La FAA devrait annoncer aujourd’hui la recertification du Boeing 737 MAX, la compagnie aérienne American Airlines devant être la première à le remettre en service avant la fin de l’année après 21 mois d’immobilisation au sol. L’impact de la pandémie de Covid-19 sur la demande de vols passagers le pousse à revoir à la hausse les besoins d’avions de fret, un secteur que le constructeur américain domine.

La rumeur courait depuis une semaine, les sources de la presse américaine l’ont confirmé : ce 18 novembre 2020 devrait voir l’Administration fédérale de l’aviation (FAA) annoncer la recertification du monocouloir remotorisé, cloué au sol depuis fin mars 2019 suite à deux accidents ayant fait 346 victimes chez Lion Air puis Ethiopian Airlines. La nouvelle certification du 737 MAX concerne en particulier la mise à jour du logiciel anti-décrochage MCAS, mis en cause dans les deux accidents.

Une fois ce feu-vert officialisé, il devrait falloir environ un mois à ses clients pour mettre à jour les appareils et former les pilotes aux changements apportés. American Airlines par exemple prévoyait déjà à la mi-octobre un retour en service avant la fin de l’année (le 29 décembre entre Miami et New York) ; hier, son directeur financier Derel Kerr expliquait à The Air Current que chaque 737 MAX pris « aura un impact positif significatif en cash pour la compagnie aérienne, nous voulons donc utiliser ces avions pour avancer ». De son côté, la low cost Southwest Airlines vise « probablement » le deuxième trimestre 2021, mais serait prêt à passer de nouvelles commandes de « white tails » afin d’accélérer leur retour en service.

Rappelons que le volet sur la formation des pilotes aux nouveaux systèmes du 737 MAX est l’objet de critiques de la part de nombreux syndicats, aux USA mais aussi en Grande Bretagne. Fin septembre, l’EASA européenne avait par la voix de son directeur Patrick Ky laissé entendre que les MAX modifiés pourraient également être certifiés en novembre, et rentrer en service avant la fin de l’année sur le Vieux Continent. La Chine en particulier n’a encore rien dit à ce sujet.

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Sur un plan plus politique, la Chambre des représentants américaine a approuvé mardi à l’unanimité une loi visant à réformer le processus de certification des aéronefs par la FAA, exigeant qu’un groupe d’experts « évalue la culture de sécurité de Boeing et recommande des améliorations ». Ce qui obligerait les avionneurs à adopter des systèmes de gestion de la sécurité et à effectuer des évaluations de la sécurité des systèmes pour les « changements de conception importants ». Un projet de loi similaire doit être examiné aujourd’hui par la commission du commerce du Sénat, mais vu l’ambiance de la transition on ne sait toujours pas si le Congrès sera en mesure d’adopter la loi d’ici la fin de l’année.

En attendant, Boeing a mis à jour ses prévisions de demande pour les avions cargo (WACF), prévoyant une croissance de plus de 60% de la flotte sur 20 ans (y compris les cargos convertis). « Grâce à un rebond du commerce mondial et à une croissance à long terme », le WACF prévoit une demande de 2430 avions cargos au cours des 20 prochaines années, dont 930 nouveaux avions et 1500 avions passagers convertis pour le transport de fret. Selon ces nouvelles prévisions, le trafic aérien mondial de fret augmentera de 4% par an au cours des 20 prochaines années. Une croissance « influencée par le commerce et la croissance des expéditions express pour soutenir l’expansion des opérations de commerce électronique », souligne le communiqué de Boeing.

« Les opérateurs de fret ont été dans une position unique en 2020 pour répondre aux exigences du marché en matière de vitesse, de fiabilité et de sécurité, de transport de fournitures médicales et d’autres marchandises pour les personnes et les communautés du monde entier », a déclaré Darren Hulst, vice-président du marketing commercial, en référence à la pandémie de Covid-19. « À l’avenir, les avions cargos dédiés seront encore plus essentiels pour être compétitifs sur les marchés du fret aérien; ils transportent plus de la moitié du trafic de fret aérien, et les compagnies aériennes qui les exploitent réalisent près de 90% des revenus de l’industrie du fret aérien », a-t-il ajouté.

En plus de projeter la demande à long terme, le WACF de Boeing est revenu sur les performances du fret aérien pendant la pandémie, notamment:

  • Le commerce électronique, qui progressait à des taux à deux chiffres avant la pandémie, a accéléré son impact sur le marché du fret aérien alors que de plus en plus d’entreprises se sont tournées vers les plateformes de vente en ligne. Depuis le début de l’année jusqu’en septembre, les transporteurs express ont augmenté le trafic de 14%.
  • Le fret en soute des avions passagers, qui représentait en 2019 environ la moitié de la capacité mondiale de fret aérien, a été considérablement réduit lorsque les compagnies aériennes ont cloué au sol des milliers d’avions. Les opérateurs de fret ont réagi en opérant au-dessus des niveaux d’utilisation normaux, et le trafic des transporteurs tout-cargo a augmenté de 6%.
  • Jusqu’à présent en 2020, environ 200 compagnies aériennes ont utilisé plus de 2000 gros porteurs passagers pour des opérations de fret uniquement, afin de générer des flux de trésorerie et de soutenir les chaînes d’approvisionnement mondiales. Ces transporteurs de passagers ont comblé une partie du déficit de capacité et, dans certains cas, généré des bénéfices trimestriels pour les transporteurs malgré des opérations passagers minimales.
Boeing : certification du MAX mercredi et avenir du cargo 1 Air Journal

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