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Disparition

Mort de Pierre Sidos, doyen de l’extrême droite pétainiste

Pierre Sidos, fondateur du mouvement Jeune Nation puis de l’Œuvre française, est mort vendredi à Bayeux. Collabo, antisémite convaincu et négationniste, l’homme n’en a pas moins reçu l’hommage de toute une frange de l’extrême droite radicale.
par Pierre Plottu et Maxime Macé
publié le 6 septembre 2020 à 9h39

Pierre Sidos, fils d’un haut responsable de la Milice et figure majeure de l’extrême droite d’après-guerre, est mort vendredi à l’âge de 93 ans. De Jean-Marie Le Pen aux royalistes de l’Action française, en passant par Thomas Joly, président de l’ultranationaliste Parti de la France ou encore le néonazi Daniel Conversano, c’est toute l’extrême droite la plus dure qui salue ce samedi la disparition d’un homme qui a marqué la mouvance de son empreinte en fondant Jeune Nation, Occident puis l’Œuvre française, et qui a été emprisonné pour son soutien à l’OAS.

Vieilles lunes d’extrême droite

Pétainiste et surtout néofasciste convaincu, Sidos a été le grand artisan de la structuration de la mouvance marquée par la collaboration et a perpétué l'antisémitisme français. Des caches d'armes de Jeune Nation, dans les années 50, au soutien aux terroristes de l'OAS (il a notamment participé à la préparation de l'attentat du Petit-Clamart contre De Gaulle, en 1962), l'homme a longtemps participé à faire vivre les vieilles lunes révolutionnaires de cette extrême droite qui honnit la République. Son rêve : une prise de pouvoir par les armes, lui qui a démarré sa vie de militant – qu'il vit littéralement comme un combat – dès 1943, à 16 ans, en rejoignant les cadets du francisme de Bucard.

Le combat et les armes (ainsi que l’antisémitisme), toujours, lorsqu’il crée le mouvement qui aurait presque pu lui survivre : l’Œuvre française, connue pour la violence de ses membres et les entraînements armés en forêt. Un groupe fondé le 6 février 1968, forcément, en mémoire de cette nuit de l’hiver 1934 où les ligues d’extrême droite ont marché sur la chambre des députés avant d’être repoussées. Une référence qui résume bien le parcours de Sidos.

Mouvance «sidossienne»

«De défaite en défaite jusqu'à la victoire» aiment à dire notamment ses partisans. Passé par la case prison, fondateur de groupes dissous (Jeune Nation, Œuvre française) ou dont il sera évincé par ses propres militants (Occident), Sidos, lui, n'aura connu que la déroute.

Même lorsqu'il finit par s'ouvrir au Front national de Jean-Marie Le Pen, allant jusqu'à envoyer ses troupes à l'assaut du parti. Ce sont notamment Yvan Benedetti, son héritier, et son lieutenant Alexandre Gabriac (désormais chez les nationaux-catholiques de Civitas) qui sont élus sous étiquette FN dans la région lyonnaise avant d'être exclus, le premier pour avoir dit être «antisémite», le second pour des photos où il fait un salut nazi devant un drapeau à croix gammée.

Pierre Sidos a tant marqué ce courant à la croisée du pétainisme, du néofascisme et du néonazisme que la mouvance pourrait être qualifiée de «sidossienne», s'il ne s'était contenté en réalité de perpétuer une idée. Car si c'est lui qui a notamment fait adopter la croix celtique aux nostalgiques des années 30, Sidos n'était pas l'intellectuel que fut par exemple Dominique Venner, «martyr» de la cause (il s'est suicidé devant l'autel de Notre-Dame de Paris en 2013) et instigateur de la Nouvelle droite. Il n'empêche que si ce courant persiste encore en France avec le groupuscule Les Nationalistes, resucée du Parti nationaliste français réactivé suite à la dissolution de l'Œuvre, c'était le fait de Pierre Sidos. «Son honneur s'est appelé fidélité», lui a ainsi rendu hommage ce samedi son héritier, Yvan Benedetti, leader des Nationalistes, reprenant pour son maître la devise de la SS.

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