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Alors que le monde était tourné vers le résultat des élections aux États-Unis, Jean-Michel Goudard a choisi, dans sa retenue légendaire, cette nuit américaine pour nous quitter. Lui qui avait vécu dix années de sa vie aux abords de Central Park et qui avait été fasciné par le gigantisme outre-Atlantique. Cette fois-ci, il n'aura pas souhaité attendre le nom du vainqueur. Dans ce monde de la communication, il était atypique. Le « G » de RSCG, comme disait la presse (Bernard Roux, Jacques Séguéla, Alain Cayzac), était surtout un métronome, un homme fin et sensible.
Il mettait ses capteurs au service de l'harmonie. Il paraissait parfois rêveur, ailleurs, dans ses pensées et, sans doute, dans sa créativité. Ce n'était pas l'homme des coups, mais celui des idées et des convictions. Son ton humoristique, parfois décalé, cachait une volonté d'être hors système. Il m'avait appris que la bonne communication était celle qui amenait à la vérité. Il était obsédé par l'idée que le concept est le message, comme l'avait théorisé l'Américain Roger Ailes. Mais, avec Jean-Michel, le tempo était aussi important que le message.
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Ne cherchons pas de concepts fumeux.
Il était proctérien mais surtout pas fils de pub. Il avait participé à trois victoires présidentielles. Nous avions conceptualisé les deux campagnes de Nicolas Sarkozy, « Ensemble, tout devient possible » et « La France forte ». Pour cette dernière, l'idée nous était venue sur les routes de Corrèze lors de l'un de ces si nombreux déplacements présidentiels. Il m'avait dit : « Nous ne sommes pas des pubards, mais des simplificateurs, des vulgarisateurs. Ne cherchons pas de concepts fumeux. Nous connaissons notre “client”. On avait trouvé une nouvelle fois le slogan de campagne dans ses discours. »
De son expérience américaine, il était imprégné par le fait qu'il fallait aller toujours droit au but. Il aimait la politique – comme le football et la tauromachie – pour ce qu'elle incarnait de grand, de fort, de puissant. Sa vie lui avait permis d'être libre : il était attaché à cette Provence, à la chaleur de la musique gitane qui sent bon la richesse et la simplicité. Les oliviers veillaient jalousement sur sa solitude. Jean-Michel, c'était la discrétion du combat permanent et l'optimisme à tous crins. Il a su mener cette vie jusqu'à sa fin, toujours dans un état d'esprit conquérant. En communication, je me permets de lui dire maintenant qu'il aura été mon mentor.
*Franck Louvrier est maire de La Baule et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy. Il avait travaillé à l'Élysée aux côtés de Jean-Michel Goudard.