnelles, le duc de Sussex devrait être privé de son droit d’être régent du royaume si son neveu Georges devait monter sur le trône avant son dix-huitième anniversaire. Les Windsor n’ont jamais été de fervents partisans du grand écart : ou on travaille pour la firme familiale, ou on s’en exclut. Il n’existe pas de demi-mesure. Harry semble avoir choisi l’Amérique et sa liberté, à commencer par celle de faire des affaires commerciales…

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