Avec son compatriote Akira Suzuki et l’Américain Richard Heck, il était corécipiendaire en 2010 du prix Nobel de chimie pour leurs travaux sur la synthèse organique : le Japonais Ei-ichi Negishi est mort à Indianapolis, dimanche 6 juin, a annoncé vendredi 11 juin l’université de Purdue, dans l’Indiana, où il enseignait. M. Negishi était âgé de 85 ans. Sa famille prévoit de faire rapatrier son corps au Japon l’année prochaine, selon l’université Purdue.
Avec Akira Suzuki et Richard Heck, ils s’étaient vu attribuer le Nobel pour avoir créé un des outils les plus sophistiqués de la chimie, ouvrant la voie à des traitements du cancer et à des produits électroniques et plastiques révolutionnaires.
Leurs découvertes permettent à des centaines de scientifiques de synthétiser de nombreuses substances présentes dans la nature à travers le monde, des mers italiennes jusqu’aux océans des Philippines ou la jungle indonésienne de Bornéo, selon le comité Nobel.
M. Negishi avait comparé leur travail à un jeu avec « des legos (qui) peuvent être mis ensemble pour faire des choses de toutes les formes, tailles ou couleurs », note le communiqué de Purdue.
« Le monde a perdu un grand et charmant homme, quelqu’un qui a fait une différence dans la vie des gens en tant que scientifique et comme être humain », a noté le président de Purdue, Mitch Daniels. « Nous sommes attristés par son décès, mais reconnaissants pour ses découvertes, qui ont changé le monde », ajoute-t-il.
Arrivé aux Etats-Unis en 1960
Né en 1935 en Chine, à Hsinking, capitale de l’Etat fantoche du Mandchoukouo pendant l’occupation japonaise de la Mandchourie, le professeur Negishi avait grandi au Japon, où il avait terminé ses études secondaires, avant de rejoindre une entreprise de produits chimiques et pharmaceutiques, Teijin. Mais il s’était rapidement rendu compte que pour faire de la chimie de haut vol il lui fallait se rendre aux Etats-Unis « qui étaient à l’époque un pays dominant » en matière de recherche scientifique.
M. Negishi était arrivé aux Etats-Unis en 1960 pour étudier à l’université de Philadelphie, où il avait obtenu son doctorat en 1963. En 1979, il avait été nommé professeur à l’université de Purdue, dont il est par la suite devenu professeur émérite.
C’est en y côtoyant plusieurs lauréats du prestigieux prix qu’il avait acquis la certitude que le Nobel « n’est pas juste une fiction ». « C’est une réalité et, théoriquement, n’importe qui peut le recevoir, même moi », avait-il ajouté.
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