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Déficit de l’Etat : du jamais-vu depuis 1945

La crise sanitaire a entraîné une hausse des dépenses publiques et une baisse des recettes fiscales. L’Etat devra emprunter cette année 260 milliards d’euros pour faire face au déficit du budget et au remboursement de sa dette.
par Franck Bouaziz
publié le 20 janvier 2021 à 19h25

C’est l’heure des comptes. A l’image d’une entreprise qui clôture son bilan, l’Etat diffuse le solde d’un exercice budgétaire 2020 plutôt mouvementé. L’année s’est achevée sur un déficit de l’Etat historique de 178 milliards d’euros. Il faut, selon le ministère de l’Economie et des Finances, remonter à la Seconde Guerre mondiale pour retrouver un gouffre équivalent entre les recettes d’un côté et les dépenses de l’autre. La faute à une crise sanitaire imprévue et deux confinements qui ont raréfié les rentrées fiscales et multiplié les dépenses pour éviter un effondrement économique et social.

Une baisse des recettes

Lorsque, à l’automne 2019, les parlementaires discutent du projet de loi de finances pour 2020, personne n’a, en effet, entendu parler du Covid-19. Le déficit de l’Etat inscrit n’est alors que de 85 milliards. Il a donc plus que doublé, pour atteindre 178 milliards : les dépenses ont augmenté de 44 milliards afin de financer les mesures de soutien à l’économie telles que le fonds de solidarité destiné aux entreprises contraintes de baisser leur rideau, l’activité partielle de 8,4 millions de salariés ou encore les aides d’urgence à de grandes entreprises comme Air France, la SNCF ou encore EDF.

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Côté recettes, le manque à gagner est de 37 milliards d'euros. La TVA a rapporté 12,2 milliards de moins que prévu et l'impôt sur les bénéfices des entreprises accuse une baisse de rentrées de 11,9 milliards. En revanche, l'impôt sur le revenu ne recule que de 1,5 milliard d'euros. Pour encaisser le choc, pas moins de quatre budgets rectificatifs ont dû être adoptés par le Parlement. La rallonge a même été plus large que prévu. Il sera possible de reporter 28 milliards d'euros de crédit non dépensés en 2020 sur le budget 2021.

260 milliards d’euros d’emprunts

Ce petit bonus sera le bienvenu puisque les restrictions actuelles – couvre-feu généralisé à 18 heures, maintien de la fermeture des stations de ski… – vont entraîner des coûts supplémentaires. L'Etat devrait sans doute choisir de poursuivre l'indemnisation des communes qui disposent de remontées mécaniques.

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L’écart croissant entre les recettes et les dépenses va se traduire, en 2021, par un recours accru à l’emprunt. Les besoins de financement de l’Etat atteindront 260 milliards d’euros. Une somme à aller chercher sur les marchés financiers. Elle viendra s’ajouter à une dette totale de l’Etat qui a déjà atteint 2 000 milliards d’euros. Seule consolation : l’Etat s’endette toujours à taux négatifs à court terme (des prêts d’un an ou moins). Ces derniers avoisinent -0,6%, ce qui signifie qu’à l’échéance de ces financements, la maison France remboursera légèrement moins que ce qu’elle a emprunté. Donc aura gagné de l’argent.

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