Le journaliste, compositeur et designer sonore Louis Dandrel est mort, chez lui, à Paris, vendredi 22 janvier, à l’âge de 82 ans. Souffrant de la maladie d’Alzheimer, ce passionné de musique de tous styles n’avait pas renoncé à aller au concert où on pouvait encore le croiser, il y a une quinzaine de mois, au bras de son épouse Fabienne Pascaud, directrice de la rédaction de Télérama. Si le regard s’était un peu éteint, l’oreille avait conservé une capacité d’émerveillement qui datait de l’enfance et qui l’avait conduit du journalisme au design sonore, un art en devenir dont il fut le pionnier en France.
Qualifié de « Cousteau des sons » pour sa volonté de sonder le monde environnant avec un micro ou de « L’Ouïe Dandrel » pour son inépuisable créativité dans le domaine de la perception auditive, il a laissé sa patte dans de nombreux lieux publics, tels que la Géode de La Villette et la gare Magenta, l’une et l’autre à Paris.
Louis Dandrel fait ses premiers pas pendant la guerre et saisit ainsi le pouvoir de l’oreille
Louis Dandrel naît le 11 janvier 1939 à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir). Il fait ses premiers pas pendant la guerre et saisit ainsi le pouvoir de l’oreille. Réfugié dans les abris au moment des bombardements, il ne voit rien de ce qui se déroule à l’extérieur mais il est fasciné par le bourdonnement des avions qui approchent et par le tremblement du sol qui suit l’explosion des bombes. A l’occasion, il se glisse même dans la rue pour assister à un spectacle sonore qu’adulte, il qualifiera de « prodigieux ». Dans la maison que sa famille partage avec les Allemands, un piano a été abandonné par son propriétaire au moment de l’exode. L’instrument attire d’autant plus l’enfant que l’un de ses frères, principalement violoniste, le fait sonner de temps à autre.
A 5 ans, Louis Dandrel parvient fièrement à jouer Le Petit Ane blanc (1922), de Jacques Ibert, en se mettant à genoux sur le tabouret du piano. Plus tard, ce sera le tour des standards de ce jazz que les Américains ont laissé derrière eux et qui déplaît tant à son père, lequel répond par un grand coup de pied dans le derrière au souhait émis par l’adolescent : faire de la musique son métier.
Révolution à France Musique
Le bac en poche, Louis Dandrel fait sa valise et part étudier à Paris. Au Conservatoire, dans les classes d’harmonie, de contrepoint et de composition, et à la Sorbonne, où il décroche une licence de lettres complétée par un certificat d’ethnomusicologie. Considérant que la musique « ne paie pas », il mise sur sa plume pour gagner sa vie et entre au Monde, en 1965, comme chroniqueur musical. Très vite, il découvre la difficulté d’écrire sur la musique sans recourir à des considérations techniques au point de s’essayer, pendant quelques mois, comme critique de théâtre, pour le même quotidien.
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