Crise sanitaire et systémique : pas de solution au sein du système !


… se généralise

= Penser combattre la société industrielle sans abolir le capitalisme ou vouloir l’abolir sans défaire celle-ci, recouvrer la liberté individuelle et collective permettant la maîtrise du destin de l’humanité sans supprimer l’État, prôner la démocratie directe ou l’autogestion généralisée sans sortir de l’économie et sans abolir l’argent, voilà l’essentiel des impossibilités pratiques que les alternatives émancipatrices devront assumer expérimentalement dans l’effondrement qui vient. =

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Réponses de Jacques Philipponneau au questionnaire de La Décroissance  envoyées le 12 février 2021 et refusées par son comité de rédaction

jeudi 18 février 2021, par Jacques Philipponneau*

Source :
https://www.lavoiedujaguar.net/Reponses-de-Jacques-Philipponneau-au-questionnaire-de-La-Decroissance-envoyees

La Décroissance : Selon vous, « l’aspect positif de cette crise qui ne fait que commencer [c’est] la défiance générale devant les mensonges inouïs du gouvernement et son incompétence criminelle, la constatation de l’impuissance de l’État en situation d’urgence et l’évidence que la réactivité, l’initiative, le bon sens, la solidarité sont venus de la société en dépit de toute les obstructions administratives des bureaucraties étatiques [1] ». N’est-ce pas plutôt le fait que nous ayons été transformés en « moutons paranoïaques infantilisés » ainsi que vous l’écrivez également ?

Jacques Philipponneau : Les détournements divers des absurdités gouvernementales durant le premier confinement rappellent la créativité remarquable de l’humour soviétique quand la liberté d’expression tenait sa cour dans les cuisines d’appartements. Pour une part de notre vie récente nous en étions là et, en paraphrasant Freud, il s’agissait d’une sorte de victoire paradoxale de la conscience dans des conditions désespérantes.

Accorder crédit aux fantasmes de domination totale (tout à fait réels, comme rêves, ainsi que l’ont été d’innombrables projets de même nature depuis que la société de classes existe) est l’autre versant, défaitiste, d’une compensation psychologique de la conscience isolée et impuissante, dont l’humour noir représente le côté jubilatoire de la vie malgré tout.

LD : Ce projet de domination totale est bien réel…

JP : Il n’est pas question de nier l’existence de ces projets dans les anciennes démocraties représentatives puisqu’elles jalousent ouvertement l’efficacité supposée d’un totalitarisme asiatique réalisé. Déjà les jésuites enviaient la mécanique totalitaire de l’Empire chinois, qu’ils pensaient pouvoir mettre à leur service ; mais comme on sait il est loin du rêve à la réalité et la fin de l’histoire est celui inaccessible de toutes les dominations.

Il est évident qu’il existe une conjonction objective entre les trois sujets automates produisant cette évolution rapide : des États en quête de contrôle social achevé, le capitalisme des nouveaux marchés de la numérisation complète de l’existence et la techno-science au service des deux précédents, poursuivant son idéal de réduction de la vie à un pur fonctionnalisme biologique.

Mais concevoir une société numérisée totalitaire capable réellement d’exclure toute possibilité de renversement, c’est leur prêter une conscience supra-historique unifiée dont ils sont bien incapables. Il n’y a évidemment aucun complot devant des programmes si anciennement publics, si constamment réitérés, si complaisamment promus par les médias et si bien acceptés majoritairement.

Le « great reset » dont vous vous faites l’écho acte l’effondrement effectif de toutes les stabilités qui ont permis le maintien et la transformation conflictuelle de la société industrielle depuis deux siècles.

La domination est devenue ouvertement catastrophiste et, par la force des choses, elle doit intégrer le réformisme écologique dans cette sur-bureaucratisation du monde seule à même de gérer, dans cette société, les catastrophes qu’elle produit.

Cet écologisme de caserne, normatif et culpabilisant, dernier avatar du péché chrétien (les indulgences pontificales du bilan carbone, le flygskam — la honte de prendre l’avion du luthérianisme nordique —, la niaiserie antispéciste anglo-saxonne) qui n’attaque jamais frontalement l’État ni le capitalisme, mais seulement leurs « dévoiements » ou leurs « excès », remplace la vieille social-démocratie morte à la tâche dans sa fonction intégrative à la société telle qu’elle est.

La crise sanitaire actuelle (quelle que soit son origine et la gravité qu’on lui accorde) a contraint la domination à afficher son programme. Sa conception de la vie.

Elle se résume à celle-ci : le mode de vie industriel n’est pas négociable et les représentations catastrophistes, si complaisamment diffusées depuis une dizaine d’années, ne sont pas conçues pour y faire renoncer mais pour faire accepter les restrictions et aménagements qui permettront de le perpétuer. En gros, faire régresser la liberté humaine à sa seule fonction animale de « conserver l’espèce », la « vie nue » réduite à sa seule réalité biologique : l’exemple le plus trivialement actuel en est le lâche soulagement devant une vaccination — de fait obligatoire — permettant de retrouver la vie « normale ».

LD : Vous pensez qu’un tel projet ne se réalisera pas ?

JP : Un tel projet ne va pas de soi car, pour être efficace, il supposerait une sorte de gouvernement mondial dont on ne voit pas aujourd’hui l’amorce d’un commencement. Mais bien entendu le plus grand obstacle à un tel « reset » réside dans l’acceptation pérenne des populations à un tel programme. Tout changer pour que rien ne change, c’est-à-dire agir radicalement pour la perpétuation d’une société hiérarchisée n’est cependant jamais sans danger.

La sidération du printemps dernier devant la saturation des hôpitaux et les prévisions apocalyptiques (500 000 décès pronostiqués en Grande-Bretagne et en France par l’Imperial College) a transformé dans un premier temps l’immense majorité de la population en un troupeau apeuré. Mais le temps passant, face à une propagande mondiale inédite et un ministère de la vérité chassant toute opinion critique (assimilée à un complotisme délirant), de nombreux réfractaires à la tyrannie sanitaire ou hérétiques de l’officielle non-pensée médicale se sont malgré tout manifestés de très diverses façons.

Il n’y a à ce jour pas de point de vue unifié — et c’est heureux — d’une autre conception de la vie face à l’abjection qui nous est proposée, mais un refus minoritaire plus ou moins conscient, plus ou moins global d’une totalité mortifère où le renoncement à la liberté ne garantit en rien quelque sécurité que ce soit.

Cette liberté qui s’en va et cette sécurité qui disparaît vont certes rassembler le parti de la peur autour de solutions autoritaires mais aussi multiplier déserteurs pratiques (quand c’est possible) et dissidents de la pensée (c’est toujours possible) dans un parti de la résistance active. C’est en cela que notre époque est profondément historique sans qu’il n’existe bien entendu aucune certitude quant à l’évolution de ce conflit.

LD : Vous écrivez que « si toutes les révoltes que l’on a vues de par le monde depuis deux ans […] ont toutes échoué c’est parce que la question fondamentale de toute insurrection — quelle société voulons nous ? — est restée et reste encore partout sans réponse positive devant l’immensité et la complexité de la tâche ». Pour vous, la seule voie émancipatrice tient dans « la destruction rationnelle de la société industrielle ». Qu’entendez-vous par là ? Et comment (commencer à) s’y prendre ?

JP : Il n’y a non plus ni programme ni recette pour sortir de la société industrielle, tout au plus quelques grandes orientations (connues de tous) impossibles à mettre en œuvre (sauf marginalement et partiellement) avec la célérité et l’énergie que l’urgence implique, sans une transformation révolutionnaire de la société.

Penser combattre la société industrielle sans abolir le capitalisme ou vouloir l’abolir sans défaire celle-ci, recouvrer la liberté individuelle et collective permettant la maîtrise du destin de l’humanité sans supprimer l’État, prôner la démocratie directe ou l’autogestion généralisée sans sortir de l’économie et sans abolir l’argent, voilà l’essentiel des impossibilités pratiques que les alternatives émancipatrices devront assumer expérimentalement dans l’effondrement qui vient.

Notes

[1] « Lettre à Piero… d’ici et d’ailleurs », 22 janvier 2021.

*Jacques Philipponneau, auteur de Relation de l’empoisonnement perpétré en Espagne et camouflé sous le nom de syndrome de l’huile toxique (1994), a participé à l’Encyclopédie des nuisances.

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Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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4 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

12 Réponses to “Crise sanitaire et systémique : pas de solution au sein du système !”

  1. Préparant un petit PDF avec une info du cru justement sur la vaccination qui serait la SEULE solution, et dans un département, la Charente Maritime de l’aveu même de son Président de la Communauté des Communes de Haute-Saintonge (qui est la plus grande de France) Claude Belot, Président Honoraire du Conseil Départemental, Sénateur honoraire de la Charente-Maritime = TOTALEMENT épargnée par les vagues successives imaginaires mais confinée comme tout le monde !

    J’ai découvert cette perle ; Un shooting photo nu pour sensibiliser au cancer de la prostate à La Rochelle ► https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/un-shooting-photo-pour-sensibiliser-au-cancer-de-la-prostate-a-la-rochelle-1613405400

    Et je vous le donne en mille mes Émile, les gonzes sont totalement à poil… Mais masqués !

    https://cdn.radiofrance.fr/s3/cruiser-production/2021/02/e6d37ea2-5a4c-4c06-babe-27954f24f5db/870x489_prostate.webp

  2. … Claude Belot est aux manettes depuis près de 30 ans !

    Suite à l’article paru dans « Sud Ouest », le journal satirique revient sur sa disparition dans les kiosques jonzacais mercredi 12 mars

    « Le Canard enchaîné » récidive et en remet une couche sur le maire Claude Belot et son fils, dans son édition parue ce mercredi. En Une du journal, en bas, juste au-dessus de la rubrique « Le Mur du çon », un petit article intitulé « Chasse au Canard » reparle de Jonzac, commune décidément vedette de la publication satirique.

    Rappelons l’affaire : la Communauté de communes de Haute Saintonge, présidée par Claude Belot, fait travailler une société dont son fils est consultant. Y a-t-il en la matière conflit d’intérêts ? C’est la question que notre journal posait le 5 mars. Mercredi 12 mars, « Le Canard Enchaîné » revenait à la charge sous le titre « Un bon maire de famille ». Mais le matin de la parution, il était quasiment impossible de trouver un seul numéro de l’hebdomadaire parisien dans les dépôts de vente de Jonzac. Dès l’ouverture, dans chacun des magasins, une personne s’est présentée pour acheter tous les exemplaires. Une chasse au « Canard » matinale confirmée par au moins deux dépôts de vente.

    Ainsi ces quelques mots dans « Le Canard » de cette semaine : « Le sénateur maire (UMP) et candidat à sa réélection, Claude Belot, ne voulait peut-être pas que ses administrés aient de mauvaises lectures. »

    Entre autres phrases choisies dans « Le Canard » du jour : « Mais Papa Belot balaie toute accusation d’un revers de plume. Il n’a pas organisé la razzia, car l’article « ne casse pas quatre pattes à un… canard », assure ce grand marrant, dans « Sud Ouest ». »

    Et donc ce M. nous assène que : « la vaccination constitue une vraie lueur d’espoir. En moins d’un an, le génie humain a réussi à mettre au point plusieurs vaccins efficaces (keskilensai). C’est une première dans l’histoire de la science et de la biologie (Et alors ?).

    Retrouver le plus rapidement possible notre dynamique d’antan passe par une campagne de vaccination massive L’objectif que la moitié au moins de la population soit vaccinée d’ici l’été me parait indispensable. […]

    J’invite tous nos concitoyens – et particulièrement nos ainés de plus de 75ans – à se faire vacciner et ne pas se laisser envahir par des peurs irraisonnées. Dépêchons-nous d’ouvrir l’après-Covid qui sera une période heureuse. Les solutions sont entre nos mains.

    Nanméo ?

    Vous voyez que partout c’est le même discours.

    Oui, la solution est entre nos mains = C’est de refuser l’inoculation déjà.

    Comme je l’ai rappelée dans ma publication du jour ;

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