La nuit de l’élection américaine, Jean-Michel Goudard est décédé, le 4 novembre, à l’âge de 80 ans, à Paris, des suites d’une très longue maladie. Lui, l’amoureux des Etats-unis, a consacré sa vie à la publicité et à la communication politique. Ce père de trois enfants, divorcé, a été quasiment de toutes les campagnes présidentielles de la droite française depuis les législatives de 1986 et son mythique « Vivement demain », jusqu’à « La France forte » de 2012. D’abord au côté de Jacques Chirac, puis de Nicolas Sarkozy.
Toujours dans la coulisse, d’une discrétion presque maladive, le « G » d’Euro RSCG, la grande agence de publicité fondée au début des années 1970 par Bernard Roux, Jacques Séguéla, Alain Cayzac et Jean-Michel Goudard, était une personnalité singulière. Attachante et parfois brutale. Provocateur, résolument attaché à sa liberté et d’une fidélité absolue à tous ceux à qui il accordait sa confiance (c’est-à-dire peu de monde), Jean-Michel Goudard avait un grand talent pour se faire aimer et se faire détester.
Les hommes plus que les idées
Il ne serait pas absurde d’en faire le Jacques Séguéla de la droite, même si les deux hommes, qui entretenaient des relations orageuses, n’avaient pas grand-chose en commun. Ce diplômé de HEC a toujours détesté le mot de « publicitaire », qu’il laissait volontiers à son très médiatique rival. Lui qui aimait rappeler que « génération Mitterrand » a d’abord été « génération Pepsi », est convaincu qu’en politique les hommes avaient plus d’importance que les idées. Ce gaulliste avait fait de Roger Ailes, l’ancien conseiller de Ronald Reagan et de Bush père, devenu beaucoup plus tard le premier président de Fox News, son mentor. Et son livre You Are the Message, son mantra. En 1995, Goudard emmène Jacques Chirac rencontrer Roger Ailes pour le convaincre que « le message, c’est lui ». Après l’improbable victoire, Goudard part pour les Etats-Unis diriger pendant dix ans l’agence BBDO International.
C’est à l’hiver 2006 que son ami de toujours, Nicolas Sarkozy, lui demande de rejoindre son équipe de campagne. Goudard pose une condition : « Ce sera gratuit. » Une façon pour lui de garder toute sa liberté. Il invente le slogan « Ensemble tout devient possible » et, dans la foulée de la victoire, il se laisse convaincre d’intégrer (bénévolement toujours) le cabinet de l’Elysée. Il est à la fois dedans et dehors. Mais en contact direct avec Nicolas Sarkozy.
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