L'industriel Jean Gandois est décédé à l'âge de 90 ans
- Publié le 07-08-2020 à 19h46
- Mis à jour le 07-08-2020 à 19h58

Jean Gandois, directeur de Cockerill de janvier 1987 à avril 1999, est décédé à l'âge de 90 ans vendredi après-midi en Sologne, où il habitant. Jean Gandois est né le 7 mai 1930 à Nieul, dans la Haute Vienne (France). C'est en 1954 qu'il entame sa carrière professionnelle, dans le secteur des travaux publics, par une série de missions en Guinée, au Brésil et au Pérou. En 1961, il fait connaissance avec la sidérurgie, en Lorraine, lorsqu'il entre au service du groupe Wendel, au sein duquel il deviendra directeur général de Scilor puis PDG de Sollac.
En 1976, il prend la présidence du groupe Rhône-Poulenc, dont il démissionnera en 1982, après l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République, en raison de son opposition farouche à la nationalisation du groupe.
Jean Gandois fonde alors un bureau de consultant international, à qui le gouvernement luxembourgeois confie bientôt une mission d'étude pour la restructuration du secteur sidérurgique.
Le gouvernement belge en fera bientôt autant, et c'est sur base du "rapport Gandois" qui en découla que fut réorganisé le groupe Cockerill-Sambre, qui connaîtra dans les années suivantes un redressement spectaculaire. Le conseiller se mue pour cela en gestionnaire, puisque de mars 1984 à fin 1985, Jean Gandois accepte les fonctions de "Délégué général du gouvernement belge pour Cockerill-Sambre".
Retour ensuite sur la scène française, où il occupe de juillet 1986 à juillet 1994 les fonctions de PDG du groupe Péchiney, tout en restant président du conseil d'administration de Cockerill-Sambre, administrateur de la Société Générale de Belgique et des Forges de Clabecq.
En 2003, lorsqu'Arcelor avait annoncé vouloir abandonner la phase à chaud à Liège, Jean Gandois avait encore été sollicité comme expert par le gouvernement wallon.
Il a aussi été administrateur de plusieurs sociétés en France dont BSN, Compagnie Financière de Paris, Lyonnaise des Eaux, Vallourec, Cie Française Philips, Hewlett Packard France. Il est également membre du Conseil de Surveillance de Peugeot S.A., Censeur d'Eurafrance et administrateur de l'Institut Curie.
A l'étranger, Jean Gandois était administrateur d'American National Can (Etats-Unis), Howmet Corporation (Etats-Unis), Pechiney Corporation (Etats-Unis), Europa Metalli SpA (Italie) et membre du Conseil de surveillance d'AKZO (Pays-Bas).
Elu président du Conseil National du Patronat Français le 13 décembre 1995, il a aussitôt rompu avec certaines des traditions les plus ancrées chez ses prédécesseurs. Adversaire résolu de la "langue de bois", on l'entendit par exemple préconiser la suppression de la plupart des aides à l'emploi, qu'il juge inefficaces, et dénoncer les entreprises qui se comportent en "chasseurs de primes".
Sa forte personnalité est cependant loin d'avoir fait l'unanimité. D'ailleurs, disait-il dans un entretien avec "Le Monde" en 1995, "je ne suis pas un homme de consensus. Dans un patronat très divers, cela conduirait à ne dire que des banalités. Sur les options essentielles, qui sont aussi celles de ma vie, il n'est pas de transaction possible".
Chef d'entreprise qui, au cours de sa carrière, a supprimé plus de cent mille emplois - "pour en sauver trois cent mille", dit-il - Jean Gandois est aussi persuadé que l'entreprise doit être "citoyenne" et attentive à son environnement humain.
Jean Gandois est Grand Croix de l'Ordre de la Couronne (Belgique), Grand Officier de la Couronne de Chêne (Grand-Duché de Luxembourg) et Commandeur de la Légion d'Honneur (France).