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George, l'atout coeur de la Cour

Dans les tribunes de Wembley à Londres, George, entre William et Kate, applaudit la victoire de l’Angleterre contre l'Allemagne, le 29 juin.
Dans les tribunes de Wembley à Londres, George, entre William et Kate, applaudit la victoire de l’Angleterre contre l'Allemagne, le 29 juin. © Daily Mail/Solo Syndication/ABACA
Stéphane Bern , Mis à jour le

Jusqu’à présent, les sorties en public du futur roi, troisième dans l’ordre de succession, étaient rares. Mais George aura bientôt 8 ans et ses parents le préparent en douceur à ses futures fonctions. De son éducation, subtil dosage entre tradition et modernité, dépend l’avenir de la monarchie.

L’image, symbolique, a fait le tour du monde. Ce 29 juin 2021, dans le stade londonien de Wembley, George de Cambridge , accompagné de ses parents, assiste à la victoire de l’Angleterre contre l’Allemagne à l’Euro 2020. Si la même passion du football unit père et fils, les Cambridge envoient un autre message à la nation : à la veille de ses 8 ans, le prince George assume sa position d’héritier en troisième du trône britannique. Comme autrefois, lorsque les princes « passaient aux hommes » en sortant de leur prime enfance protégée par les femmes, le fils aîné du duc et de la duchesse de Cambridge se prépare à son destin, tracé, de futur souverain d’une nation dont la Couronne et le football semblent les ultimes ciments.

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Ce huitième anniversaire marque une étape décisive dans la destinée de George. Si l’on en croit le biographe royal Robert Lacey, auteur de « La guerre des frères », William et Kate avaient tenu à attendre l’été de ses 7 ans pour discuter avec lui de son rôle ultérieur, estimant qu’il fallait choisir « le moment opportun » pour lui en parler. « William n’a pas révélé au monde comment et quand il a annoncé la grande nouvelle à son fils, écrit Robert Lacey dans son best-seller. Peut-être qu’un jour George racontera l’histoire lui-même. Mais, à l’été 2020, ses parents sont entrés plus en détail sur ce qu’une existence de service et de devoir impliquera. L’objectif de William était de donner à son fils une éducation familiale normale, permettant à la monarchie de rester pertinente et de suivre les temps modernes. »

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On peut cependant supposer que le prince, alors âgé de 6 ans, avait interrogé son père lorsqu’on lui a demandé, en décembre 2019, de prendre la pose dans la salle du trône de Buckingham Palace, aux côtés de son arrière-grand-mère la reine Elizabeth II, de son grand-père, le prince Charles, et, bien sûr, de son père. Cette image de Ranald Mackechnie, désignée comme « photo de quatre monarques », offre une perspective historique puisqu’elle souligne l’ordre immuable de la succession au trône à l’aube des années 2020. Très tôt, George a compris qu’un sort particulier lui était réservé, à la différence de sa sœur Charlotte et de son frère Louis. « Petit à petit, il a pris conscience de sa place à part » au sein de la famille royale et, si la Reine observe d’un œil attentif cet héritier que quatre-vingt-sept années séparent d’elle, elle demeure une grand-mère et une arrière-grand-mère aimante, attachée à sa nombreuse et turbulente tribu, comme l’était autrefois son aïeule et modèle, la reine Victoria…

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Sous l’objectif de sa mère, à Kensington Palace, le 21 juillet 2019. Il porte le maillot de l’équipe d’Angleterre de football
Sous l’objectif de sa mère, à Kensington Palace, le 21 juillet 2019. Il porte le maillot de l’équipe d’Angleterre de football © DR

Si George Alexander Louis, né le 22 juillet 2013, descend de Guillaume le Conquérant par son père, et s’il est issu des plus prestigieuses maisons royales et aristocratiques d’Europe et des îles Britanniques, il est surtout le premier prince dont le sang bleu s’est mélangé aux origines populaires et modestes des Middleton. C’est en cela que George de Cambridge contribue à réduire la fracture qui avait pu séparer les Windsor de la nation britannique. George semble répondre au vœu de la défunte princesse Diana qui espérait que ses enfants – et leurs enfants – partagent et comprennent la vie de leurs compatriotes. Une existence normale, donc, avec tout de même quelques règles strictes, notamment en matière de sécurité.

Si Diana avait dû batailler contre la tradition et la Cour pour obtenir le droit d’emmener avec elle William, 9 mois, lors d’un voyage officiel en Australie et en Nouvelle-Zélande, en 1983, trente ans plus tard, la duchesse de Cambridge n’a pas eu à lutter pour entamer le même déplacement avec George, 8 mois à l’époque. Très tôt, le prince a incarné l’un des astres montants des Windsor. On l’ovationne au balcon de Buckingham lorsqu’il apparaît dans les bras de sa mère à l’issue de Trooping the Colour, l’anniversaire officiel de la Reine, à partir de juin 2015. On vante son aplomb et son élégance en robe de chambre lorsque, le 22 avril 2016, il est présenté à Barack et Michelle Obama en visite à Kensington Palace… Suivront des visites officielles au Canada, puis avec Charlotte en Pologne et en Allemagne. George devient rapidement une icône de la mode et du marketing car, sans le vouloir, il remplit les caisses du pays : 3 milliards d’euros, estimait le cabinet Brand Finance en 2015, alors que le petit prince n’avait que 2 ans !

Portrait officiel des 90 ans de la Reine entourée de ses trois héritiers : Charles, William et George, 2 ans et demi. À Buckingham, en 2016
Portrait officiel des 90 ans de la Reine entourée de ses trois héritiers : Charles, William et George, 2 ans et demi. À Buckingham, en 2016 © DR

Enfant superstar, George doit grandir à l’abri des projecteurs de l’actualité, ceux-là mêmes qui ont consumé sa défunte grand-mère. À la rentrée 2016, il a d’abord été scolarisé à l’école maternelle Montessori Westacre, dans le Norfolk, non loin de la propriété des Cambridge sise sur les terres royales de Sandringham. Puis, lorsque les Cambridge se sont installés à Londres, dans l’appartement 1A du palais de Kensington, il s’est agi de chercher une école de qualité, guère éloignée du domicile et facilement sécurisée. Leur choix s’est porté sur l’établissement privé Thomas’s Battersea, dans le sud-ouest de Londres, où Kate pouvait le conduire facilement chaque matin. Le prince George s’y est épanoui pleinement, car on y veille à une éducation dans le plaisir d’apprendre et la bienveillance ; « Be kind » est la devise de l’établissement.

On le surnomme affectueusement « PG » – pour Prince George – et même « PG Tips », une marque anglaise réputée de sachets de thé ! 

Sa sœur Charlotte l’a rejoint en petite section, mais les deux ont été contraints par la crise sanitaire de faire classe à la maison, dans la propriété d’Anmer Hall, avant de retrouver leurs camarades à la rentrée 2020. Bénéficiait-il d’un traitement de faveur ? Il semble que non. George est traité à l’égal des six cents élèves de cette institution cinquantenaire qui accepte des enfants de 4 à 13 ans. George et Charlotte y étudient les mêmes matières que les rejetons du royaume, l’anglais, les mathématiques et les sciences ; toutefois, l’école développe leurs aptitudes en leur permettant d’apprendre le français, l’art, l’informatique, la technologie, le théâtre, l’expression orale ou le ballet, option choisie par le prince George.

Ce dernier, entré en grande section, apprécierait particulièrement son école où il s’est fait de nombreux amis… grâce, entre autres, à ses talents sportifs. Inscrit sous son nom de George Cambridge, on le surnomme affectueusement « PG » – pour Prince George – et même « PG Tips », une marque anglaise réputée de sachets de thé ! Le coût de la scolarité de George s’élève à 8 400 euros par trimestre, tandis que les Cambridge déboursent « seulement » 7 400 euros par trimestre. L’école leur a promis une réduction s’ils inscrivent leur troisième enfant, le prince Louis, à la rentrée prochaine. Ces sommes ne comprennent pas le coût de l’uniforme réglementaire : pull marine à bande rouge muni du sigle de l’établissement, une licorne rouge qui lit un livre.

Elizabeth II, 95 ans, au Royal Windsor Horse Show, le 1er juillet.
Elizabeth II, 95 ans, au Royal Windsor Horse Show, le 1er juillet. © Bestimage

William et Kate ne se seraient jamais chamaillés sur l’éducation qu’ils souhaitent donner à leurs enfants. Tous deux avaient été envoyés dans des écoles primaires privées, puis furent pensionnaires avant de fréquenter les bancs de l’université. Après avoir été inscrits à l’école préparatoire Wetherby School de Londres, les princes William et Harry avaient suivi les cours du collège-pensionnat de Ludgrove, Berkshire, où leur mère leur rendait visite chaque week-end. Cet établissement de bonne réputation avait naturellement mené les frères à entrer au prestigieux lycée d’Eton. Le prince de Galles, Charles, s’est réjoui du bonheur de George à fréquenter son école, car lui-même, après avoir été inscrit, enfant, à Hill House School, avait détesté Cheam School où son père, Philip, l’avait envoyé à 8 ans, sans parler du rugueux internat écossais de Gordonstoun où il se sentait si malheureux…

Désormais, il n’y a plus qu’une seule question qui vaille : William et Kate vont-ils, comme l’exige la tradition, envoyer le futur roi dans un pensionnat, une « boarding school », jusqu’à ses 13 ans ? La tendance n’est plus, de nos jours, à priver les enfants de leur cocon familial afin de les endurcir dans un collège « où ils se feront des amis pour la vie ». Les valeurs bourgeoises ont grignoté la froideur aristocratique. Certains suggèrent aux Cambridge d’expédier George dans le Norfolk, où se trouve l’excellente Wymondham Boarding School, qui a le mérite d’être un collège public. Là, il se confronterait à des gamins issus de toutes les couches sociales et origines, ce qui favoriserait son apprentissage royal.

Il paraît que George a eu la chance de tête-à-tête réguliers avec sa « Gan-Gan », c’est ainsi qu’il appelle son arrière-grand-mère la Reine

D’autres pensent que William et Kate, qui se sont rendus récemment dans le Berkshire pour visiter des écoles, pourraient y inscrire George à la rentrée prochaine. L’avantage de ce « comté royal », surnommé ainsi parce qu’il abrite le château de Windsor ? Sa proximité avec Londres. Et les grands-parents Middleton, qui résident non loin dans leur manoir de Bucklebury. Catherine, sa sœur Pippa et son frère James Middleton ont tous fréquenté des écoles préparatoires du Berkshire. Il suffirait que les Cambridge louent une maison de week-end ou qu’ils occupent une villa sur le domaine de Windsor, ce que la souveraine leur consentirait aisément.

La monarchie britannique fait sa mue post-Covid. La Reine et son fils Charles ont entamé une profonde réflexion pour que l’institution royale soit davantage en prise avec les attentes des citoyens. Il faut d’urgence tourner la page désastreuse des accusations proférées par les Sussex depuis leur paradis californien. Meghan pourra élever sans contraintes Archie et Lilibet Diana, puisque seuls les héritiers dans l’ordre de succession au trône, soit les enfants de William, ont droit à un titre princier avec prédicat d’Altesse royale… On se croirait un peu dans la série culte « Amicalement vôtre » : les deux cousins germains, George le Britannique et Archie l’Américain, mèneront des existences tellement différentes. Si le second jouira du statut d’enfant star sous le soleil du Nouveau Monde, le premier entre, le 22 juillet, dans l’âge de raison. En route vers les responsabilités, les devoirs, les inaugurations de plaques sous le crachin…

Il paraît que George a eu la chance de tête-à-tête réguliers avec sa « Gan-Gan », c’est ainsi qu’il appelle son arrière-grand-mère la Reine. Lui a-t-elle offert des « tips », des conseils, pour savoir comment saluer la foule, s’exprimer sans avis, écouter les complaintes des Premiers ministres sans jugement ? Mystère. Son éducation représente le grand enjeu de la monarchie. En cas de réussite, elle est le gage de sa pérennité. Voire de sa survie. 

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