Sa musique était parfois discrète à la limite de l'imperceptible. On la compara souvent aux peintures de Mark Rothko, faux monochromes faits de cadres de lumière éparse en suspension qui aspirent l'œil jusqu'à lui faire oublier les trois dimensions, et qui marquèrent sa rétine très tôt dans sa carrière. Harold Budd, muni d'un seul piano, avait la capacité de faire fléchir le temps, d'étirer le présent jusqu'à le rendre plus beau.
Musique raréfiée en gestes et en notes
Pour ce talent, cette obsession qu'il partageait avec son ami Brian Eno, qui fut l'un des premiers à s'intéresser à lui, on a qualifié très tôt la musique de Budd d'ambient, pour en faire l'un des pionniers. Avant de l'associer, au début des années 80, à d'autres façonneurs d'espaces et d'ataraxie plus spécifiquement travaillés par la vertu curative d'une musique volontairement raréfiée en gestes et en notes, qu'on affecta d'un nom bientôt synonyme de soupe à salon de beauté, le new-age. Harold Budd, qui se considérait comme un disciple de Morton Feldman, amoureux du silence, et le continuateur d'une tradition typiquement américaine, préférait parler pour sa musique d'ultra-minimalisme.
A lire aussiFestivals musicaux : l'espoir fait revivre
Ses débuts avaient été plus traditionnellement fougueux. Né en 1936 en Californie, élevé dans un pays plat jusqu'à l'infini, le désert de Mojave, auquel il rendrait hommage dans un de ses plus be