
La communauté internationale de la philosophie économique vient de perdre une figure marquante : Philippe Mongin, directeur de recherche au CNRS et professeur à HEC, s’est éteint le 5 août au terme d’une longue maladie. Fils d’un professeur de médecine, élève de l’ENS, il s’oriente d’abord vers la philosophie et, après l’agrégation, soutient en 1978 une thèse de 3e cycle dirigée par Raymond Aron sur les manuscrits préparatoires du Capital de Marx, dits « Grundrisse ». Il se tourne ensuite vers l’économie mathématique à la suite d’un séjour à l’université de Cambridge. Il ne renoncera cependant jamais à la philosophie. Au contraire, il doit pour une large part l’originalité de son inspiration, et son renom mondial, à sa capacité de conjuguer les deux disciplines.
D’une étendue exceptionnelle, son œuvre inclut à la fois des avancées techniques considérables et des perspectives nouvelles sur la discipline économique et son objet. Le cœur de ses recherches se situe dans la théorie de la décision individuelle et collective en présence d’incertitude. Il montra en particulier comment les différences dans les croyances probabilistes individuelles peuvent rendre impossible une prise de décision rationnelle au niveau collectif : il y a des « unanimités fallacieuses » dans lesquelles les individus préfèrent la même option… pour des raisons opposées.
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