La compagnie aérienne KLM Royal Dutch Airlines a annoncé la signature des accords salariaux par deux syndicats de PNC et au sol supplémentaires, et ne cite plus que les représentants des pilotes comme obstacle à l’accès à l’intégralité de l’aide publique. Alors qu’il a déjà annoncé une réduction de voilure pendant l’hiver, le groupe Air France-KLM ne s’attend pas à une réelle reprise avant juillet prochain. Mais toute idée de divorce est rejetée car ne devant profiter à personne.

Le syndicat d’hôtesses de l’air et stewards de la compagnie nationale néerlandaise FNV Cabine et celui représentant le sol FNV Luchtvaart (Grond) ont signé le 2 novembre 2020 la clause dite « d’engagement » entrainant un gel des salaires jusqu’en 2025, comme l’exige le ministère des finances en échange du déblocage total d’une aide de 3,4 milliards d’euros en prêt et garanties d’emprunts bancaires. KLM précise dans un communiqué qu’ils rejoignent les organisations CNV, De Unie, NVLT, VNC et VKP, ce qui la « rapproche » de la sécurisation de cette aide « essentielle pour assurer l’avenir de KLM et de son réseau aux Pays-Bas ».

La compagnie néerlandaise ne cite donc plus que le syndicat de pilotes VNV comme non-signataire de l’accord ; ce dernier avait refusé vendredi d’approuver un gel des salaires jusqu’en 2025, arguant qu’il avait déjà donné son accord sur le principe jusqu’en 2022. Cela avait déclenché le rejet par le gouvernement du plan de restructuration proposé par KLM, et le gel de l’aide annoncée fin juin (sur laquelle la compagnie aérienne aurait déjà prélevé 900 millions d’euros). Ce plan prévoit des accords salariaux avec toutes les différentes catégories de personnel, ainsi qu’une réduction des coûts de 15% et une diminution de moitié de ses émissions de dioxyde de carbone d’ici 2030. KLM compte réduire ses effectifs de 20% avec notamment la suppression de 4500 à 5000 emplois dès cette année. Elle planifie en outre quelque 1500 licenciements secs, sur un effectif total de 33.000 employés ; s’y ajouteraient 2000 départs volontaires et le non-renouvellement de 1500 contrats temporaires, déjà annoncés au début de la crise sanitaire.

Le PDG de KLM Pieter Elbers expliquait samedi, suite au refus des pilotes, « se rendre compte que nous avons beaucoup demandé à toutes les parties dans le but de permettre à KLM de survivre à cette pandémie de COVID-19 ; abandonner les négociations et les procédures normales et, sous la pression du temps en cette période de crise, accepter de remettre les conditions de travail pour une période plus longue que les conventions collectives de travail actuelles ». Et il prédisait que sans l’accord de tous les syndicats et donc l’obtention de l’aide, « KLM ne survivra pas à cette période difficile ».

La veille, sa maison-mère Air France-KLM avait dévoilé pour le troisième trimestre une perte nette de 1,66 milliards d’euros, sur un chiffre d’affaire ayant reculé de 68,3% par rapport à l’année dernière. Avec un résultat d’exploitation à -807 millions d’euros pour le groupe Air France, et -234 millions pour le groupe KLM. Le groupe annonçait alors une réduction de capacité pour la saison automne-hiver (jusqu’à fin mars 2021) à 35% de ce qui était prévu pour la compagnie française, et à 45% pour la néerlandaise.

Mais le directeur financier du groupe Frédéric Gagey est encore plus pessimiste, notamment en raison de la multiplication des confinements en Europe : il a déclaré aux analystes financiers qu’après avoir tablé au début de la pandémie de Covid-19 « sur une possible reprise, lente, fin 2020 » en termes de capacités et de revenus, mais que désormais « ce schéma est décalé d’au moins six mois, à partir de juillet ». Et dans un entretien accordé à Bloomberg, il a ajouté « ne pas comprendre comment on pouvait penser que ce passerait » une séparation entre Air France et KLM : malgré les tensions périodiques, « la coopération, malgré ce que vous lisez ici et là, est extrêmement profonde », a déclaré le CFO, « les deux équipes travaillent ensemble au quotidien dans d’excellentes conditions ». Frédéric Gagey reconnait cependant qu’un jour ou l’autre, « il faudra résoudre la question de la structure financière du groupe et nous y travaillons » (après l’entrée des Pays-Bas dans le capital en février 2019), « mais il s’agit in fine d’une discussion et une décision relevant des principaux actionnaires ».

Air France-KLM : les pilotes néerlandais font de la résistance 1 Air Journal

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