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La pandémie décale à 2022 l'allumage d'Ariane 6

L'Agence spatiale européenne doit évaluer mercredi les retards et surcoûts liés à la pandémie sur ses programmes spatiaux et notamment sur la nouvelle fusée Ariane 6. Le premier lancement annoncé en 2020, puis espéré en 2021, glisserait à 2022.

Le nouveau pas de tir d'Ariane 6 à Kourou est un chantier d'environ 600 millions d'euros.
Le nouveau pas de tir d'Ariane 6 à Kourou est un chantier d'environ 600 millions d'euros. (AFP)

Par Anne Bauer

Publié le 25 oct. 2020 à 11:20Mis à jour le 25 oct. 2020 à 15:39

Nouveau contretemps en vue pour le lancement de la fusée européenne Ariane 6, un programme décidé en décembre 2014 pour rester dans la course face à SpaceX. Initialement annoncée pour 2020, ArianeGroup misait encore cet été sur un premier lancement à l'automne 2021 . Mais le projet de nouveau lanceur européen, qui dépend à la fois du développement du lanceur par la filiale d'Airbus et Safran et de l'achèvement du nouveau pas de tir sur la base spatiale de Kourou mené par le CNES souffre particulièrement fort des conséquences de la crise sanitaire liée à la Covid-19, si bien qu'un tir avant 2022 devient improbable.

L'Agence spatiale européenne doit évaluer mercredi 28 octobre les retards et surcoûts liés à la pandémie sur ses programmes spatiaux et notamment sur la nouvelle fusée Ariane 6. Elle devrait alors confirmer ce report de 6 à 12 mois par rapport au dernier créneau espéré de 2021.

Pour ce programme international, l'impact de la pandémie est très compliqué à gérer. A l'inverse d'un Elon Musk, seul donneur d'ordre dans l'usine californienne de SpaceX où tout est intégré, les programmes spatiaux européens passent par la coopération de multiples acteurs. Ariane 6 est un programme, qui regroupe plus de 600 sociétés dans 13 pays européens, dont 350 Petites et Moyennes Entreprises. Or, autant le télétravail fonctionne bien en phase d'études, autant il devient compliquer à gérer lorsqu'il s'agit des phases finales d'assemblage, de validation et de réception.

Difficultés en Guyane

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En outre, à Kourou en Guyane , la gestion de l'épidémie impose des contraintes particulièrement sévères avec un confinement, un couvre-feu et des quarantaines bien plus exigeantes qu'en métropole. Résultat, le chantier du pas de tir du nouveau lanceur prend du retard et l'organisation des essais à Kourou devient très difficile.

La revue Aerospatium, qui a alerté la première sur ce report à 2022, souligne que le Cnes rencontre des problèmes techniques avec les systèmes fluides du complexe et surtout avec les bras d'avitaillement cryotechnique de l'étage supérieur du lanceur. « Bien plus sophistiqués que les bras d'Ariane 5, ces bras doivent se déconnecter après l'allumage du moteur principal et non plus avant comme sur Ariane 5, et la qualification de cette marge de dégagement s'est révélée être un véritable casse-tête pour les équipes du Cnes et de ses sous-traitants industriels : Groupe ADF, Cegelec et Air Liquide », souligne la revue.

Moteurs testés avec succès

En revanche, du côté d'ArianeGroup, l'heure est plutôt à la satisfaction, car le constructeur a dans ces difficiles conditions achever de tester, avec succès, tous les moteurs de la fusée. Ariane 6 prévoit trois types de moteurs, avec de la propulsion liquide hydrogène oxygène pour le moteur Vulcain 2.1 de l'étage principal et le moteur ré-allumable Vinci de l'étage supérieur et de la propulsion solide, avec le moteur P120C équipant les boosters. Enfin à Brême, les équipes ArianeGroup ont fini l'assemblage du tout premier étage supérieur de la fusée Ariane 6.

Toute la difficulté pour l'agence spatiale européenne sera d'évaluer la période dite de « transition », soit le moment entre la fin de vie d'Ariane 5 (8 lanceurs restent à tirer, dont l'un est réservé au lancement du James Webb Telescope) et la montée en puissance d'Ariane 6. Une transition coûteuse et qui, si Ariane 6 prend trop de retard, menace l'Europe d'être démunie de moyens de lancements lourds pendant quelque temps.

Anne Bauer

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