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Barbara Rose, critique et historienne d’art, est morte

Son nom et son action sont indissociables des avant-gardes new-yorkaises des décennies 1960 et 1970.

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Publié le 29 décembre 2020 à 12h40

Temps de Lecture 3 min.

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La critique d’art Barbara Rose, aux côtés de Frank Stella (gauche) et Larry Poons, le 2 février 1963.

La critique et historienne de l’art américaine Barbara Rose est décédée dans la nuit du 25 au 26 décembre à Henniker (New Hampshire) après une longue maladie. Son nom et son action sont indissociables des avant-gardes new-yorkaises des décennies 1960 et 1970, à la compréhension desquelles elle a consacré sa vie. Elle venait d’achever un volume de mémoires intitulé, non sans ironie, The Girl Who Loved Artists.

Née le 20 juin 1936 à Washington, elle accomplit d’abord un parcours universitaire sans faute : Smith College, Columbia University. En 1961, elle obtient une bourse Fulbright pour poursuivre sur place ses recherches ayant pour thématique la peinture espagnole du XVIe siècle. Mais, à cette date, elle est déjà la compagne du peintre Frank Stella, son exact contemporain, rencontré à la fin des années 1950 dans le monde (qui lui est déjà familier) des jeunes artistes new-yorkais. A leur retour d’Europe, en 1962, Rose publie ses premiers textes critiques sur l’art dont elle observe quotidiennement la formation. Dans Art International, où elle publie chaque mois une New York Letter, puis, à partir de 1965, elle tient dans les magazines Artforum et Art in America la chronique d’une génération d’artistes – la sienne : Stella, dont les premières abstractions noires et géométriques ont choqué lors de leur présentation en 1959 au MoMA, Carl Andre (né en 1935), Robert Morris (1931-2018), Donald Judd (1928-1994), Dan Flavin (1933-1996) et bien d’autres.

En 1965, son article « ABC Art », qui érige le minimalisme en contre-modèle face au pop art, l’inscrit dans l’histoire

En octobre 1965, elle publie dans Art in America un article de fond intitulé « ABC Art ». Rose y fixe les éléments d’une analyse du minimalisme. Vu avec un œil d’aujourd’hui, le système qu’elle construit, et qui fait de Marcel Duchamp et de Kazimir Malevitch les pôles opposés de cette génération, peut surprendre, et ce sont ses références au chorégraphe Merce Cunningham, au « nouveau roman », ou au critique d’art Clement Greenberg qui paraissent plus convaincantes. Mais elle écrit dans le flux même des événements – un exercice difficile –, et l’analyse qu’elle livre, parce qu’elle érige le minimalisme en contre-modèle face au pop art, alors au plus haut de sa célébrité, l’inscrit dans l’histoire.

Autorité critique à New York

Cet article a eu deux conséquences notables : il a fait de son autrice une autorité critique à New York – ce qu’elle est restée très longtemps –, mais a aussi déstabilisé le couple qu’elle formait avec Stella. Elle a dit de lui, par la suite : « Finalement ses tableaux ont commencé à se vendre et son ego à gonfler. Il voulait que je sois la petite souris grise dans un coin, mais j’étais déjà raisonnablement reconnue pour ce que je faisais. Puis il est devenu super célèbre et c’est devenu trop compliqué. » Le couple divorce en 1969. A cette date, Rose joue en effet un rôle de tout premier plan dans son domaine. Après « ABC Art », elle publie en 1967 un livre qui devient un classique des universités américaines, American Art Since 1900: A Critical History. Le relire, c’est mesurer l’ampleur de ce « moment américain » de l’art du XXe siècle, lequel a duré trois décennies, jusqu’à la fin des années 1970.

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