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Niveau en maths et en sciences : la France s’enfonce

Les résultats de l’enquête Timss, qui évalue les performances en mathématiques des élèves de primaire et collège, viennent de tomber. La France est au bas du classement, en chute libre depuis les années 1990.
par Savinien de Rivet
publié le 8 décembre 2020 à 11h29

Ce n’est pas un «peut mieux faire» en bas du bulletin, plutôt un «il faut reprendre les bases d’urgence». Les résultats de la dernière enquête Timss (1), réalisée en mai 2019, viennent de tomber pour des élèves de quatrième et de CM1. Ils sont très mauvais pour la France, qui s’est largement enfoncée dans les classements depuis un quart de siècle, aussi bien vis-à-vis des autres pays que par rapport à son niveau de l’époque. Aujourd’hui, le niveau moyen en maths des élèves français de quatrième est à peu près égal à celui des cinquièmes de l’année 1995. Par rapport aux autres pays évalués, la France est la dernière d’Europe, et avant-dernière des pays de l’OCDE, juste avant le Chili. Les résultats en sciences sont également mauvais.

Dans les années 1990, la France figurait parmi les premiers pays d’Europe en termes d’évaluation des performances mathématiques des élèves. A l’inverse, les Britanniques, plutôt mal positionnés à l’époque, ont largement redressé la barre.

Cette enquête n'est pas la seule de ce type. Dans l'enquête internationale Pisa, les élèves français sont un peu moins mal situés en mathématiques, plus proches de la moyenne du classement. La différence entre les deux ? Pisa teste plutôt des maths en situation de vie réelle quand Timss se focalise sur le cadre scolaire. Reste que dans les deux cas, les scores sont en baisse depuis une vingtaine d'années. Et cette baisse est confirmée par une étude française comparant les résultats entre 2004 et 2018, l'enquête Cedre.

Dans cette étude, les garçons ont obtenu de meilleurs résultats que les filles : l’écart est de 13 points en faveur des garçons en CM1, et 9 points en classe de quatrième. L’écart s’est même légèrement creusé depuis 2015. Ceci est propre aux mathématiques. En effet, dans la quasi totalité des autres matières, les filles ont des résultats supérieurs aux garçons lors des tests. Ainsi que de meilleurs résultats au bac : elles sont plus nombreuses à le réussir et à décrocher une mention.

En cause, entre autres, la situation dégradée des enseignants

Ces mauvais résultats des élèves en France sont observables dès le primaire et concernent les deux extrémités du classement. S’il y a en France davantage d’élèves «largués» qu’ailleurs, il y a également beaucoup moins de très bons élèves : seuls 2% des élèves français ont obtenu le niveau avancé, contre 11% pour la moyenne des pays de l’OCDE – et 50% en Corée du Sud ou à Singapour. Elément aggravant, la France est l’un des pays où le nombre d’heures passées en primaire à la pratique des mathématiques est le plus élevé : 182 heures contre 156 en moyenne en Europe.

Pour expliquer cette baisse de niveau, différentes explications peuvent être avancées. Tout d'abord, selon l'enquête, les enseignants français se détachent du lot par un taux d'insatisfaction très élevé. Niveau matériel, la situation des enseignants français s'est dégradée au fil du temps ces trente dernières années. Les salaires sont parmi les moins élevés d'Europe de l'Ouest, la rémunération augmente moins vite que le salaire minimum, et la profession connaît des difficultés croissantes de recrutement. Aussi, de nombreux postes de remplaçants sont occupés par des contractuels, souvent à peine formés. Les professeurs d'école, généralistes, ont peu l'occasion de pratiquer les mathématiques durant leur cursus de formation. D'autant que la grande majorité d'entre eux avaient à l'origine suivi un cursus plutôt littéraire et se sont tenus longtemps éloignés des mathématiques.

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Pour remédier à cette situation, l’Education nationale tente de renforcer la formation continue des enseignants. Suite à un rapport rédigé notamment par le député Cédric Villani, il a été décidé de former 1 600 référents mathématiques de circonscription, chargés à leur tour d’épauler les enseignants qui en expriment le besoin.

(1) Trends in International Mathematics and Science Study.

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