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L'Europe va copiloter avec la Nasa l'exploration de Mars et de la Lune

L'Agence spatiale européenne (ESA) annonce une pluie de contrats, correspondant sur la durée à 2,6 milliards d'euros d'engagements, aux industriels européens pour développer des équipements destinés aux futures missions d'exploration de la Lune et de Mars. Ce faisant, elle prend place juste derrière la Nasa dans la nouvelle conquête spatiale.

La station lunaire Gateway, à construire progressivement dès 2023, servira de laboratoire et de point d'étape pour les astronautes en route vers la Lune.
La station lunaire Gateway, à construire progressivement dès 2023, servira de laboratoire et de point d'étape pour les astronautes en route vers la Lune. (Airbus)

Par Anne Bauer

Publié le 14 oct. 2020 à 11:58Mis à jour le 14 oct. 2020 à 16:17

La vieille Europe franchit le grand vide : elle se lance dans l'exploration de l'espace profond. L'Agence spatiale européenne (ESA) a annoncé mercredi une série de contrats importants pour les industriels européens, et tourne ainsi une nouvelle page de l'exploration spatiale. « L'humanité ayant fait ses preuves près de chez elle avec la Station spatiale internationale, il est maintenant temps d'explorer au-delà, vers la Lune et Mars », résume David Parker, le directeur de l'exploration humaine et robotique à l'ESA,

Aux côtés de la Nasa, qui fait la course en tête pour aller sur Mars et reprendre les vols habités sur la Lune à l'horizon 2024, comme promis par le président Donald Trump, l'Europe se hisse au rang de premier partenaire avec des engagements de 2,6 milliards d'euros pour participer aux nouveaux grands projets de conquête spatiale - qu'il s'agisse de la construction d' une station spatiale située en orbite autour de la Lune ou de la campagne internationale menée pour aller chercher des échantillons de sol martien .

Viser mille fois plus loin que la station spatiale internationale

Cette ambition est permise par l'engagement pris par les Etats membres de l'ESA, lors de la conférence ministérielle qui s'est tenue en novembre 2019 à Séville, d'augmenter de 30 % de leurs investissements annuels pour l'exploration pour la période 2020-2022.

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« C'est un changement de paradigme complet par rapport au passé, insiste Didier Schmitt, responsable de la stratégie de ce programme à l'ESA. Depuis plus de dix ans, l'essentiel de nos moyens était consacré à la Station spatiale internationale (ISS), alors qu'elle ne représente plus que 10 % de nos financements dans l'exploration pour les trois années à venir contre 60 % de notre budget pour la Lune et 30 % pour Mars. Le saut entre les études et la réalisation se concrétise, sachant que la Lune est 1.000 fois plus loin que l'ISS et Mars encore mille fois plus loin que la Lune, à 400 millions de kilomètres de la Terre ».

Trois nouveaux astronautes européens

L'ESA consacre encore 300 millions à l'ISS pour maintenir en opération le module européen Columbus, où doit retourner l'an prochain l'astronaute français Thomas Pesquet à bord de la nouvelle capsule de SpaceX, mais bientôt, elle pourra choisir trois astronautes européens pour aller sur la Lune. Car en fournissant une part importante des équipements de la nouvelle conquête lunaire, l'Europe s'assure de la montée à bord d'astronautes de l'ESA sur les futurs lanceurs américains, notamment sur la fusée géante SLS de Boeing destinée aux vols habités et sa capsule Orion, dont le module de services est actuellement construit par Airbus. Washington évoque un premier vol habité en 2024, si bien que des astronautes européens pourraient monter à leur tour sur la Lune à partir de 2025 ou 2026.

Airbus, Thales Alenia Space, Leonardo et des centaines de PME européennes vont ainsi participer via les contrats de l'ESA au programme Artémis de la NASA, qui vise à établir une présence humaine permanente sur la Lune. Notamment pour en faire la base intermédiaire nécessaire aux futures missions vers la planète Mars.

Un siège de copilote

Et à l'inverse de la participation européenne dans le projet de la station spatiale internationale, qui est somme toute minoritaire (8 % du financement) - la station étant essentiellement le fruit d'une collaboration post-guerre froide entre la Russie et les Etats-Unis-, l'Europe prend cette fois-ci sinon le leadership, du moins un fauteuil de pilote adjoint derrière le capitaine Nasa.

Les contrats passés représentent en effet quelque 40 % du projet initial de « Lunar Gateway », une mini-station spatiale qui évoluera en orbite autour de la Lune pour servir de refuge aux astronautes qui iront « travailler » sur la Lune dans le cadre du programme Artemis. « L'ESA s'était marié au programme lunaire de la Nasa en finançant la construction des modules de service du véhicule spatial Orion, mais avec nos nouveaux contrats, on partage carrément l'appartement », résume Didier Schmitt.

Une ambition partagée

De même pour l'exploration martienne, si le rover Perseverance de la Nasa est bien parti l'été dernier à la recherche de traces de vie sur Mars, l'ESA se charge du rover qui ira collecter les échantillons martiens stockés à la surface de la planète et de la sonde qui aura la lourde tâche d'aller les chercher en orbite martienne et de les ramener sur Terre.

Sans l'effort financier consenti à Séville, jamais l'Europe n'aurait pu avoir autant d'ambitions, insiste l'agence en soulignant que 20 pays sur ses 22 membres, dont des « petits » comme la Bulgarie ou l'Estonie, ont mis de l'argent pour participer à cette conquête de l'espace profond, leur idée étant bien entendu pour en percevoir des retombées économiques et technologiques. Dans le lot des contrats attribués aujourd'hui, l'Allemagne, la France et l'Italie sont les premiers maîtres d'oeuvre des projets.

Anne Bauer

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