Le chiffre est à la fois bon et décevant. Bon, parce qu’il est meilleur que les attentes : les Etats-Unis ont créé en juillet 1,8 million d’emplois tandis que le chômage a reculé de 0,9 point à 10,2 %. Décevant, parce que le redécollage de l’économie américaine patine : les créations d’emplois de juillet sont inférieures à celles de mai (2,7 millions) et surtout de juin (4,8 millions), en raison de la résurgence de l’épidémie de Covid-19.
Le pays a détruit 12,9 millions d’emplois depuis le mois de février, celui-ci s’établissant à 143,5 millions. Au total, 55,1 % de la population a un emploi contre 61,1 % en février. Ces chiffres reflètent une économie qui peine à redécoller, alors que la réouverture à marche forcée de l’économie, à partir de mai, s’est souvent révélée prématurée.
Certains Etats ont dû réinstaurer des mesures partielles de confinement tandis que d’autres font preuve de prudence accrue, tel New York, qui a maîtrisé l’épidémie, mais a renoncé sine die à la réouverture des salles intérieures des restaurants. L’épidémie fait rage dans tout le sud du pays, qu’il s’agisse des Etats républicains accusés de laxisme ou de la Californie démocrate qui avait bien géré la situation au début. Au total, les Etats-Unis ont déploré 160 000 morts du Covid-19 et ce chiffre pourrait atteindre 300 000 d’ici à la fin de l’année.
Une crise sociale encore plus grave
Dans ce contexte, la crise sanitaire et économique devrait se doubler d’une crise sociale encore plus grave, alors qu’est arrivée fin juillet à échéance l’allocation-chômage forfaitaire de 2 400 dollars (environ 2 000 euros) que verse l’Etat fédéral en sus des allocations des Etats fédérés. Lors de son lancement, les ratés des serveurs informatiques ont été critiqués. En réalité, ce dispositif est devenu vital, mais démocrates et républicains ne sont pas parvenus à s’entendre pour un nouveau plan de relance.
Dans sa chronique du New York Times, le Prix Nobel d’économie Paul Krugman met en garde sur la « très grande récession » qui s’annonce, avec un recul supplémentaire du PIB de 4 % à 5 % si les Américains, privés de ces allocations, cessent de consommer et par un effet multiplicateur aggravent la crise comme le firent, selon lui, les mesures d’austérité budgétaire après la crise financière de 2008.
Les démocrates ont bien voté mi-mai un nouveau plan de relance de 3 100 milliards de dollars (15 % du PIB environ) mais les républicains ne veulent pas plus de 1 000 milliards de dollars. Parmi les pommes de discorde, notamment, la fameuse allocation-chômage. Les républicains estiment qu’elle est une incitation à ne pas travailler, puisqu’elle est très supérieure aux salaires que pouvaient toucher de nombreux chômeurs avant crise, et proposent 200 dollars, avec vérification que nul ne touche plus qu’avant crise.
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