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Le Rafale reprend espoir à l'export après les points marqués en Inde

L'intégration des premiers avions de chasse de Dassault dans l'armée de l'air indienne a fait l'objet d'une cérémonie relayée par tous les médias indiens dans un contexte de tension aux frontières avec la Chine. Le groupe français garde espoir de vendre davantage d'avions en Asie.

En Inde, le temps des polémiques contre ce contrat intergouvernemental estimé à 7,8 milliards d'euros noué en 2016 pour l'acquisition de 36 Rafale semble en tout cas dépassé.
En Inde, le temps des polémiques contre ce contrat intergouvernemental estimé à 7,8 milliards d'euros noué en 2016 pour l'acquisition de 36 Rafale semble en tout cas dépassé. (Manish Swarup/AP/SIPA)

Par Anne Bauer

Publié le 12 sept. 2020 à 09:15Mis à jour le 13 sept. 2020 à 16:36

« C'est un joli tour de force : en pleine crise du Covid, nous avons livré le premier lot de cinq avions Rafale à l'Inde à l'heure, sans aucun retard, ce qui témoigne de notre engagement », se réjouit Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, lors de la cérémonie qui s'est tenue jeudi sur la base aérienne d'Ambala, au nord de l'Inde, pour fêter l'intégration des premiers avions Rafale dans l'armée de l'air du pays et plus particulièrement dans sa 17e escadre - la prestigieuse « Flèches d'or ».

Une cérémonie avec offices religieux, démonstrations aériennes, qui s'est achevée par une conférence de presse commune des ministres de la Défense indien, Shri Rajnath Singh, et française, Florence Parly, largement relayée par les chaînes de télévision indienne dans un contexte de tensions aux frontières, avec la Chine notamment. « L'arrivée des Rafale est un changement essentiel compte tenu de la situation de nos frontières », a clamé le ministre indien.

Un « game changer »

Sur place, le temps des polémiques contre ce contrat intergouvernemental estimé à 7,8 milliards d'euros noué en 2016 pour l'acquisition de 36 Rafale semble en tout cas dépassé. Paris cède à l'Inde des avions équipés des mêmes missiles - des Mica, Meteor et Scalp mais pas d'armes nucléaires -, que les siens. Ce qui va donner aux troupes indiennes une allonge tout à fait nouvelle, quand bien même Pékin et New Dehli ont convenu de tout faire pour garder la paix le long de leur frontière dans l'Himalaya.

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Dassault s'est engagé à livrer les 36 appareils d'ici à 2022. Le groupe est toujours candidat pour un nouveau contrat, notamment pour fournir un nouveau lot de 36 appareils, mais rien n'est sûr : l'Inde, qui fabrique l'avion de chasse Tejas, vient d'annuler les procédures pour une nouvelle commande de 110 avions en vue de dynamiser sa production nationale.

Un carnet de commandes insuffisant

A Mérignac, en Gironde, sur les chaînes de production du Rafale, les exportations à l'Inde vont donner de la charge de travail jusqu'en 2021. Avec les exportations en Egypte, au Qatar et à New Dehli, Dassault a pu augmenter ses cadences de production tout en suspendant pendant trois ans, de 2019 à 2021, ses livraisons à la France. Soit autant d'économies pour le budget de la défense français, qui a ainsi pu dégager des marges pour d'autres programmes d'armement.

Les livraisons pour l'armée de l'air française devraient reprendre en 2022, à raison de 28 appareils à livrer entre 2022 et 2024 pour porter la flotte française de 152 Rafale à 180, comme l'a prévu la loi de programmation militaire.

Mais déjà, Dassault s'inquiète de l'après 2024. « Sans nouvelle commande extérieure, on aura plié notre carnet de commandes et on n'aura plus rien à produire », explique-t-on chez le constructeur, qui plaide auprès du gouvernement pour anticiper la commande d'une cinquième tranche de 30 appareils, afin de les livrer à partir de 2025 et non de 2027 comme actuellement programmé.

Consciente de la nécessaire continuité de la chaîne de production des avions de chasse, Florence Parly estime néanmoins que le constructeur aéronautique n'a jamais eu autant d'opportunités de trouver de nouveaux clients à l'exportation, et donc qu'il n'y a pas lieu d'anticiper de nouvelles commandes françaises.

La Grèce et la Croatie intéressées par le Rafale

Outre l'espoir d'une nouvelle tranche indienne, le groupe participe à des compétitions en Suisse et en Finlande qui vont se décider l'an prochain. Le 27 septembre, les Suisses sont appelés à voter sur la nécessité ou non de remplacer ses F5 et F18 vieillissants. Selon les sondages, la majorité pencherait par l'affirmative. Le cas échéant, les offres finales des constructeurs doivent être rendues à la fin de l'année.

Dans l'Hexagone, l'Armée de l'air est en contact avec la Croatie pour lui céder une douzaine de Rafale de première génération, ce qui dégagerait des marges pour une accélération de son carnet de commandes. Enfin, cet été, la Grèce a interrogé la France sur l'acquisition de Rafale d'occasion et neuf. La presse grecque évoque l'achat de 8 chasseurs d'occasion et d'une dizaine d'appareils neufs. Pour l'heure, Athènes, qui détient une petite cinquantaine de Mirage (la moitié modernisée au standard 2000-5 Mk 2), est le seul client européen de Dassault. Au ministère de la Défense, on se contente de confirmer des négociations sans plus de détail. Du côté de l'Armée de l'Air, on rêve de pouvoir élargir la base européenne du Rafale avec des cessions en Croatie et en Grèce, ce qui pourrait lui permettre de recevoir des Rafale de dernière génération plus vite que prévu…

Face aux menaces turques sur ses zones d'exclusivité économiques maritimes , la Grèce, qui compte sur les milliards d'euros promis par le plan de relance européen, est pressée de se réarmer. Alors qu'elle était en négociation avec la France pour l'acquisition de deux frégates de dernière génération à Naval Group, la Grèce, soumise à la pression américaine, a changé de stratégie et réclamée des chasseurs. Les Etats-Unis, toujours en soutien de leur allié turc malgré ses incartades, tentent de bloquer les projets d'acquisition d'Athènes.

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Anne Bauer

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