Des agences de voyages en ligne accusent Ryanair de tarder à rembourser les vols annulés de leurs clients. De son côté, la low cost irlandaise explique que ces voyagistes « non-autorisés » vendent des vols sans son consentement et fournissent de fausses adresses électroniques des voyageurs, ce qui l’empêcherait de rembourser.

Après des années de batailles juridiques, différentes justices européennes ont donné raison aux voyagistes, leur autorisant de vendre des vols de Ryanair sans son consentement au nom de la libre concurrence. Par exemple, dans un jugement en mai 2019, le tribunal suisse de Lugano a estimé que Ryanair ne pouvait pas empêcher Lastminute.com d’afficher et de proposer ses vols. En novembre 2019, la cour suprême de Milan a également rendu un jugement semblable en faveur de Lastminute.com. Par ailleurs, la cour d’appel de Milan est appelée à juger si les pratiques de Ryanair conduisent à un abus de position dominante entraînant un comportement discriminatoire.

« Il s’agit d’une nouvelle décision très importante qui confirme une fois de plus que le code de conduite de Ryanair est illégal, tout en confirmant que notre service encourage une concurrence loyale sur le marché et apporte une forte valeur au client en proposant des offres uniques de voyages avec différents fournisseurs, ce que Ryanair et les compagnies aériennes traditionnelles ne peuvent offrir », a commenté Lastminute.com après le jugement de la cour suprême de Milan.

Comme les sites du groupe Lastminute (lastminute.com, volagratis.it, rumbo.es, weg.de, bravofly.com, etc.), bon nombre de voyagistes en ligne continuent donc à proposer aux internautes la possibilité de comparer et réserver des billets pour des vols sur la compagnie low-cost irlandaise. Pour ce faire, ils font appel à la pratique du “web scraping” (ou encore “web harvesting”,  récolte de données d’une page web) qui consiste à copier, via un logiciel, le contenu du site de Ryanair pour l’afficher sur leur propre site. A défaut de les en empêcher devant un tribunal, Ryanair mène la guerre contre le “Web scraping” en utilisant l’arme du remboursement.

Le message de la low cost aux clients des agences de voyages en ligne : « Bien que vous ayez correctement fourni vos coordonnées et vos données de paiement au site de Web scraping, ces informations ont pu être modifiées par le site de Web scraping qui a fourni à Ryanair de fausses informations. Cela signifie que nous ne pouvons pas vous contacter directement sur la base des informations de votre réservation », affirme Ryanair. En clair, « réservez toujours directement sur Ryanair.com » pour être remboursé directement, souligne la low cost qui propose d’obtenir un remboursement direct sans intermédiaire en remplissant sur son site un formulaire dit de « vérification client ».

Mais pour les agences de voyages, Ryanair viole une règle d’or de la distribution dans le secteur du voyage : une compagnie aérienne rembourse toujours le payeur du billet d’avion, jamais le passager en cas d’annulation de vol. Pour exemple, quand un parent règle le billet de son fils, c’est le parent qui doit être remboursé; quand un employeur règle un billet pour un salarié en déplacement professionnel, c’est l’employeur qui doit être remboursé; et dans le cas d’une agence de voyage qui réserve pour un client, c’est l’agence de voyage qui doit être remboursée. En voulant rembourser directement les clients des agences de voyages, la low cost chercherait à s’approprier cette clientèle afin de mettre fin au “web scraping”.

« Ryanair, mais aussi Transavia, Vueling, Wizzair et Tui feraient toujours obstruction au recrédit de la carte bancaire du payeur, qui est la règle légale de notre profession en cas d’annulation de vol par la compagnie, entre autres pour cause de Covid. Il appartient aux pouvoirs publics de faire cesser cette entorse aux bonnes pratiques commerciales », ajoute un représentant du distributeur de billets d’avion pas cher et low-cost, Bourse-des-vols.com.

BtoB : Ryanair en guerre contre la concurrence du "web scraping" 1 Air Journal

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